L’histoire :
Dans un futur proche, l’humanité vit sur une terre en sursis, balayée par d’envahissantes et néfastes tempêtes de poussière. La priorité est à la survie. Ainsi, Cooper (Matthew McConaughey), pilote d’essai et ingénieur, est devenu fermier pour contribuer à « l’effort de guerre », vivant avec sa fille, son fils et son beau-père, tout en rêvant de jours meilleurs. Mais alors que la conquête spatiale n’est plus qu’un lointain souvenir, Cooper se retrouve impliqué dans un projet secret d’exploration interstellaire pour trouver une terre d’asile…
Space Oddity Blue
Ce que j’aime dans le cinéma de Christopher Nolan, c’est cette envie d’associer « cinéma d’auteur » et « grand spectacle ». Cette façon de revenir à un cinéma intelligent et divertissant, comme un retour aux premiers blockbusters des années 70. Je ne parle pas des films catstrophes à la AIRPORT ou LA TOUR INFERNALE, mais plutôt d’œuvres comme RENCONTRES DU 3ème TYPE ou LES DENTS DE LA MER. Coïncidence ou évidence, INTERSTELLAR était à l’origine un projet de Steven Spielberg avant qu’il ne soit repris par le créateur d’INCEPTION et de la trilogie DARK KNIGHT.
De cette passation entre le roi yankee de l’émotion et le prince british du roller-coaster cérébral reste une bouleversante histoire d’amour entre un père et sa fille, au delà de l’espace et du temps. Car si INTERSTELLAR demeure bien sûr une épopée de science-fiction, tragique et spectaculaire à la fois, le film est avant toute chose une variation sur l’infiniment petit face à l’immensement grand, sur la petite et la grande histoire, sur ce qui nous pousse à survivre quand il n’y a plus d’espoir, sur la notion de sacrifice, sur la place de l’individu au sein de l’Humanité et dans l’Univers.
INTERSTELLAR ne peut laisser indifférent. Le film surprend par son refus de ressembler à aucun autre film de SF, même si l’on pense bien sûr à 2001 ou à L’ÉTOFFE DES HÉROS, dont Nolan reconnait s’être inspiré quant à la présentation réaliste des hommes dans l’espace. Souvent spectaculaire (il vaut mieux voir le film sur une très grand écran), INTERSTELLAR ne cherche pourtant jamais à verser dans le merveilleux et « l’orgasme intersidéral » à la Star Trek. Les mondes inconnus que nous offrent Nolan ont beau être fascinants, ils sont sources perpétuels de danger pour les pionniers qui les découvrent. Comme l’évoquait déjà Kubrick, l’espace n’est pas seulement la frontière de l’infini. C’est un grand vide obscur et froid, où l’homme ne représente qu’un petit grain de poussière bien fragile.
Sombre et anxiogène, l’avenir que présente INTERSTELLAR n’en demeure pas moins réaliste. Le trouble que suscite le film vient de cette absence volontaire, là aussi, de decorum high tech excessif mais surtout du parallèle évident avec notre époque. Cette Terre exsangue, où ils ne reste bientôt plus de ressources suffisantes à la survie de l’homme, c’est déjà la nôtre.
La grande réussite d’INTERSTELLAR est de nous impliquer constamment. Pas question ici d’un simple blockbuster décérébré mais d’une aventure exploitant pleinement son potentiel cinématographique, tout en nous incitant à réfléchir. Quelle attitude aurions-nous si l’on nous proposait de laisser tout ce que l’on aime pour une question de survie universelle ? Comment réagirions-nous face à des mondes hostiles et inconnus ? L’homme n’est-il pas son propre ennemi ou son seul sauveur dans l’univers ? Des questions souvent à haute teneur philosophique mais que l’on ne peut s’empêcher d’évoquer après avoir vu le film…
Beaucoup de dialogues, d’échanges très techniques, en rebuteront certains. Mais honnêtement, rien d’inaccessible comme le prétendent déjà certaines critiques. Probablement pas la partie la plus intéressante du film, et elle vous demandera peut-être quelques recherches une fois sorti de la salle. Pas besoin pour autant de griller votre cerveau pour saisir les termes usités pour cette exploration au delà des étoiles ! Car, à mon humble avis, l’essentiel du film est ailleurs.
