L’histoire :
Au début des années 60, Walt Disney (Tom Hanks) veut adapter à l’écran le best seller pour enfants MARY POPPINS. Mais depuis 20 ans, l’auteur du roman, Pamela Lyndon Travers (Emma Thompson) refuse de lui céder les droits. Venue à Hollywood pour rencontrer le père de Mickey, la romancière se remémore de douloureux souvenirs d’enfance…
La part d’ombre de Mary Poppins.
Les succès ne sont pas innés et leurs enfantements se font souvent dans la douleur. La comédie musicale de 1964 MARY POPPINS ne déroge pas à cette règle pratiquement incontournable.
Pour être franc, rien ne me poussait vraiment à voir DANS L’OMBRE DE MARY. Si ce n’est son duo d’acteurs vedettes. Fan de Tom Hanks depuis SPLASH (Ouch ! 30 ans dans les dents !!) et d’Emma Thompson depuis les films qu’elle partagea avec son ex compagnon Kenneth Brannagh, j’étais intrigué de voir comment ces deux valeurs sûres fonctionneraient en binôme. Ajoutez à cela mon attrait pour les making-of (si possible sans langue de bois) et voilà ma curiosité aguisée par cette incursion dans les coulisses de cette musicale et classique production Disney.
L’avantage premier du film de John Lee Hancock (réalisateur, entre autres, d’une récente version d’ALAMO en 2003) est de mettre en lumière les aspects méconnues d’un film que tout le monde pense connaître par cœur. Pour ma part, j’ai toujours associé MARY POPPINS à une œuvre rose et sucrée, aux fêtes de fin d’année où l’on se retrouve en famille autour d’un bol de chocolat chaud. Sa génèse fut pourtant des plus délicates. Et les origines du roman de Pamela Travers sont empreintes de douleur et de mélancolie. Celles d’une enfance australienne marquée à jamais par un père aimant mais rongé par l’alcool, le mal de vivre et la maladie. DANS L’OMBRE DE MARY n’est pas vraiment l’histoire cahotique d’un tournage : c’est vers la romancière, et son passé, que l’essentiel du film se porte.
Tour à tour détestable et touchante, Emma Thompson reste l’atout majeur de ce biopic. Face à un Tom Hanks en vitesse de croisière, son grand talent est de rendre humain un personnage désagréable et autoritaire, maniaque et hautain. Autour d’elle, un casting impeccable avec entre autres Paul Giamatti (12 Years A Slave, Sideways) ou Ruth Wilson (Anna Karenine). Et des mentions spéciales à Colin Farrell, surprenant dans le rôle délicat et poignant du père de Pamela Travers, et la toute jeune Annie Buckley, incarnant la romancière encore enfant. Leurs scènes communes, simples et touchantes, font partie des plus réussies du film.
Joliement photographié et reconstitué (l’Australie proche du far-west des années 1900 et l’époque Mad Men des années 60 à Hollywood), DANS L’OMBRE DE MARY pêche cependant par son classicisme, l’identifiant parfois à un téléfilm de prestige. On sent également la nécessité de « rester dans les clous » quant à l’évocation de Walt Disney. N’attendez pas de révélations scandaleuses et politiquement incorrectes sur le pape des parcs à thèmes. L’homme apparaît ici débonnaire et patient vis-à-vis de ses collaborateurs et de Pamela Travers. On peut se demander alors ce qu’aurait donné une telle histoire produite par un autre studio que Disney… Les passages d’une époque à une autre, sans être brutaux, peuvent parfois gêner la linéarité du récit. Et certains personnages, remplis de bons sentiments – comme le chauffeur de Pamela Travers joué par Paul Giamatti – semblent à la limite de la caricature. Ils sont heureusement interprétés avec talent. Ajoutez à cela des références qui ne vous feront plus voir MARY POPPINS de la même façon et vous obtiendrez, à défaut de chef d’œuvre, un bon film attachant et sensible.
À la condition de déposer tout cynisme au vestiaire, sans ignorer pour autant son esprit critique, on appréciera DANS L’OMBRE DE MARY comme une belle histoire, nostalgique et émouvante. Comme un récit universel sur l’enfance et ses secrets enfouis. Ceux qui nous rendent à la fois plus forts et plus fragiles.
DANS L’OMBRE DE MARY (2013) de John Lee Hancock.
Avec Emma Thompson, Tom Hanks, Colin Farrell, Paul Giamatti, Jason Schwartzman…
Scénario : Sue Smith et Kelly Marcel. Musique : Thomas Newman.
Crédits photos : © Walt Disney Pictures
Bonsoir The Movie Freak !
Je ne l’ai pas vu celui-là, j’attends la sortie en DVD. Ton avis confirme ce que j’en pensais : divertissant mais pas fracassant non plus.
J’ai lu un article (que je n’arrive plus à retrouver 😦 ) où l’auteur expliquait que le film s’arrangeait pas mal avec la réalité, Walt Disney n’étant pas si angélique que cela.
Merci pour cette belle chronique !
J’aimeJ’aime
Bonsoir Potz Ina ! Il me semble vous avoir déjà rencontré quelque part 🙂
Oui, c’est vrai que le film n’est pas un chef d’œuvre mais il m’a agréablement surpris… dans le sens où je n’en attendait rien ! Classique, certes mais bien meilleur que pas mal de sorties récentes. À voir donc… Et sinon, meri pour le compliment 😉
J’aimeJ’aime
Quant à Walt Disney, j’ai moi aussi entendu dire qu’il n’était pas le tonton angélique qu’il semblait être. Les récentes polémiques concernant ses affinités avec une droite très droite n’arrange rien… Difficile d’avoir le regard critique sur le personnage pour le studio qui porte son nom mais c’est dommage… Reste que’il s’agit plus de revenir sur la romancière que sur le magnat producteur. En ce sens, le film est intéressant et peut (en ce qui me concerne) faitre découvrir certaines choses…
J’aimeJ’aime