Nouvelles chroniques express avec 5 films découverts sur le tard, en vidéo, en salle ou sur le câble. Une toile bancale pour THE AMAZING SPIDERMAN 2, du blockbuster bourrin mais attachant avec PACIFIC RIM, du fantastique mi fugue mi raison avec LA DOUBLE VIE DE RICHARD KEMP, du road-movie buissonnier pour PAR SUITE D’UN ARRÊT DE TRAVAIL, et de l’épouvante vintage avec MEURTRE PAR PROCURATION.
THE AMAZING SPIDERMAN 2 (2013) de Marc Webb

Je ne vais pas relancer la polémique SPIDERMAN d’il y a 3 ans. Mais personne ne fut dupe quant au reboot de la série. Si SONY ne relançait pas rapidement de nouveaux films, elle en perdait les droits. D’où cette impression de bouillon réchauffé quand, à peine 4 ans après le dernier volet de la trilogie de Sam Raimi, une nouvelle franchise fut produite… Qu’en est-il alors de ce deuxième opus, pompeusement sous-titré LE DESTIN D’UN HÉROS ? Dans son ensemble, cette suite m’a laissé un meilleur ressenti que le 1er film. Le fait de l’avoir vu en salles, sans doute ? C’est plutôt une série d’impressions directes dès les premières scènes. Il se dégage, en début de film, une belle énergie qui vous plonge très vite au cœur de l’action. On s’attache facilement au couple formé à la ville comme à l’écran par Andrew Garfield et Emma Stone, tant leur complicité est évidente de naturel. Le jeune acteur paraît également plus à l’aise dans son costume rectifié pour être plus proche de l’original. Et son Spiderman nous ramène aux meilleures heures du personnage, bondissant et blagueur.
Mais le film, pourtant trop long, semble avoir été raccourci pour se conformer à une exploitation tout public. Les scènes finissent par s’enchaîner sans que l’on puisse s’attacher vraiment aux nouveaux personnages, malgré les beaux efforts de Jamie Foxx (Electro) et Dane DeHaan (Harry Osborn / le Bouffon Vert) pour donner de la consistance à leurs rôles. La fausse bonne idée de ce reboot est d’avoir axé l’essentiel des intrigues autour de la société Oxcorp et des ses expériences interdites. En gros, à chaque film son nouveau méchant « monstre ». Bon, cela donne une certaine logique, c’est vrai… mais cela entraîne déjà une réelle lassitude. Et si on ne va pas voir THE AMAZING SPIDERMAN 2 pour son scénario, des réussites comme le récent X-MEN DOFP ou les DARK KNIGHT nous ont rendu plus exigeants en matière de comics au cinéma.
Que dire enfin de la mauvaise idée d’accumuler les ennemis de Spidey sur un seul film ? L’erreur de SPIDERMAN 3 n’a pas servi de leçon, à l’évidence. Les scènes d’affrontement s’enchaînent comme celles d’un jeu vidéo quand certains personnages sont purement sacrifiés : ainsi, le pauvre Paul Giamatti, dans le rôle du Rhino, n’apparait qu’une petite dizaine de minutes en début et fin de film. Et on se demande encore ce qu’il est venu faire dans cette galère… Attachant sur les bords mais bâclé, THE AMAZING SPIDERMAN 2 enfonce le clou en nous confirmant le seul intérêt de ses créateurs : celui de la rentabilité à tous prix.
PACIFIC RIM (2012) de Guillermo Del Toro

Dans un futur proches, une faille inter-dimensionelle situé dans l’Océan Pacifique a permis l’invasion des Kaijus, d’immenses créatures rasant tout sur leurs passages. Pour riposter, les humains créent les Jaegers, d’énormes robots commandés par un duo de pilotes, reliés entre eux par une connexion mentale…
En quoi un film de plus de 2 heures sur des bastons entre robots et monstres géants pouvait intéresser le réalisateur de HELLBOY et du LABYRINTHE DE PAN ? L’appât du gain ? La fierté de se voir confier un (très) gros budget ? Faut voir… Guillermo Del Toro s’est fait plaisir avant tout. Et il nous le transmet en assumant l’aspect bas du front de son film.
Sorti en salles il y a un an, PACIFIC RIM en a déçu plus d’un et n’a pas fait le carton espéré par ses investis… producteurs. Franchement, que peut-on attendre d’un tel film si ce n’est un maousse roller-coaster qui nous fait débrancher du quotidien morose ? En ce sens, PACIFIC RIM est une pure réussite, un simple divertissement sous la forme d’un hommage aux films de la Toho et aux mangas de robots géants comme GOLDORAK ou PATLABOR. Certes, le scénario tient sur un timbre poste et les dialogues ne volent pas haut. On n’atteint pas non plus les plus beaux moments du récent GODZILLA.
Mais l’excellente intro du film nous met rapidement dans l’ambiance, à la manière d’un « résumé des épisodes précédents ». Et si les héros du film sont des clichés sur pattes, on s’attache à eux tout en sachant pertinemment qu’ils s’en sortiront sans trop de bobos ! Dans ce tas de lieux-communs, les personnages de Mako Mori (Rinko Kikuchi) et Stacker Pentecost (Idris Elba, toujours impeccable) tirent leurs épingles du jeu grâce à l’émouvant lien qui les unit. Basique mais sympathique, il en manque peu pour que PACIFIC RIM soit une totale réussite du genre.
L’AUTRE VIE DE RICHARD KEMP (2013) de Germinal Alvarez

