Pour une poignée de films… #7

Hasards et coïncidences avec un minimalisme commun pour cette nouvelle poignée de films. Au menu : de la SF anxiogène, de la comédie française complètement loufoque et du fantastique hautement philosophique.

APOLLO 18 (2011) de Gonzalo Lopez Galego

En 1974, alors que la série de missions Apollo s’est arrêtée 2 ans plus tôt, 3 astronautes sont envoyés sur la Lune pour un projet top-secret. Sur place, ils découvrent l’épave d’un module soviétique…

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Sur la Lune, personne ne vous entend crier.

Négatif ou positif, l’uniformité des avis touche le petit monde des cinéphiles / cinéphages à la vitesse d’un cheval au galop. S’il est bien conforme de vénérer trop rapidement un film, il en est de même pour le descendre en quelques mots. Prenez APOLLO 18, par exemple. C’est impressionnant de voir combien le film récolte de critiques négatives. À tort, à mon humble avis.

Surfant sur la vague du faux documentaire (ou « mockumentaire », voire « documenteur ») et du « found footage », dans l’esprit de BLAIR WITCH PROJECT ou du FORGOTTEN SILVER de Peter Jackson, APOLLO 18 s’inspire également des nombreuses théories du complot véhiculées depuis l’alunissage de la mission APOLLO 11 en 1969. Mêlant adroitement images d’archives et scènes avec acteurs, le film de Gonzelo Lopez Galego est une petite réussite du genre, à la fois minimaliste et anxiogène à l’extrême.

On pense bien sûr au ALIEN de Ridley Scott. L’arrivée sur une autre planète, la découverte incongrue d’une épave, le sentiment d’une autre présence… Malgré les multiples critiques récurrentes qui pleuvent sur APOLLO 18, j’ai trouvé ce thriller de SF plutôt réussi dans son genre, prenant de bout en bout et très soigné pour un « petit » budget de 5 millions de dollars. Et puis quoi de plus drôle que de lire, sur le net, ces commentaires inquiets, paniqués à l’idée que l’on nous cache quelque chose ! Puisqu’on vous dit que c’est pour de faux, enfin !? Sans doute les mêmes qui en veulent à Spielberg de chasser le Diplodocus…

LA FILLE DU 14 JUILLET (2013) de Antonin Peretjatko

Durant un été en France, alors que le gouvernement a décidé d’avancer la rentrée d’un mois pour cause de Crise, Hector (Grégoire Tachnakian), gardien dans un musée, tombe amoureux de la brunette Truquette (Vimala Pons), vendeuse de mini-guillotines à la sauvette pendant le défilé du 14 juillet. Avec son ami Pator (Vincent Macaigne), pseudo médecin, et sa collègue Charlotte (Marie-Lorna Vaconsin), Hector propose à Truquette de partir à la plage…

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La seule chance dans la vie de Julot (Estéban), c’est de régulièrement croiser Truquette (Vimala Pons)…

Un OFNI (Objet Filmique Non Identifié). Une déconnade. Une comédie foutraque qui ne se prend jamais au sérieux, au risque d’être mal interprétée par ceux qui se prennent trop au sérieux. Voilà, en quelques mots, le résumé de cette FILLE DU 14 JUILLET, réalisation hors norme qui emprunte autant à Godard qu’à Max Pecas (pour reprendre à peu près les termes de la critique des Inrockuptibles à la sortie du film).

Tourné avec des bouts de ficelle à 22/23 images par seconde pour donner à l’ensemble cette légère accélération qui le rapproche du cinéma muet, et ajouter également cette tonalité aigue et décalée aux voix des acteurs, LA FILLE DU 14 JUILLET est une surprise burlesque et irrévérencieuse, totalement écrite et préparée selon son réalisateur Antonin Peretjatko, malgré une apparente improvisation.

Esprits logiques s’abstenir ! Ici, un docteur aux faux airs de Lionel Jospin pratique la médecine sans diplôme avant de s’enfuir à bord d’une DeLorean tout droit sortie de RETOUR VERS LE FUTUR. Une jolie brune se fait appeler « Truquette » parce que c’est le féminin de « Truc ». On prépare des cocktails à coups de hache. On se tire dessus à l’aide de balles au chloroforme. On coupe des doigts, des bras et des têtes parce que c’est le 14 juillet. On danse frénétiquement sur du jazz qui craque… Aucune logique si ce n’est le détournement en règle des codes classiques du cinéma sans se soucier de la continuité des plans, tout en glissant des références à la Nouvelle Vague.

