L’histoire
Au début des années 50, dans le New Jersey. Frankie Castelluccio (John Lloyd Young), un jeune garçon coiffeur, se partage entre les petits larcins et les concerts de secondes zones avec Tommy DeVito (Vincent Piazza) et Nick Massi (Michael Lomenda), deux autres musiciens et chanteurs issus des mêmes quartiers italo-américains. Frankie, Tommy et Nick font bientôt la rencontre de Bob Gaudio (Erich Bergen), un auteur-compositeur avec qui ils forment le groupe FRANKIE VALLI AND THE FOUR SEASONS. Ensemble, ils vont enchaîner les tubes…
4 garçons dans le vent du New Jersey
Tout bon cinéphile, fan de Clint Eastwood et de ses films, se posera la même question : en quoi ce gros succès de Broadway sur un groupe pop-rock rétro a pu attirer le réalisateur d’IMPITOYABLE, de MYSTIC RIVER ou de MILLION DOLLAR BABY ? Son amour de la musique ? Oui, c’est un début de réponse. On connaît le goût prononcé d’Eastwood pour le Jazz, par exemple. Que ce soit par le biais de son premier film, PLAY MISTY FOR ME, reprenant le titre d’un standard d’Eroll Garner. Ou avec BIRD, son crépusculaire biopic sur Charlie Parker. Musique encore avec HONKY TONK MAN, film qu’il réalisa et interpréta aux côtés de son fils Kyle à qui il transmis sa passion du Jazz… Bref, oui, c’est un fait, Clint Eastwood adore la musique. Et qui plus est celle qui est étroitement lée à l’histoire des États-Unis.
FRANKIE VALLI AND THE FOUR SEASONS fait partie de la mémoire collective américaine. Frankie qui ? Sûr que chez nous, ces Beatles yankees ne sont pas aussi célèbres que les Beach Boys ou Elvis Presley. Pourtant, si je vous donne les titres de quelques uns de leurs succès, comme SHERRY, BIG GIRLS DON’T CRY, BEGGIN ou même CAN’T TAKE MY EYES OFF YOU, il y aura forcément un air qui vous reviendra en mémoire. Une petite vidéo pour vous rafraîchir la mémoire ?
Peut-être n’en n’aviez-vous pas besoin… Et bien, pour ma part, cela m’a été utile. Des tubes que je connaissais sans avoir fait le rapprochement avec la dernière réalisation du Clint !… En y regardant de plus près, on comprend finalement ce qui a donné envie à l’inspecteur Harry de porter à l’écran le parcours (romancé) de ces 4 jeunes gens, partagés entre l’illégalité et leur passion pour la musique : leurs destins parallèles. Valli et ses comparses, tout comme Eastwood, sont issus de milieux modestes. Ils ont connu le succès à la même époque, ces mythiques années 50 et 60, toutes en Cadillac rutilantes et en gomina, comme le rappelle un caméo/clin d’œil du réalisateur. En évoquant avec ironie et tendresse cette période d’après-guerre de tous les possibles, Eastwood se penche sur son propre passé. Nostalgique le Clint ? Bien sûr mais pas triste pour autant !
Avec son montage très découpé et son énergie qui vous contamine rapidement, JERSEY BOYS apparaît comme un rafraichissement bienvenue dans la récente carrière d’Eastwood. Léger et entétant comme un standard des Four Seasons, la première partie du film, très accrocheuse, n’est pas sans évoquer AMERICAN GRAFFITI ou l’univers de Martin Scorsese, la violence brute en moins. Plus un biopic qu’une comédie musicale, sur de petits délinquants que la musique sauva malgré eux.
Respectant le déroulement du spectacle de Brodway, l’histoire de ces 4 garçons dans le vent de la côte Est nous est raconté, à tour de rôle, par les membres du groupe. Chacun y allant de sa propre version des faits en s’adressant directement au spectateur ! Un point en plus pour entraîner rapidement notre sympathie. Baignant dans une superbe photographie et une luxueuse reconstitution, JERSEY BOYS se suit avec plaisir, un sourire complice aux lèvres.
Cependant, Clint Estwood n’évite pas les clichés et la seconde partie du film, moins attrayante, tombe dans les inévitables récits de déchéance de groupe. Les affrontements des Four Seasons ne m’ont pas vraiment passionnés, leurs petites guéguerres intestines ayant un goût de « déjà-vu ». Reste que chaque membre du groupe, bien que passé à la sauce de la biographie tout public, apparaît avec ses erreurs et ses défauts…
Le réalisateur se ressaisit pourtant vers la fin du film, émouvante même si elle reste prévisible. Et il nous laisse avec l’agréable impression d’avoir partagé un moment privilégié avec des inconnus devenus si proches.
JERSEY BOYS (2013) de Clint Eastwood.
Avec John Lloyd Young, Vincent Piazza, Erich Bergen, Michael Lomenda, Christopher Walken…
Scénario : Rick Elice et John Logan d’après la comédie musicale de Marshall Brickman.
Musique : Bob Gaudio.
Crédits photos : © Warner Bros
Bande-annonce :
Sans doute pas un sommet de la filmo d’Eastwood mais assurément un film attanchant qui, en effet évoque la Little Italy scorsesienne. L’autre projet musical de Clint aurait dû être À Star is Born. Il se contentera de le produire, pour le bonheur de son nouvel acteur fétiche, Brad Cooper.
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