Nouveau billet d’humeur amer à l’approche des cérémonies annuelles des Césars, deux jours avant celle des Oscars. Pour essayer d’en finir avec le plaqué or à la française…
RENDRE AUX CÉSARS
Avant toute chose, une petite mise au point s’impose : mise à part ce billet d’humeur, vous ne trouverez dans ce blog aucune info concernant les Césars 2015. Aucune course au scoop de dernière minute, pas plus que d’appel au boycott de ces soirées. Juste l’envie de vous donner mon avis sur ces remises de prix, sources de tous les commentaires, positifs ou négatifs.
J’ai été un grand fan des Césars et ne manquais aucune cérémonie. Nous regardions ça en famille, nous faisions des pronostiques, nous débattions ensemble de la tenue de telle actrice ou du smoking de tel acteur… En grand nostalgique, les Césars avaient pour moi le goût de soirées familiales, nous permettant surtout de voir en direct les acteurs que nous aimions.
Clairement inspirée par les Oscars américains, l’idée était de mettre en valeur le cinéma français, de s’auto-congratuler et, parfois, de relancer la carrière d’un film à une époque où l’on ne pensait pas encore (et pour cause) à l’exploitation vidéo pour amortir un peu plus le coût d’une production. Le premier film de Jean-Jacques Beinex, DIVA, reste probablement le meilleur exemple d’un certain « effet César », ses 4 statuettes décrochées lui permettant de rebondir et de devnir un gros succès public au début des années 80…
Mais là où le cinéma américain est depuis longtemps assimilé à un « entertainment », le cinéma français se pare régulièrement d’un voile d’intellectualisme peu adapté à un programme à la fois populaire et cérémonieux.
Là où les participants américains jouent le jeu, parfois de trop, les participants français affichent régulièrement des mines blasées, comme s’il était de rigueur de cacher sa joie pour paraître plus intelligent. C’est un fait même si, soyons honnêtes, des efforts certains ont été réalisés pour décontracter l’ambiance. Des maîtres de cérémonie comme Alain Chabat, Edouard Baer ou Valérie Lemercier, et une durée revue à la baisse ont allégé la tension palpable à l’écran.

Pourtant, j’ai toujours le sentiment qu’il existe encore une gêne bien française à recevoir un César. On grimpe fissa sur scène pour aller chercher la compression dorée, parfois le chewing-gum à la bouche ou les mains dans les poches. On balance 2/3 choses bien mordantes sur « l’industrie ciné qui va pas bien » ou sur le ministre de la culture qui devrait se bouger un peu plus… Bref, même s’il y a toujours des choses importantes à dire, l’endroit n’est pas vraiment bien choisi et cela donne plutôt envie de zapper le programme.
Est-ce donc un défaut d’exprimer sa joie lorsque c’est de mise ? Apparemment oui même si, là aussi, la tendance s’inverse parfois. Combien de têtes d’enterrement pour un François Cluzet qui s’enflamme ? Combien de bégueules pour un Omar Sy qui se fend la poire ? Que voulez-vous, on ne plaisant pas avec l’art dans notre riante contrée. Pour preuve cette prise en estime tardive de la comédie aux Césars, affichée un peu lourdement (« tiens, et si on nommait Danny Boon président d’honneur ? ») et pas réellement assimillée…
D’où vient cette impression d’amateurisme embarassant quand on nous parle de textes écrits pour les présentateurs et de répétitions comme au théâtre ? D’un public bien froid, attendant avec ennui de recevoir le 1er prix annoncé des semaines à l’avance ? C’est fort probable. Pour tout vous dire, je préfère encore le professionalisme des Oscars où l’on joue le jeu du spectacle plutôt que la fausse décontration détachée des Césars où le dédain est de mise.
Que dire de la « surprise » des résultats ? L’adaptation de la pièce à succès de Guillaume Gallienne LES ENFANTS ET GUILLAUME À TABLE, l’an dernier, ne méritait probablement pas autant de Césars, et l’embarras guindé du comédien, comme pour donner le change, semblait confirmer des résultats convenus et pas vraiment audacieux…
Pourquoi cette persistance à parler de « nomminés » alors qu’une nomination n’appelle que des nommés ? Bientôt 40 ans que l’on parle sans rectifier le tir de cette erreur de language qui irrite autant qu’une craie rayant un tableau noir…
Enfin, s’il est une chose qui m’est apparue de plus en plus absurde au fil du temps, c’est cette compétion qui s’appuie sur de biens faibles fondations : pourquoi choisir parmi plusieurs films, acteurs ou actrices des talents fort diffèrents… pour des œuvres complètement diffèrentes ? Imaginez une coupe sportive mêlant footballeurs et rugbymen, champion de golf et de billard, jouers d’échec et de poker. C’est pourtant bien ce qui se passe aux Césars ! On met sur la même ligne de départ un drame, un film historique ou une comédie sociale… et personne ne semble s’en étonner. On choisit le ou la meilleur(e) parmi des comédiens aux qualités réelles mais si personnelles… Pourquoi ne pas établir des prix du meilleur acteur dans une comédie ou de la meilleure actrice dans un rôle dramatique ?