Porté par le charme de la craquante Vimala « rhhaaaaaaaa » Pons, légère et (très) court vêtue comme Pérette et son pot de Bridélice, LA FILLE DU 14 JUILLET doit se prendre comme une petite bouffée de fraîcheur dans un monde morose. J’ai juste regretter qu’il n’y ait pas un minimum de construction dans le délire. La dernière partie du film, Benny Hillesque, traine en longueur et les rires font place à des baillements d’ennui. Loin d’un grand film mais une œuvre culte, c’est sûr…

THE MAN FROM EARTH (2007) de Richard Schenkman

Alors qu’il quitte ses fonctions universitaires et s’apprête à déménager, le professeur John Oldman (David Lee Smith) reçoit la visite surprise de collègues et amis venus improviser une petite fête. La conversation prend une tournure inattendue et surprenante lorsque John révèle au groupe les raisons de son départ…

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Une réunion amicale lourdes de conséquences vertigineuses…

Ultime récit écrit par Jérôme Bixby, célèbre auteur de Science-Fiction outre-atlantique, connu pour ses scénarios sur les séries STAR TREK et THE TWILIGHT ZONE, THE MAN FROM EARTH est une œuvre à la fois minimaliste et ambitieuse. Spartiate dans son traitement, soit une poignée d’acteurs méconnus (certains reconnaitront surtout Tony Todd, ex CANDYMAN…) dans un décor unique et dépouillé, le film s’articule autour d’un secret dont la révélation va bouleverser les croyances profondes des principaux protagonistes, qu’il s’agisse de religion, de science ou de philosophie.

Doté d’un maigre budget mais bénéficiant d’une image soignée, bien que proche du théâtre filmé ou de l’œuvre de fans, THE MAN FROM EARTH est le seul film à ma connaissance dont ses créateurs ont loué le téléchargement illégal afin de le faire connaître au plus grand nombre ! Une diffusion non autorisée qui a énormément contribué au culte dont il bénéficie aujourd’hui sur la toile, le faisant sortir de son circuit restreint sur le seul territoire nord-américain. On peut d’ailleurs toujours trouver THE MAN FROM EARTH en streaming sur plusieurs sites. Et des éditions DVD et blu-ray sont depuis quelques années disponibles à un prix abordable…

Au delà de ce faux amateurisme, THE MAN FROM EARTH est une création marquante pour son sujet et le jeu juste de ses acteurs (préférez une VOSTF si vous décidez de le voir). Ne comptez pas sur moi, bien sûr, pour vous abreuver de spoilers. Sachez juste que le récit invite toutes les réflexions et les plus hauts débats, ce que pourrait lui envier nombre de grosses productions actuelles sans âme.

Il est fort probable que THE MAN FROM EARTH en rebutera certains, freinés par l’emballage auteurisant du film. Je ne peux que vous inviter pourtant à découvrir cette rareté à la fois profonde et prenante. Tout (ou presque) est dans le scénario. Mais il vaut le détour !

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    Je n’ai vu que La Fille du 14 Juillet que j’ai beaucoup aimé. C’est foutraque et joyeux, ça fait du bien les jours de grisaille 🙂
    Les autres, je ne les ai pas vu et je n’avais jamais entendu parler d’Apollo 18 ou alors j’ai oublié ! Je suis assez tentée vu ce que tu en dis, tu teases très bien 😉

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    1. Merci bien, Dame Potzi 🙂

      Oui, LA FILLE DU 14 JUILLET m’a bien fait rire. Et Vimala Pons est craquante à souhait. C’est vrai qu’elle est quand même souvent nue dans ses films. Mais je ne vais pas m’en plaindre. Et elle est bien plus pétillante qu’une Léa Seydoux, par exemple… et par hasard 😉

      Pour APOLLO 18, ma passion pour l’épopée spatiale m’avait donné envie de le voir même s’il s’agit bien sûr d’une pure fiction (je rappelle ça à ceux qui en douteraient, on ne sait jamais…). Je te préviens quand même, c’est assez flippant et tu vas faire des bonds… Ce qui reste amusant au final, c’est que le film donne une hypothèse sur le fait que l’on n’ait plus jamais marché sur la Lune depuis plus de 40 ans !

      Enfin, pour THE MAN FROM EARTH, ça vaut le détour je pense, malgré un minimalisme extrême. Même si le sujet a déjà été exploré dans le domaine du fantastique, la révélation du récit donne le vertige et est développé de manière intelligente…

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      1. niolynes dit :

        On forme la communauté Vimala Pons du woueb 2.0 dorénavant. 😀
        Sinon le cas d’Apollo 18 me fait penser à celui d’Europa Report (qui pioche lui aussi sa fiction en la bâtissant savamment sur l’alternance found-footage/évènements filmés en direct) qui n’avait pas eu beaucoup de critiques positives non plus et que j’avais bien apprécié pour ma part. Je le met sur ma wishlist, de même que The man from Earth qui me fait de l’oeil depuis un moment par contre. 🙂

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  2. Ah ah ! La Vimala fait tourner les têtes 😉
    Pas vu EUROPA REPORT, je vais me renseigner sur le film…
    Pour THE MAN FROM EARTH, j’attends de voir ton avis Nio. Sûr que le film est on ne peut plus minimaliste. Mais son sujet devrait te passionner.

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