Au delà du récit SF prophétique et alarmiste, de l’épopée spatiale qui vous remue les neurones, INTERSTELLAR est une fable sur l’âme et le cœur humain. Sur ce qui nous rend unique dans ce vaste monde : notre mémoire commune et personnelle, nos liens du cœur avec les êtres aimés, nos souvenirs qui sont autant de cartes tridimensionnelles qu’un moyen irremplaçable pour vivre éternellement parmi ceux qui nous aiment, notre vécu qui nous rend unique…
Magnifiquement mené par Matthew McConaughey – qui, depuis quelques temps, renaît à travers une série de choix cinématographiquse et d’interprétations hors pair – la brillante distribution du film est au diapason de l’histoire, juste, crédible et efficace. Une mention spéciale à la toute jeune Mackenzie Foy, dans le rôle de Murphy enfant, bouleversante et si crédible dans sa relation fusionnelle avec McConaughey.
Rien à redire non plus sur les effets spéciaux, à la fois visuellement éblouissants tout en restant discrets. On ne cherche plus à savoir ce qui est « informatisé » ou pas, tant tout nous semble couler de source. Quant à la bande originale, la composition de Hans Zimmer, surpenante mais toujours en adéquation avec le film, évoque plus les œuvres de Philip Glass que ses récents scores pour les films de Nolan.
Sorti KO de la projection, retourné par le déluge d’images, l’émotion suscitée maintes fois au cours du récit et les questions qu’ils posent inévitablement, INTERSTELLAR reste à mes yeux l’une des réussites de cette année 2014. Pur divertissement n’oubliant jamais qu’il s’adresse à un public sensible et intelligent, le dernier opus de Christopher Nolan prouve qu’un cinéma de qualité et adulte, sans être une prise de tête élitiste, est encore envisageable de nos jours.
INTERSTELLAR (2014) de Christopher Nolan
Avec Matthew McConaughey, Anne Hattaway, Jessica Chastain, Michael Caine, Mackenzie Foy, Casey Affleck, John Lithgow, Topher Grace, Matt Damon…
Scénario : Jonathan et Christopher Nolan. Musique : Hans Zimmer.
Crédits photos : © Warner Bros Pictures / Paramount Pictures.
Voilà qui donne gravement envie ! Bien plus envie que les rares critiques presses que j’ai pu lire. À se demander si les journalistes ciné aiment encore le cinéma… Enfin bref, une belle critique pour un film que je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir. Je ne sais pas si je pourrais caser 3 heures dans les jours qui viennent. Et si c’est le cas, il faudra que je m’abstienne de boire avant la projection (potzi en mode terre-à-terre ! 😉 ).
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Oui, j’ai vu que le film divise déjà… mais pour être honnête, j’ai été voir ce que les blogueurs et journalistes en ont pensé après avoir vu le film 🙂 Certaines remarques sont ridicules (remises en cause scientifiques, sur le réalisme du trou noir, etc…). Bref… On aurait montré un smartphone à un public du XIXème siècle ils auraient eux aussi parlé d’absurdité et d’impossibilité scientifique !? Nous ne faisons que nous baser, en général, sur nos connaissances actuelles, tout comme le monde se basait sur ses croyances religieuses au Moyen Age. C’est idiot je trouve…
Le film vaut beaucoup plus que ces débats stériles. Il ne plaira sans doute pas à tout le monde mais il a l’avantage de ne pas être une suite, un reboot où une adaptation de jeu vidéo, de comics ou de roman pour ados 😉
Sinon, pour ton problème de boisson… là, tu me laisses sans voix !
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Oui, j’ai vu que le film divise déjà… mais pour être honnête, j’ai été voir ce que les blogueurs et journalistes en ont pensé après avoir vu le film 🙂 Certaines remarques sont ridicules (remises en cause scientifiques, sur le réalisme du trou noir, etc…). Bref… On aurait montré un smartphone à un public du XIXème siècle ils auraient eux aussi parlé d’absurdité et d’impossibilité scientifique !? Nous ne faisons que nous baser, en général, sur nos connaissances actuelles, tout comme le monde se basait sur ses croyances religieuses au Moyen Age. C’est idiot je trouve…
Le film vaut beaucoup plus que ces débats stériles. Il ne plaira sans doute pas à tout le monde mais il a l’avantage de ne pas être une suite, un reboot où une adaptation de jeu vidéo, de comics ou de roman pour ados 😉
Sinon, pour ton problème de boisson… là, tu me laisses sans voix !
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