Nouvelle revue rapido de films en vrac avec, pour ce 5ème numéro, de la SF ciblée ado un rien fade, du remake d’œuvre culte bien inutile, de la comédie romantique légère et futée et un beau classique noir et blanc, idéal pour la fin d’année.
LA STRATÉGIE ENDER (2013) de Gavin Hood
Dans le futur, l’humanité est en guerre contre une civilisation extraterrestre, les Doryphores (oui oui, comme les insectes !). L’armée entraîne des ados commes soldats, dont Andrew « Ender » Wiggin (Asa Butterfield, vu dans HUGO CABRET), un jeune surdoué en qui le Colonel Graff (Harrison Ford) voit une ultime solution au conflit en cours…

Publié il y a déjà 30 ans, le roman ENDERS GAME d’Orson Scott Card fit l’objet de nombreux projets avortés d’adaptations ciné. S’adressant bien sûr aux fans de SF, l’histoire a surtout de quoi attirer un public ado, accro aux sagas d’anticipation tels HUNGER GAMES ou DIVERGENTE, ou en mal de nouveaux chapitres de la série HARRY POTTER. On peut comprendre, devant le succès de ces dernières franchises, ce qui a pu enfin pousser les producteurs à investir dans ce qui ressemble à un premier volet, la série de romans comportant une dizaine de chapitres !
Est-ce alors mon âge pas si avancé qui ne m’a jamais laissé m’impliquer pendant près de 2 heures ? Je ne pense pas. Le soucis premier du film de Gavin Hood, c’est cette forme d’académisme qui ne permet pas de s’attacher aux personnages. À croire que, durant le tournage, des assistants circulaient sur le plateau avec de grands panneaux « Faîtes la gueule, vous êtes en guerre ! ». Le jeune Asa Butterfield semble n’avoir qu’une ou deux expressions sur le visage (colère et concentration) alors qu’Harrison Ford, engoncé dans son costume de chef des armées, donne le sentiment d’être venu payer ses arriérés (ah ! on me dit que c’est le cas en effet…).
Certes, LA STRATÉGIE ENDER n’est pas une comédie et ne s’est jamais présenté comme tel. Mais le bain amidonné dans lequel baigne le film, des acteurs au récit en passant par les décors synthétiques, m’a profondément ennuyé. Reste une énième variation sur l’horreur de la guerre et une réflexion intéressante sur le monde virtuel et la réalité. Mais c’est vraiment tout…
ROBOCOP (2013) de José Pardilha
Remake du film homonyme de 1988 qu’on ne présente plus, ce ROBOCOP version 2.0 avait déchaîné les fans purs et durs de l’œuvre de Paul Verhoeven. Avant même qu’un petit bout de teaser ne pointe son nez, tout le monde (ou presque) le rejettait sans savoir ce qu’il en résultait au final.

Le fait est que ce remake ne parvient à convaincre que d’une chose : son inutilité. Conservant les grandes lignes du film culte (considéré comme mort, un jeune flic est intégré à un robot dans le cadre d’un programme de défense futuriste…), cette nouvelle mouture souffre du poids de son aîné et, inévitablement, de la comparaison avec l’original, impossible à déboulonner de son piédestal.
Le film de José Pardilha ne m’est pas apparu pour autant comme un ratage total mais il n’apporte absolument rien de neuf au brûlot visionnaire de 1988. Certains détails du script ont été réajustées aux préoccupations de notre époque. Mais rien qui ne justifie les nouvelles armures de Robocop… si ce n’est de nouvelles licences de jouets, bien sûr !
Côté casting, Joel Kinnaman, malgré toute sa bonne volonté, parait bien fade comparé à Peter Weller. Et si les seconds rôles de prestige (Gary Oldman, Michael Keaton, Samuel Jackson…) font un temps oublier que le film n’est pas un « direct-to-video », le tout se déguste comme un petit plat tout préparé et mal décongelé au micro-ondes.
Le réalisateur José Pardilha s’est depuis répandu sur cette mauvaise expérience de travail avec un grand studio, probablement ébloui par le faux cadeau que représentait le projet. Ce qui peut se comprendre… Reste que même si le film vaut mieux que l’insipide série TV des années 90/2000, il tombera rapidement dans l’oubli.
