5 films pour vous dégouter de la Saint Valentin !

Passage obligé (ou pas) du mois de février, la Saint-Valentin nous est imposée à grands renforts de plans marketing rose Barbie, tout en poutoux sucrés et dégoulinades interdites aux diabétiques. Seul(e) ou en couple, il est impossible d’y échapper. Même au cinéma, l’amour est un genre à part entière. Et s’il est des films qui vous donneront envie d’être amoureux pour la vie, d’autres vous feront préférer l’adoption d’un chat ou d’un chien. En tout bien tout honneur, cela va de soit. Cynisme outancier et rictus grinçant de rigueur, voici donc une liste de films qui, par leurs sujets ou leurs traitements, pourraient bien vous dégoûter à jamais de la Saint-Valentin !

LA GUERRE DES ROSE (1989) de Danny DeVito

Oliver (Michael Douglas) et Barbara (Kathleen Turner) se sont follement aimés. Une passion qui a pris un rythme de croisière, engluée dans une routine bourgeoise des plus classiques. Le divorce, inévitable, va enclencher une véritable guerre pour la garde… des biens matériels !

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Scene d’amour fou entre Barbara et Oliver Rose (Kathleen Turner et Michael Douglas)

Lorsque l’acteur Danny DeVito se lance dans la réalisation de son deuxième long-métrage, il poursuit dans la comédie vacharde (après BALANCE MAMAN HORS DU TRAIN, parodie de L’INCONNU DU NORD-EXPRESS) et implique, avec pertinence, ses partenaires d’À LA POURSUITE DU DIAMANT VERT. Jouant dans l’excès et la démesure avec un talent et une complicité évidente les vieux époux usés par le quotidien, Michael Douglas et Kathleen Turner rendent leurs personnages si détestables et ridicules que leur affrontement prend des tournures cartoonesques irrésistibles.

On rit jaune et, même si la fin ouverte atténue la virulence du film, LA GUERRE DES ROSES reste à déconseiller aux futurs jeunes mariés. Quoique…

POSSESSION (1981) d’Andrej Zulawski

De retour chez lui à Berlin, Mark (Sam Neill) réalise que sa femme Anna (Isabelle Adjani), sujette à d’insoutenables crises d’hystérie, le trompe avec… une créature monstrueuse et tentaculaire !

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Anna (Isabelle Adjani) et son mari Mark (Sam Neill) : entre les deux, y’a une sale bête…

Je n’ai jamais été un fan du cinéma d’Andrej Zulawski. Mis à part L’IMPORTANT C’EST D’AIMER avec Romy Schneider, la constance de sa mise en scène à grands renforts de cris, de dialogues hurlés, d’angles de caméra déstabilisants, de sexe et de sang me laisse de glace. POSSESSION n’échappe pas à la règle. Film sur l’amour destructeur, la folie, le désir physique et la possession des âmes (amen ! d’autres blogs analyseront ce navet mieux que moi…), cette apologie de l’excès reste aujourd’hui un douloureux souvenir pour Adjani… que rien n’avait pourtant obligé à tant d’outrance, si ce n’est peut-être la mystique de la manip’ du metteur en scène. Pourtant, en 1975, elle incarna le rôle titre d’ADÈLE H. et récidivera dans l’amour obsessionnelle, en 1988, avec CAMILLE CLAUDEL. Comme quoi, chassez le naturel…

Quant à Zulawski, la légende dit qu’il écrivit le scénario de POSSESSION en état d’ébriété, enfermé dans une chambre New-Yorkaise (déjà le Carlton ?), en pleine période de divorce. Il se prit la tête sur le tournage avec Carlo Rambaldi, créateur d’E.T. et du KING KONG de 1976, qui lui livra une créature animatronique peu convaincante. Le réalisateur se chargea de la modifier sur le plateu, histoire de livrer quelques scènes de cul des plus craspecs. Les fans du cinéaste crieront au génie incompris. Moi je dis que certains devraient consulter…

MARIAGES ! (2004) de Valérie Guignabodet

De nos jours en France, au cours du mariage d’un jeune couple (Chloé Lambert et Alexis Loret), plusieurs invités se déchirent ou tentent de recoller les morceaux d’une vie de couple brisée…

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Qui d’Alex (Jean Dujardin), de Gabrielle (Miou-Miou) ou de Johanna (Cloé Lambert) est le plus lucide ?

Comédie grinçante, tentant de faire l’état des lieux d’un mariage comme tant d’autres, le film de Valérie Guignabodet, sans être une réussite à force de scènes convenues, s’avère pertinent à plus d’un titre. Réunissant un beau casting (Jean Dujardin, Miou-Miou, Didier Bezace… et la bluffante Lio, d’une profondeur et d’une émotion rare), MARIAGES ! nous rappelle que, derrière le bonheur de circonstance, chaque mariage est source d’anxiété, de conflits, de rancœurs étalées au grand jour et de doutes. Que l’on ait 20 ou 40 ans, l’équilibre du couple reste l’une des plus délicates des aventures et, comme le disait si bien Brassens, inscrire son nom au bas d’un parchemin n’est pas une finalité en soi.

Bien plus amère que douce, cette comédie est à déconseiller aux cœurs d’artichaut. On peut toutefois regretter, après cette avalanche de déconvenues, une happy-end bancale, digne d’une publicité pour dentifrice, venant quelque peu effacer la rage de son propos. Comme si la réalisatrice, inquiète par trop de noirceur, se soit décider à une fin heureuse. Mais MARIAGES ! reste à voir pour son propos sans concessions, ses acteurs et ses dialogues. Comme la réplique, désormais culte : « Si l’amour rend aveugle, le mariage redonne la vue ». Tout est dit !