De nos jours dans une ville portuaire, la découverte d’un corps ramène, au propre comme au figuré, le commandant Richard Kemp (Jean-Hugues Anglade) 20 ans en arrière, sur les traces d’un serial killer qu’il n’avait jamais réussi à stopper. Propulsé sans raison en 1989, Kemp trouvera de l’aide auprès de la psy Hélène Batistelli (Mélanie Thierry), tout en évitant son propre double…
On a parfois tort de se méfier des films fantastiques à la française. Mais lorsque les anglo-saxons manipulent le genre avec talent, notre esprit trop cartésien nous empêche d’y faire des étincelles. Le sujet de L’AUTRE VIE DE RICHARD KEMP, sans atteindre des sommets d’originalité, avait pourtant de quoi intriguer. L’occasion d’aborder à nouveau moults questions autour du temps, des erreurs du passé et d’une seconde chance offerte pour les corriger.
De RETOUR VERS LE FUTUR à IL ÉTAIT TEMPS, nombreux sont les films à s’être essayer (avec plus ou moins de bonheur) à l’épineux voyage dans le temps. Le film de Germinal Alavarez ne tente nullement de se mesurer à ses aînés. Jouant la carte sage du minimalisme et du mystère, évitant ainsi les explications inutiles, LA DOUBLE VIE DE RICHARD KEMP est avant tout un thriller atmosphérique, à l’ambiance volontairement lente. Un étrange cauchemar reposant sur les jeux feutrés et mélancoliques de Jean-Hugues Anglade et Mélanie Thierry, sur la manière de capter le décor naturel et sur les éclairages. On plonge alors avec les personnages principaux, attendant d’être surpris, émus ou captivés par l’intrigue.
Trop de minimalisme empêche pourtant ce RICHARD KEMP de décoller. Quelques effets (Kemp face à son double rajeuni) et clins d’œil humoristiques sur le choc des époques parsèment le film mais ne lui donnent pas le goût nécessaire pour en faire une réussite. Semblant se désintéresser totalement de son sujet au profit de ses angles de caméra, le réalisateur bâcle la résolution de l’histoire (qu’en est-il du tueur au cœur de l’intrigue ?). On ne lui demandait pas d’explications mais un semblant de construction dans le scénario n’aurait pas nuit à l’intrigue. C’est bien dommage…
PAR SUITE D’UN ARRÊT DE TRAVAIL (2008) de Frédéric Andreï

Dans une France bloquée par les grèves, Marc (Patrick Timsit), un cadre sup’ stressé, et Vincent (Charles Berling), mystérieux dilettante que rien ne semble atteindre, doivent se rendre à Rome. Résolus par la force des choses à faire du covoiturage, les deux hommes que tout oppose vont devoir se supporter…
La route est le lieu idéal pour les rencontres improbables, les remises en question et les belles histoires (vous connaissez la chanson…). Au cinéma, des films aussi différents que RAIN MAN, TANDEM ou même STARMAN ont pris la route pour fil conducteur (sans mauvais jeu de mots). PAR SUITE D’UN ARRÊT DE TRAVAIL se glisse modestement dans ce genre surexploité en y apportant un regard désenchanté, sans être moralisateur, sur la France d’aujourd’hui. Celle des conflits sociaux, des éternels mouvements de colère en tous genres, des idées reçues qui ont la dent dur, des choix que nous faisons pour « réussir » nos vies.
Deuxième réalisation de Frédéric Andreï (Jules, le postier de DIVA de Jean-Jacques Beinex), PAR SUITE D’UN ARRÊT DE TRAVAIL fut distibué dans une injuste indifférence générale au début de l’été, il y a 5 ans. Comédie grinçante, c’est un film plus amer que doux qui prend le temps de nous dépeindre deux personnages pas si sympathiques au premier abord, mais finalement attachants. Andreï offre à ses deux anti-héros une balade en France aux images soignées, étonamment lumineuses par rapport aux enjeux tendus du récit.
Dans des rôles casse-gueules car sujets aux clichés, Charles Berling, charmeur et agaçant, et Patrick Timsit, beauf et émouvant, donnent à leurs personnages la crédibilité et l’émotion nécessaires pour que l’on veuille les suivre. Aidés par un scénario simple, soulevant sans en avoir l’air de nombreuses questions sur notre société, les 2 acteurs jouent le film comme une petite ritournelle entêtante, aux accents de comédie italienne. Une belle découverte.
MEURTRE PAR PROCURATION (NIGHTMARE-1964) de Freddie Francis