CRAZY, STUPID, LOVE (2011) de Glen Ficarra et John Requa
Cal (Steve Carrell) dîne en ville avec sa femme Emily (Julianne Moore), lorsqu’elle lui apprend qu’elle le trompe depuis quelques temps et qu’elle veut divorcer. Touchant le fond, le pauvre quadra paumé fait bientôt la rencontre de Jacob Palmer (Ryan Gosling), un jeune séducteur sûr de lui qui décide de lui inculquer l’art pas si délicat de la séduction…

Mettons les choses au clair : CRAZY, STUPID, LOVE n’est pas une énième comédie craspeco-trash des frères Farrelly ou de Judd Apatow. Cette rom-com vise bien plus haut et, si son côté « feel-good movie » laisse présager d’un happy-end sans surprise, le film s’apparente plus au meilleur des comédies douce-amères de Blake Edwards.
Partant du principe que rien ne vaut l’humour pour parler de notre monde désenchanté, le film du duo Ficarra-Requa (auteurs de I LOVE YOU PHILIP MORRIS en 2008) est un réjouissant (et grinçant) état des lieues sur la vie de couple, sur la séduction et sur l’amour, source de tous les bouleversements humains.
Bien sûr, ça n’est qu’un film et on pourra toujours critiquer sa positive attitude. Mais dans cette comédie douce-amère américaine, il n’est pas question d’un prequel, d’un reboot, d’un remake, d’une adaptation de comics ou de roman pour ado. CRAZY, STUPID, LOVE est un film pour adultes dans le bon sens du terme, usant des clichés pour mieux les démonter, jouant sur l’humour sans oublier d’être grave, décryptant les travers des hommes et des femmes pour nous offrir un miroir de nos propres défauts.
Le film ne serait pas ce qu’il est sans sa belle distribution. Ryan Gosling joue de son étiquette « beau gosse » pour mieux nous surprendre, Julianne Moore déjoue les pièges d’un rôle casse-gueule car à priori détestable par son élégance naturelle et la justesse de son jeu, Emma Stone apporte fraîcheur et sincérité à un rôle en apparence secondaire… Mais c’est le grand Steve Carrell qui porte le film sur ses épaules. À la fois très touchant et drôle dans le rôle de ce loser sur qui le sort s’acharne, il démontre une fois de plus (après LITTLE MISS SUNSHINE, COUP DE FOUDRE À RHODE ISLAND ou CRAZY NIGHT) qu’il est bien plus qu’un gagman de plus mais très probablement l’égal d’un Peter Sellers, entre comédie décalée et émotion.
Tendre, drôle, grinçante et touchante à la fois, CRAZY, STUPID, LOVE m’est apparue comme une très agréable séance de rattrapage. À (re)découvrir et consommer sans modération.
HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE (1947) de Henry Koster
Un pasteur (David Niven), préoccupé par la construction d’une cathédrale, délaisse sa femme et sa fille. Face à cette situation et en réponse à ses prières, un ange (Cary Grant) est envoyé pour lui venir en aide. Avenant et charmeur, ce dernier tombe amoureux de la femme du pasteur (Loretta Young)…

Les fêtes de fin d’année sont propices à un certain type de films. Quoi de plus agréable que de se replonger dans une belle comédie romantique et quoi de mieux si celle-ci se déroule durant les fêtes de fin d’année ! HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE (étrange traduction / adaptation pour THE BISHOP’S WIFE) est une découverte, certes tardive, en ce qui me concerne. Les programmes tv des fêtes de fin d’année font parfois bien les choses.
Si LA VIE EST BELLE de Capra reste un inégalable « film de Noël », n’ayant rien perdu de son fort pouvoir émouvant et magique, ce film de Henry Koster à la distribution 5 étoiles est une perle du genre, associant avec justesse le fantastique, la comédie et l’émotion. On est à 100 lieues d’un cinéma actuel, aggressif et découpé à la serpette, et cette plongée dans un film de l’immédiate après-guerre, qui plus est en noir et blanc, et à l’aspect moralisateur bien présent en rebutera certains. Mais HONNI… dégage un charme et une modernité irrésistibles, toujours actifs malgré les années.
