EDGE OF TOMORROW de Doug Liman

L’histoire

Dans un futur proche, le monde est en guerre contre des envahisseurs extra-terrestres, les « Mimics ». Bill Cage (Tom Cruise), un officier de communication couard et peu impliqué par la brutalité des combats, se retrouve malgré lui enrôlé de force dans une opération de débarquement. Inexpérimenté, il est rapidement tué… puis se réveille un jour plus tôt ! Sitôt mort, Cage revit inlassablement la même journée, comme pris dans une boucle temporelle. Seule Rita Vrataski (Emily Blunt), une guerrière chevronnée, véritable modèle pour le moral des troupes, connaît son secret…

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Un jour de guerre sans fin

MINORITY REPORT, LA GUERRE DES MONDES, OBLIVION… La Science-Fiction convient à Tom Cruise, c’est indéniable. Quoique l’on pense de l’acteur (et je ne vous parle pas ici du « prêcheur », c’est un autre débat…) ses récents projets d’anticipation furent au mieux des réussites du genre ou tout au plus d’agréables divertissements. Mais EDGE OF TOMORROW m’apparaissait franchement comme le film de SF de trop. Cruise combattant les extra-terrestres… L’idée sentait le réchauffé.

Le film de Doug Liman (LA MÉMOIRE DANS LA PEAU, MR AND MRS SMITH…) est pourtant une bonne surprise.  Tout d’abord parce que Tom Cruise, dans la première partie du film, joue avec son image de héros sans peur et sans reproche. Et le bonhomme s’avère plutôt doué à casser le mythe. Rapidement présenté dans l’intro du film comme un « publicitaire », plus apte à vanter les mérites de l’enrôlement dans l’armée qu’à se battre sur le terrain, son personnage est un anti-héros dans toute sa splendeur comique. Avec un soupçon de sadisme, on jubile à le voir se prendre les coups au propre comme au figuré. Une façon, pour l’acteur, de nous adresser un clin d’œil complice et de nous dire : « je ne suis pas un héros, ne confondez pas l’homme et ses rôles ».

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Il y a ensuite la bonne idée d’associer Cruise à Emily Blunt, très crédible en « Lara Croft »directement sortie d’un entraînement paramilitaire intensif. Véritable héroïne badass, l’actrice parvient, malgré les clichés que son personnage induit, à rendre cette Rita Vrataski attachante et fascinante. Fille naturelle d’Ellen Ripley (la saga ALIEN, pour ceux qui ne suivent pas…) et de Rambo, son personnage entraîne une amusante inversion des rôles, à 1000 lieues de ce que le cinéma d’action nous a habitué il y a encore quelques années.

On se doute que Cage et Vrataski, à force de promiscuité, tomberont sous le charme l’un de l’autre. Mais l’urgence de la situation ne le permet qu’en toute fin de récit et on évite malgré tout à 85% le classique schéma du binôme trop différent pour ne pas tomber amoureux.

Autour de ce couple de choc et de charme gravite une belle brochette d’acteurs de seconds plans. À leur tête, Bill Paxton (TITANIC, TWISTER et ALIENS… ça n’est probablement pas un hasard), méconnaissable mais excellent dans le rôle d’un sergent instructeur que Kubrick lui-même n’aurait pas renié pour son FULL METAL JACKET.

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L’autre bonne initiative du film est de ne pas avoir situé le champ de bataille sur le territoir américain. Après 60 ans d’attaques extra-terrestres se déroulant exclusivement aux Etats-Unis (INDEPENDANCE DAY, BODY SNATCHERS, MARS ATTACK, MAN OF STEEL, AVENGERS…), l’invasion alien de EDGE OF TOMORROW a débuté sur le continent européen et, comme une allusion au débarquement du 6 juin 44, tout doit se jouer sur les côtes normandes. Avec un final un peu trop nocturne dans un Paris dévasté (et outragé).

On en vient à ce qui fâche le plus dans le film de Doug Liman : la dernière partie, bien conventionelle par rapport au reste, et expédiée de manière trop rapide pour être pleinement satisfaisante. Le blockbuster Hollywoodien, efficace mais prévisible, reprend ses droits comme pour rassurer le spectateur lambda, ayant payé son ticket pour voir de la baston spectaculaire. Ajoutez à cette fin décevante un design abouti mais évoquant trop d’autres œuvres (en gros et dans le désordre : STARSHIP TROOPERS, ALIENS, ELYSIUM…) pour faire de ce EDGE OF TOMORROW une œuvre imparfaite bien que réussie en grande majorité.

Divertissemnt assumé, se référant au principe du jeu vidéo (« même joueur joue encore ») avec ironie et plus de subtilité qu’il n’y paraît, EDGE OF TOMORROW s’avère une bonne surprise du genre SF, jonglant entre le film d’action au premier degrés et l’humour noir.

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EDGE OF TOMORROW (2013) de Doug Liman.
Avec Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton, Brendan Gleeson…
Scénario : Dante Harper, Joby Harold, Alex Kurtzman, Christopher McQuarrie et Roberto Orci d’après le roman graphique ALL YOU NEED IS KILL de Hiroshi Sakurazaka.
Musique : Christopher Beck.

Crédits photos : Warner Bros / Village Roadshow.

BANDE ANNONCE :

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5 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    J’aime bien Tommy, je pense donc que je le verrai mais je crois que ça sera plutôt en DVD parce que je suis moyennement tentée par le pitch. Ceci dit, tu le vends bien 😉

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    1. As you wish… Plutôt bon dans le sens où je n’en attendais rien. Un bon divertissement de SF, pas bête et bien fichu…

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  2. niolynes dit :

    Oui un divertissement de SF, pas bête et bien fichu… ça se fait rare de nos jours, raison de plus de le voir. 😉

    Tu n’en parles pas et moi non plus mais savais-tu que c’est inspiré à la base du manga « All you need is kill » (par le dessinateur de Death Note) ? J’ai pu le feuilleter ce samedi (2 tomes ça va vite). Des passages ultra-gores (le film est mignon à côté) bienvenus (un civil, un pépé et sa petite fille qui se font décapiter dès le début, ambiance !) et des situations intéressantes mais on évite pas les clichés inhérents à plusieurs mangas (des personnages jeunes évidemment et beaux (sic), de l’action dès les 10 premières pages sinon, diantre, le djeunz qui lit ça y décroche…(sic, bis)) et l’histoire est un peu trop ramassée. De quoi donc fournir une bonne base pour un film ! ^^

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    1. Oui, je ne connais pas le manga en question mais j’en ai entendu parler. D’ailleurs, ALL YOU NEED IS KILL devait être le titre du film également. Cela sonnait peut-être un peu trop « James Bond », va savoir 🙂 J’aurais pu l’évoquer, c’est vrai. Merci pour le rappel Nio ! Comme tu le dis, je crois que le film doit être librement inspiré du manga d’origine…
      Bon film de SF, cela dit. La fin est plus conventionelle mais le traitement général est réussi et prend du recul par rapport aux blockbusters classiques. Une bonne surprise en ce qui me concerne.

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