Revoir BRAINSTORM

L’histoire :

Dans les années 80, un groupe de scientifiques, comprenant les Docteurs Michael Brace (Christopher Walken) et Lilian Reynolds (Louise Fletcher), mettent au point un système capable d’enregistrer les 5 sens humains, et donc de les reproduire comme une simple bande audio ou video. Mais leurs expériences sont sur le point d’être récupérées à des fins militaires. Aidé de son ex-femme Karen (Natalie Wood), Michael décide de saboter le projet de l’armée, le projet « Brainstorm »…

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L’ultime expérience.

Revoir BRAINSTORM, c’est rendre justice à un beau moment de science-fiction cinématographique. Véritable film culte dans le sens premier du terme – soit une œuvre n’ayant pas obtenu de succès commercial lors de sa sortie mais dont le bouche-à-oreille et la diffusion en vidéo ont permis la redécouverte – le second (et dernier) film de Douglas Trumbull faillit pourtant ne jamais voir le jour.

Méconnu du grand public et d’une jeune génération biberonnée aux effets spéciaux de synthèse, Douglas Trumbull reste pourtant un grand nom des effets visuels depuis les années 60. À l’époque, travaillant pour des documentaires de la NASA, il est repéré par Stanley Kubrick qui lui demande de rejoindre son phénoménal projet de SF adulte : 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. Trumbull y travailla 2 ans pour contribuer au résultat que l’on connaît… Dans les années 70, il réalisa le touchant SILENT RUNNING, un film de S-F au message écolo, avec Bruce Dern et d’attachants robots préfigurants R2D2 ou Wall-E. Premier film et premier échec commercial. Trumbull est heureusement appelé pour les superbes effets visuels de grosses productions et se fait rapidement un nom dans le domaine : STAR TREK en 1979, BLADE RUNNER en 1982… Parallèlement à ses activités cinématographiques, Trumbull élabore plusieurs attractions de grands parcs à thèmes. Il met également au point un système révolutionnaire afin de capter et de projeter les images avec une haute restitution, bien avant la haute définition : le SHOWSCAN. Ce procédé consiste à filmer une séquence avec un grand angle, à 60 images par seconde et sur une pellicule 70 mm. Le summum en termes de qualité d’image !

Lorsque la production de BRAINSTORM commence, le réalisateur souhaite utiliser le Showscan afin de différencier les scènes « classiques » des séquences reproduisant les « enregistrements » des protagonistes. Mais devant les difficultés techniques et le coût que pouvait engendrer le procédé, les producteurs refusèrent et Douglas Trumbull opta pour une simple alternance d’objectifs et de pellicules (35/70 mm). Contrainte qui incite réellement à (re)découvrir le film sur un grand écran…

Mais la fin du tournage fut marquée par la disparition de l’actrice Natalie Wood, noyée au cours d’une sortie en mer. Désirant récupérer leur investissement en s’appuyant sur les assurances, les studios exigèrent l’arrêt du tournage. Trumbull refusa et, remaniant le script et les scènes à tourner, il termina BRAINSTORM pour une sortie en salles près de deux ans après le premier tour de manivelle. Éprouvé par ces épreuves et un nouvel échec commercial, Douglas Trumbull ne réalisa plus de films, se tournant uniquement vers la confection d’effets visuels et la recherche de nouveaux procédés…

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BRAINSTORM ne doit pourtant pas se résumer à une série de déconvenues et de drames. Ni même à un film d’anticipation uniquement basé sur la technique. C’est avant tout un film humaniste, porté par des interprètes offrant le meilleur d’eux-mêmes. Il n’évite pas quelques clichés, avec ses scientifiques exaltés et candides trahis par le gouvernement. Mais son traitement réaliste et la sincérité qui s’en dégage en font une œuvre prenante et attachante.

S’appuyant sur l’idée originale du « capteur de sensations », BRAINSTORM aborde les souvenirs comme la marque ultime de tout être humain, ce qui nous rend unique et semblable à la fois. Avec entre autres cette émouvante séquence où, conscient de son amour pour son ex compagne, le personnage joué par Christopher Walken lui offre un « enregistrement » de leurs moments de complicité, vus à travers ses yeux. La mémoire devient le plus beau des projecteurs.

Poussant à l’extrême cette notion, le film de Trumbull aborde la question essentielle : que se passe-t-il lorsque nous cessons de vivre ? Sans trop en dévoiler, lorsque l’un des personnages du film se sachant condamné enregistre ses derniers instants, BRAINSTROM prend une tournure à la fois mystique et philosophique, nous renvoyant devant nos propres croyances. On pourra bien sûr discuter longuement de l’interprétation spectaculaire du réalisateur face à ce thème délicat. Et sa vision « angélique » et psychédélique ne manquera pas d’en faire sourire certains. Mais elle a le mérite d’être l’une des premières interprétations cinématographiques de l’au-delà. Et d’un simple point de vue technique, elle se pose comme un superbe clin d’œil au final de 2001.

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Film trop vite oublié, BRAINSTORM figure pourtant parmi les meilleures œuvres d’une SF crédible comme on en faisait encore dans les années 70. Cette science-fiction qui, par le biais de l’imaginaire, nous plaçait face à nos doutes et nous amenait à réfléchir. C’est également un film précurseur puisqu’il aborde, près de 30 ans auparavant, la réalité virtuelle.

Pratiquement jamais diffusé à la télévision, il est parfois programmé sur les chaînes ciné du câble et reste heureusement disponible en DVD. En attendant une édition digne de ce nom…

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BRAINSTORM (1981) de Douglas Trumbull.
Avec Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson…
Scénario : Philip Frank Messina, Robert Stitzel d’après l’histoire deBruce Joel Rubin.
Musique : James Horner.

Crédits photos : © MGM / Paramount Pictures.

Bande annonce :

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    Encore un que je n’ai jamais vu ! Tu me mets l’eau à la bouche, je l’ajoute à ma «Pile À Voir» 😉 En plus il y a Christopher Walken que j’adore.
    Je ne sais pas pourquoi mais je sens que ce blog va faire grimper de façon effrayante ma fameuse PAV ! 😉

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    1. Tant mieux Potzi, très content que cela te donne envie !
      C’est un beau film qui mérite d’être redécouvert… Christopher Walken y est excellent, comme toujours, tout comme Louise Fletcher dans un rôle plus attachant que celui de « Vol au dessus d’un nid de coucou » 🙂 Et c’est aussi l’occasion de revoir la belle Natalie Wood… C’est aussi l’une des premières BO de James Horner…

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