LES LIAISONS DANGEREUSES (1988) de Stephen Frears

Vers la fin du XVIIIème siècle, en France, la marquise de Merteuil (Glenn Close) et le vicomte de Valmont (John Malkovich) s’adonnent au libertinage par le biais de défis. Mais ces jeux de l’amour vont se retourner contre eux lorsque Valmont s’éprend de la prude Madame de Tourvel (Michelle Pfeiffer)…

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Entre Valmont (John Malkovich) et Merteuil (Glenn Close), l’amour est un jeu de dupes…

Que les choses soient claires entre nous, LES LIAISONS DANGEREUSES, version Stephen Frears, est, à mes yeux, un chef d’œuvre indéniable. Qualité du scénario (adapté de la pièce de Christopher Hampton, elle-même adaptée du roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos), reconstitution soignée, brillants interprètes et casting 5 étoiles… Je ne remets pas en cause la réussite du film. Mais force est de constater que cette indémodable histoire ne donne pas vraiment envie de tomber amoureux.

Conte on ne peut plus moral, démontrant par une implacable mécanique que les trahisons amoureuses n’aboutissent à aucune victoire, LES LIAISONS DANGEREUSES est un constat amer sur notre conduite quand vient l’ivresse des sentiments. Faut-il être spontané et naïf et se laisser consommer par un amour à sens unique ? Ou se dissimuler derrière un cynisme dévastateur au risque d’être dévasté soi-même ? Vaste sujet de philo (vous avez 2 heures…) et véritable thriller romantique, cette superbe adaptation anglo-américaine nous place, à pic, devant le vertige des choix et des responsabilités. Comme le disait Alfred de Musset, un siècle après Laclos : « on ne badine pas avec l’amour ». À moins d’aimer les embrouilles.

LA MUTANTE (1995) de Roger Donaldson

Mise en observation dans un laboratoire secret, une créature hybride extra-terrestre (Natasha Henstridge) s’en échappe. Profitant de sa beauté plastique (du moins, en apparence…), elle séduit et élimine les hommes qu’elle rencontre dans le but de détruire la Terre…

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Michael Madsen est déçu : on lui vait promis une scène d’amour avec la mutante…

Ok, ce dernier choix va en dérouter plus d’un. Mais pour terminer sur une note légère, bien qu’horrifique, cette petite sélection de films anti-St Valentin, LA MUTANTE m’a semblé pertinente. Cette sympathique série B « Alienesque » (Giger est ici aussi le papa de la créature) donne à y réfléchir 2 fois avant de succomber à la première inconnue venue, même si les apparences laissent présager du meilleur. Croisement entre la créature de Frankenstein (les scientifiques ne seraient-ils pas la véritable menace ?) et la Mante Religieuse, cette fatale extra-terrestre est un véritable tue-l’amour.

D’ailleurs, derrière ses airs de simple divertissement du samedi soir, LA MUTANTE prend une toute autre tournure si on y regarde d’un peu plus près et que l’on a l’esprit mal tourné. Film ultra-féministe et vengeur contre ces beaufs dragueurs de dancing, litéralement détruits par leur addiction au sexe ? Scénario de SF cachant un excès de puritanisme et une allusion douteuse quant aux maladies sexuellement transmissibles ? Allégorie sur les apparences souvent trompeuses ? Bon, pour ma part, je n’en sais rien et ne cherche pas à alimenter les débats scabreux. Avec le recul, on peut tout de même se poser quelques questions… Mais ce qui est sûr avec LA MUTANTE, c’est qu’il ne donne pas envie de passer la bague au doigt à la griffe !

Cet article fait partie du Ciné Club du BRIC-À-BRAC DE POTZINA à découvrir en cliquant le lien !

© Crédits photos : 20th Century Fox / Studio Canal / Warner Bros Pictures / MGM.

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6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    Effectivement, voir La Mutante en fin de liste m’a fait bizarre mais au moins c’est amusant 😀 Je n’ai pas vu le film ni celui de Zulawski et on ne peut pas dire que tu m’aies donné envie de le voir celui-là 😉
    Sinon j’avais vu Mariages ! au ciné et j’avais été très déçue par la fin. D’ailleurs j’avais commencé à décrocher dans la dernière demi-heure. Dommage parce que le reste du film est grinçant à souhait.
    Quant aux Liaisons Dangereuses, c’est un vrai chef d’œuvre, tu as raison.
    Tout ça ne donne pas envie de prendre le voile mais on en n’est pas loin ! 😀

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    1. Pour LA MUTANTE, c’est une façon comme une autre de « faire un bon mot », c’est vrai. Et en y réfléchissant… je l’ai vu comme un film anti st-valentin 😉

      Pour la fin de MARIAGES !, oui, c’est totalement baclé. Dommage car le film n’est pas si mal…

      Pour LES LIAISON DANGEREUSES, j’ai bien envie d’y revenir plus longuement.

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  2. Chouette sélection de désamour. En parallèle de la guerre des Roses, qui me fait toujours plutôt rire, je rajouterai le cruel Le chat avec Jeannot et Momone, un vrai délice…

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Girlie ! Entièrment d’accord avec toi, LE CHAT avec le duo Signoret / Gabin est un grand moment de « je t’aime / je te hais » qui aurait pu figurer dans cette sélection 😉

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