L’histoire

De nos jours à New York. Le psychiatre Jonathan Banks (Jude Law) se trouve confronté au délicat problème d’une patiente, Emily Taylor (Rooney Mara), sur qui aucun traitement ne semble efficace. La jeune femme souffre d’une grave dépression après le retour de son mari Martin (Channing Tatum), fraîchement libéré suite à son emprisonnement pour délit d’initié. Banks se tourne alors vers Victoria Siebert (Catherine Zeta-Jones), la précédente psychiatre-traitant d’Emily. Celle-ci lui recommande un nouveau psychotrope réputé infaillible. Mais les effets secondaires du médicament miracle vont prendre une tournure dramatique…

Le traitement était presque parfait

Depuis SEXE, MENSONGES ET VIDÉOS en 1989, Steven Soderbergh avait démontré un talent indéniable dans de nombreux genres cinématographiques, du polar décontracté avec OCEAN’S ELEVEN au biopic historique avec CHE, en passant par le thriller social avec ERIN BROKOVITCH ou le drame de science-fiction avec SOLARIS. Un parcours pratiquement irréprochable, malgré quelques faiblesses, et un appétit cinématographique impressionnant.

EFFETS SECONDAIRES témoigne de son engouement certain pour le drame psychologique, mâtiné de rebondissement et suspense et que n’aurait pas renié Alfred Hitchcock. Passé inaperçu lors de sa sortie française en avril 2013, le film s’avère une très bonne surprise. Partant d’un récit à tiroirs et retournements de situations, Soderbergh parvient à nous captiver bien que l’on reconnaisse rapidement la route qu’il emprunte. À un récit classique de thriller, parsemé de chausse-trappes, le réalisateur a ajouté un regard actuel sur notre société contemporaine où les malversations financières, les dérives de l’industrie pharmaceutique et les méfaits de la crise économique bouleversent les existences.

Soutenu par une intrigue machiavélique prenante, le film de Steven Soderbergh s’appuie aussi sur une belle interprétation générale, sans erreur de casting. En tête, Jude Law convainc par son jeu sobre et sincère, favorisant une identification immédiate à son rôle de médecin honnête et candide. Mais c’est bien sûr Rooney Mara qui s’impose, l’intrigue principale étant articulée autour de l’ambivalence de son personnage. Je l’avais découverte dans le remake correct, mais inutile à mes yeux, de MILLENIUM par David Fincher. Difficile de passer après le fort impact laissé par Noomi Rapace dans la version cinématographique originale… Dans EFFETS SECONDAIRES, tour à tour fragile, séductrice, désemparée et inquiétante, elle m’a bluffé par la sensibilité et la justesse de son interprétation.

Seule fausse note au tableau, le jeu peu nuancé de Catherine Zeta-Jones amène immédiatement à soupçonner son personnage. Usant un peu trop des regards fuyants, on se doute très vite qu’il n’y a pas anguille sous roche… mais bien baleine sous caillou ! Un peu regrettable même si cela ne gâche pas le plaisir de suivre l’intrigue jusqu’à son dénouement.

Baignant dans une photographie délicate, favorisant les tonalités neutres et les ambiances feutrées, EFFETS SECONDAIRES est un bon thriller trouble, parvenant à renouveler en douceur le genre par son contexte réaliste auquel chacun d’entre nous peut s’identifier.

EFFETS SECONDAIRES (2013) de Steven Soderbergh.
Avec Jude Law, Rooney Mara, Catherine Zeta-Jones, Channing Tatum…
Scénario : Scott Z. Burns. Musique : Thomas Newman.

Crédits photos : © Open Road Films.

BANDE-ANNONCE