Le message du film (rien ne mérite de délaisser nos proches), clair et bien appuyé, n’empêche pas l’humour des scènes et l’intelligence des dialogues. Quant au trio d’acteurs, si comme moi vous êtes un amoureux de l’âge d’or hollywoodien, il ne peut que vous enchanter. Avec une mention spéciale au couple glamour formé par Cary Grant et Loretta Young.
HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE est un beau moment de cinéma classique, élégant et soigné, évoquant avec nostalgie un savoir-faire quelque peu suranné mais respectueux du public. Un idéal en période de fêtes de fin d’année, un peu oublié au profit d’autres classiques mais qui vaut le détour et devrait faire indéniablement partie des listes de film de Noël.
Je n’avais pas non plus aimé ce ROBOCOP ! Je te trouve même bien clément, je me souviens que je l’avais bien assaisonné dans mon billet. Mais c’est la trêve des confiseurs après tout 😉
Sinon je n’ai toujours pas vu LA STRATÉGIE ENDER. J’ai beaucoup aimé le livre et comme Nio s’était montré assez tiède sur le film, je me suis dit que j’attendrai son passage TV. Tu confirmes que je fais bien 😀
HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE a tout pour me plaire, il faudra que je pense à le regarder. Un de plus dans mon pense-bête !
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Pour ROBOCOP, pas de treves des confiseurs, je n’ai pas aimé mais vu le challenge, je m’attendais vraiment à pire. C’est une preuve de plus que ces remakes ou reboots récents n’ont pas de raison d’être. Pourquoi dépenser tant d’argent pour un échec annoncé ? Les voies de la production ciné m’étonneront toujours 😉
Pour LA STRATÉGIE ENDER, je n’ai pas accroché du tout. Froid, sans âme malgré des pointures comme Harrison Ford et Ben Kingsley…
Je te recommande chaudement HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE. Une découverte dans la nuit du 24 au 25… et une belle découverte ! Sûr que le film devrait te plaire Potzi ! Si tu as l’occasion de te faire une séance de rattrapage, n’hésites pas 😉
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Cette Stratégie Ender filmique est d’autant plus regrettable que le livre est un classique de SF vraiment bien. Je me l’étais relu l’an dernier en préparation du visionnage du film et… Catastrophe. Mais le pire (le mieux ?), c’est que je trouve 2,3 choses intéressantes dans ce film raté, alors que Je suis une légende (coucou Will Smith) et le récent The giver sont des massacres à la mitrailleuses (non, au missile plutôt) des livres dont ils sont issus, voire de la logique même qui précède à leur création. 😦
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Pas lu le roman ENDER mais je te crois bien volontiers quant à ta déception… On est souvent déçu par les adpatations de romans au cinéma, surtout si on a adoré le livre. Il faut se rendre à l’évidence : un film tiré d’un roman est une adaptation, ça ne peut que rarement être fidèle au bouquin. Et il peut y avoir de très bonnes raisons à cela, ne serait-ce que pour des raisons d’adapations à une époque, etc…
Après, je suis d’accord, il y a des massacres purs et simples, pour des raisons de pognon ou pou le simple fait qu’il y a une star « exigente » en tete d’affiche du film, genre Will Smith ou Tom Cruise. Et là, on ne peut qu’être complètement déçu
Pour LA STRATÉGIE ENDER, comme déjà dit, le film semble avoir été fait sans passion. Proprement mais sans réelle implication. Sans dépasser du bord mais avec le côté consciencieux d’un employé d’administration. C’est dommage…
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Petite remarque à l’intention de certains commentaires…
Chers tous, suiveurs occasionnels ou non. The Movie Freak n’est rien d’autres qu’un blog dont le thème s’articule autour du 7ème Art.
Il m’arrive, comme ce fut le cas hier, de donner mon humble avis sur un ou plusieurs films, sans suivre pour autant les avis de tout le monde. Non parce que j’ai à cœur d’avoir l’esprit de contradiction mais simplement parcequ’il s’agit de mon propre blog, et que j’y donne mon point de vue.
Quel intérêt alors de me laisser des commentaires « salés » sur le fait que je n’ai rien compris à tel ou tel film ? Ou que j’ai été trop indulgent pour tel autre ? Nous n’avons pas le même avis… et c’est tant mieux !
Je ne fait que partager mes goûts. Pas les imposer. Faîtes-en de même. Et restons courtois. Merci !
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