Janet (Jennie Linden) est une jeune adolescente traumatisée par le meurtre de son père par sa propre mère. En proie chaque nuit à d’horribles cauchemars, elle quitte alors son pensionnat pour revenir vivre au manoir familial auprès de son tuteur Henry Baxter (David Knight). Mais les terribles visions se poursuivent et entraînent inexorablement la jeune femme vers la folie…
Grand fan des productions HAMMER (LE CHIEN DES BASKERVILLE, les DRACULA avec Peter Cushing et Christopher Lee…), j’ignorais pourtant que la fameuse maison de production britannique s’était attaquée au thriller d’épouvante. NIGHTMARE – le titre original du film, plus efficace que la trop plate et révélatrice traduction française – est née de l’envie de surfer sur le succès de PSYCHOSE. Sans atteindre la maestria du classique d’Alfred Hitchcock, le film de Freddie Francis joue très habilement sur nos nerfs et se savoure, la peur au ventre.
On y retrouve tous les éléments juilatoires des thrillers d’épouvante des années 60 : la beauté opressante du noir et blanc, le travail sur le son à vous glacer le sang, les retournements de situations… Jouant sur un récit à 2 temps, tout comme PSYCHOSE, Freddie Francis se détache quelque peu des aspects gothiques de ces précédentes réalisations pour la HAMMER, s’appuyant sur les ombres inquiétantes des décors et sur des cadrages exprimant le malaise des protagonaistes du film.
Si la trame semble quelque peu prévisible, NIGHTMARE reste captivant jusqu’à la scène finale et s’avère une petite perle noire à (re)découvrir.
Crédits photos : © Sony Pictures / Warner Bros / Haut et Court / Wild Bunch / Universal
Pacific Rim avec pas grand chose. Hu hu hu ! Encore une blague toute moisie 😀
J’ai moyennement adhéré à ce film, j’attendais mieux de Del Toro qui signe un film d’envahisseurs hyper classiques. Il y a de bonnes choses comme tu le signales mais l’ensemble est quand même bourrin 😉 Ce qui m’a fait marrer c’est que Idris Elba meurt exactement de la même manière que dans Prometheus. Je me demande s’il s’en est rendu compte ! Il y a des tas de scènes pleines de testostérones et la fin, genre « je-te-fais-croire-que-je-suis-mort-mais-en-fait-non » m’a fait penser à du Roland Emmerich. On a connu le Guillermo plus inspiré…
Les autres je ne les ai pas vus. Celui qui me tente le plus est Nightmare dont je n’avais jamais entendu parler. Merci Huggy !
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De rien Potzi !
Bien d’accord sur le fait que Del Toro a été plus inspiré. Je dirais pour sa défense qu’il se prend tout de même moins au sérieux qu’un Emmerich ou qu’un Michael Bay, par exemple. Ça ne me dérange pas de temps en temps un film qui déconnecte les neurones 😉
Pour NIGHTMARE, tu devrais adorer !
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Je n’ai rien contre non plus un film qui déconnecte les neurones c’est seulement que Del Toro c’est quand même pas un pignouf et qu’il a fait un film très moyen. Je trouve que ça manque d’humour et que c’est très Hollywoodien dans le mauvais sens du terme. Après ça reste tout de même un bon popcorn-movie idéal pour chasser les idées noires 😀
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Écoute, pour avoir vu les deux films durant la même période, PACIFIC RIM est bien meilleur que SPIDERMAN 2 par exemple 🙂
Dans le même style, j’ai préféré HELLBOy du même Del Toro. J’ai pris PACIFIC RIM comme un cartoon, rien de plus… Mais quite à choisir, le GODZILLA de Gareth Edwards est meilleur (mais là aussi, je sais que ce n’est pas ta tasse de thé…)
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