HER de Spike Jonze

L’histoire :

Dans un futur pas si lointain, déprimé par une rupture sentimentale, Théodore (Joaquin Phoenix) fait l’acquisition d’un nouveau type de système informatique évolutif nommé Samantha (Scarlett Johansson).
D’abord troublé puis subjugué par cette partenaire inattendue qui lui redonne le goût de vivre, Théodore tombe amoureux de Samantha…

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Bluesy mais beau.

Surprendre dans le classicisme. Depuis DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH, Spike Jonze sait nous étonner par des films et des histoires sortant des sentiers battus. Mais s’attaquer à l’un des genres les plus exploités au cinéma – le film romantique – tout en parvenant à nous surprendre n’était pas gagné d’avance. La trame classique, l’évocation d’une histoire d’amour, reste identique à tant d’autre, que ce soit LOVE STORY ou LOST IN TRANSLATION. Jonze dépoussière pourtant cette base tout en la situant dans un monde futuriste très familier. Pas de voitures volantes ni de bases lunaires mais des êtres humains évoluant dans un univers aseptisé, où la violence et la pauvreté semblent occultés, mais où l’ordinateur a pris une place essentiel dans le quotidien. Ici, on se déplace en parlant à son téléphone. On n’écrit plus à ses proches, une entreprise spécialisée peut s’en charger (le métier de Théodore, sorte d’écrivain public des sentiments). Et les soirs de grande solitude, l’orgasme s’achète d’un simple coup de fil. Cet univers vous rappelle quelquechose ? Bien sûr puisque c’est déjà le nôtre !

L’étonnement vient bien sûr de cette surprenante relation entre un homme et son OS. Mais pas dans le sens où on pourrait l’entendre. La surprise de cette bouleversante histoire est que l’on y adhère sans se poser trop de questions. Dans ce monde où la technologie de pointe n’a visiblement pas amélioré les rapports humains, quoi de plus simple et pur qu’un amour entre un être perdu et un ordinateur ? Spike Jonze ne tombe jamais dans le scabreux et n’oublie jamais l’intimité de ces deux personnages principaux. Sublimé par une photographie magnifique, venant réchauffer ce monde iPodisé par des tons chaleureux aux dominates oranges, son histoire d’amour impossible vous cueille et vous envahit longtemps après le générique de fin.

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HER ne serait rien sans son couple d’acteurs principaux. Désarmant de douceur et de sensibilité, Joaquin Phoenix réussit le tour de force de ne jamais tomber dans le ridicule ni la surenchère. Rarement le désespoir amoureux et la perte de repères sentimentaux n’ont autant été magnifié à l’écran. Un bémol, insignifiant certes, mais que je n’arrive pas à m’expliquer : cette moustache comme un ultime signe de virilité, accesoire un peu dérisoire et qui n’apporte pas grand chose au personnage… Belle performance également que celle de Scarlett Johansson. Loin des poses provocantes du personnage de Black Widow puisque n’apparaissant jamais à l’image, l’icône sexy du net nous prouve son talent d’actrice par son phrasé éraillée et envoutant. La voix comme ultime objet de séduction…

À mes yeux, cette pépite n’est cependant pas sans défaut. Une certaine langueur (voire une lenteur certaine), fichant un méchant coup de blues lorsque l’écran s’éteint, vous sortant de  votre rêverie mais pas de votre mélancolie. Constat amer d’une société déshumanisée où l’amour et les sentiments sont un bien précieux et fragile… HER est un beau film triste, doux et douloureux comme le souvenir d’un amour perdu.

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HER (2013) de Spike Jonze.
Avec Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Olivia Wilde, Amy Adams, Rooney Mara…
Scénario : Spike Jonze. Musique : Arcade Fire.

Crédits Photos : © Warner Bros

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