Je ne sais pour vous mais pour ma part, un recap au 20H du lendemain me suffira amplement. Pas le temps de toutes façons, je me prépare pour la nuit des Oscars !
Je n’aime ni les Césars, ni les Oscars, ni les Victoires de la musique et consort. À quand le prix du meilleur plombier ? Non sérieusement, toutes ces célébrités qui s’auto-congratulent tous les ans, ça me fatigue. Ils devraient faire ça entre eux sans nous convier à la «fête». Ceux qui aiment le cinéma n’ont pas besoin qu’un film ait reçu un prix pour aller le voir ou l’apprécier. Et ceux qui n’aiment pas le cinéma se fichent pas mal des prix reçus ! En plus on se retrouve à chaque fois avec une dizaine de films de nommés comme si tous les autres étaient de la daube. Sans compter que le marketing joue à plein régime surtout avec les Oscars. Je suis encore pire que toi parce que je ne regarde même pas la récap’ au 20 heures 😀
J’aimeJ’aime
Je m’informe des résultats des Césars comme je m’informe de l’actualité générale… Quant aux Oscars, je regarde le show (parce que c’est un show qui s’assume, au moins…) plus pour les détournements / parodies et autres délires de certains animateurs que pour les résultats en eux-même. J’ai suivi la cérémonie en direct quand Jean Dujardin à reçu son Oscar, et j’avoue que c’était un beau moment. Encore une fois, ce qui me plait le moins dans tout ça, c’est l’absurdité de mettre en compétition des œuvres appartenant à des genres diffèrents ou des acteurs ne pouvant être comparés entre eux à mes yeux…
Ce que tu dis sur le fait que les résultats importent peu n’est pas faux. Je suis d’accord sur le principe : on va voir un film parce qu’on a envie de le voir, cinéphile ou non, et pour de multiples raisons. Mais comme je le souligne dans ma chronique, il peut y avoir un « effet César » comme un « effet Osacr », que l’on apprécie ou pas ce genre de soirées. D’où je trouve pénible la connerie de ces jeunes acteurs/réalisateurs qui prennent cela avec mépris alors que ça peut parfois booster leurs carrières…
Et puis je suis pratiquement sûr (à 99,5%) que tu parleras un peu sur ton blog des Oscars si Benedict Cumberbatch obtenait celui du meilleur acteur pout The Imitation Game… 😉
J’aimeJ’aime
Oh je serais contente pour Benedict s’il obtenait un prix et je partagerais sûrement sur FB mais je n’en ferais pas un billet, non 😉 N’empêche que certaines personnes y tiennent beaucoup à leur Oscar : Xavier Dolan enrage que MOMMY ne soit pas nommé et JP Jeunet ne se remet toujours pas que son Amélie n’en ait reçu qu’un sur une quinzaine de nominations. Comme quoi…
Mais en France on adore jouer les blasés de tout, c’est un sport national. Pourtant on ne peut pas dire qu’on ait souvent de quoi se réjouir.
J’aimeJ’aime
Ah ah ! Don’t touch my Benedict 😀
J’ai vu effectivement « l’affaire Dolan »… En même temps, son film c’est son bébé et on peut comprendre sa déception. Idem pour Jeunet… Après, je suis d’accord avec toi, ça ne changera rien au fait que les gens aimeront et iront voir leur film. Peut-être que pour eux en tant qu’artiste, une certaine reconnaissance de leurs pairs peut les stimuler et leur faire plaisir…
Comme tu le dis, en France, on est revenu de tout et il ne faut pas afficher sa joie ou sa tristesse, surtout si c’est profond. C’est idiot, ce côté coincé et c’est ce qui a fini par gâcher les Césars au fil du temps. Il ne me semble pas que c’était toujours comme ça, au début du moins… Pour les Oscars, j’avoue que les résultats m’importent peu mais le côté « entertainment » et parterre de stars m’emballe quand même. Plaisir coupable, que veux-tu 😉
J’aimeJ’aime