UNE PROMESSE de Patrice Leconte

L’histoire :

En 1912, en Allemagne, Friederich Zeitz (Richard Madden), un jeune homme d’origine modeste, entre au service du sidérurgiste Karl Hoffmeister (Alan Rickman). Ambitieux et dévoué, Friederich gravit rapidement les échelons et devient le secrétaire particulier du riche industriel. Il fait alors la connaissance de la jeune épouse de Hoffmeister, Charlotte (Rebecca Hall), dont il s’éprend passionnément. Mais la petite et la grande histoire vont en décider autrement…

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Amour et conventions.

Une des qualités premières chez Patrice Leconte, c’est de ne jamais débarquer là où on l’attend. Certes, après l’énorme succès du premier film, il revint par 2 fois aux BRONZÉS et fut un temps le complice de Michel Blanc pour des comédies sans prétention, au début des années 80. Mais la beauté mélancolique de TANDEM, le charme noire de MONSIEUR HIRE puis la finesse de RIDICULE nous prouvèrent ses talents variés. Ce régulier besoin de prendre la tangente plutôt de de poursuivre dans une direction balisée, souvent mal interprété, hélas, dans notre culture trop rigide où l’on se doit de ne pas multiplier les étiquettes. Après un film d’animation (LE MAGASIN DES SUICIDES), Leconte s’attelle cette fois à une nouvelle de Stefan Sweig et nous entraîne dans le classicisme d’une histoire d’amour impossible, à l’aube de la 1ère Guerre Mondiale.

Pas de reconstitution historique flamboyante mais un parti-pris intimiste et sobre (un peu trop sobre), au plus près des acteurs et de la confusion des sentiments qui habite leurs personnages : dans notre monde trop pressé où l’amour s’exprime à coups de réseaux sociaux et de textos, quoi de plus exotique qu’une histoire d’amour où les regards, le frôlement des corps et les lettres passionnées sont plus enivrants que le plus enivrant des alcool ? Rapidement conquis par l’élégante direction photographique d’Eduardo Serra (complice depuis longtemps de Patrice Leconte mais ayant aussi travaillé pour Claude Chabrol et sur les 2 derniers Harry Potter) et par le romantisme surrané du récit, je me suis laissé emporté par cette PROMESSE vibrante d’émotion. Si le cœur a effectivement ses raisons, les stupides conventions de l’époque empêchent pourtant Friederich et Charlotte de profiter de l’instant présent. Charme et absurdité d’un temps où la morale et les convenances freinaient des élans romantiques sincères : la PROMESSE du titre est celle que le personnage de Charlotte fait à son jeune amoureux, de s’offrir à une date précise, censée la rendre libre de ses obligations conjugales. De quoi me faire enrager devant tant de principes ! Autre temps, autres mœurs…

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Classique dans sa forme, Leconte évite pourtant les pièges d’un trop grand didactisme dans sa réalisation, privilégiant les plans serrés sur les visages et présentant rapidement le décor et les protagonistes du film sans s’encombrer de détails inutiles. On peut toutefois lui reprocher ces agaçants et inutiles tressautements de la caméra, tic moderne n’apportant rien à son récit. Côté casting, si Richard Madden (Game Of Thrones) semble bien fade face au toujours juste et délectable Alan Rickman, dans un rôle plus important et tragique qu’il n’y paraît, c’est surtout Rebecca Hall (Vicky Cristina Barcelona, The Town, Lady Vegas…) qui tire son épingle du jeu par la grâce et la fièvre contenue de son interprétation. Lumineuse dans le rôle d’une femme à la fois moderne, passionnée de musique et de peinture, mais engoncée dans une éducation et une vertue de bon ton, sa grande justesse d’interprétation est la clé de voute du film.

Élégance du récit, beauté de la bande originale (avec le plaisir de retrouver le talentueux Gabriel Yared) et de la photo, UNE PROMESSE se brise pourtant sur une conclusion, abrupte et insatisafaisante à mes yeux. Belle histoire sur la fragilité de la vie et des sentiments amoureux, la fin du film, comme dégagée d’un simple coup de torchon, m’a cruellement laissé sur ma fin. Tout ça pour ça ? À croire qu’il n’y avait plus assez de pellicule dans la caméra… Difficile de vous en dire plus sans trop en dévoiler sur le sujet, je vous laisse juge. Et bien que le principe de la fin ouverte n’est pas pour me déplaire, je me suis senti frustré par ce choix délibéré du réalisateur.

Récit romanesque d’un amour malmené par les convenances d’une époque révolue, UNE PROMESSE reste une œuvre raffinée, gâchée par trop de sobriété et une fin un peu trop vite expédiée.

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UNE PROMESSE (2013) de Patrice Leconte.
Avec Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden, Maggie Steed…
Scénario : Jérôme Tonnerre et Patrice Leconte. Musique : Gabriel Yared.

Crédits Photos : © Fidélité Films et Mars Distribution.

 

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    J’aime bien Patrice Leconte, mon préféré reste Le Mari de la Coiffeuse. Celui-ci ne me tente pas trop, je ne sais pas pourquoi mais le pitch et la bande-annonce n’ont pas réussi à éveiller mon intérêt.
    Vu que tu es globalement enthousiaste, j’irai peut-être le voir si mon ciné de quartier en obtient une copie (c’est moins cher là ! 😉 )
    Bon week-end de Pâques TMF ! 😀

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    1. Oui Potzi, le film m’a globalement plu mais pas vraiment satisfait. Belle histoire, bons acteurs mais une fin ratée, à mon humble avis. Cela reste une agréable alternative si tu cherhces autre chose qu’un film d’action ou un thriller noire pour ta prochaine sortie ciné…

      Sinon, j’aime beaucoup LE MARI DE LA COIFFEUSE, moi aussi. Et LA FILLE SUR LE PONT m’avait bien plu également… Et en revoyant MA FEMME S’APPELLE REVIENT, j’ai été agréablement surpris par la tendresse du film derrière un casting (et un titre) qui prête plus à une grosse comédie franchouillarde qu’à une chronique douce-amère sur la rupture et le sentiment amoureux.

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