Dans le cadre de l’opération DVDTrafic avec CINÉTRAFIC, un retour aux sources très attendu avec le GODZILLA de Ishiro Honda, film matriciel de 1954 proposé dans sa version d’origine.
L’histoire
Au Japon au début des années 50, une série d’essais nucléaires réveille une gigantesque créature, entraînant destruction et désolation sur son passage…
La critique
Je sais, je vais me faire de nouveaux ennemis. Ils n’auront qu’à faire la queue, comme les autres. À mes yeux, GODZILLA a sa place dans le cinéma japonais aux côtés des classiques d’Osu ou de Kurosawa. Et j’enfonce le clou : si on aime les films du pays du soleil levant, on ne peut pas passer à côté de la saga « monstre » débuté en 1954 par Ishiro Honda.
Je ne vous ai pas convaincu ? D’accord d’accord, les matchs de catch entre cascadeurs vêtus de costumes en caoutchouc mousse de plusieurs dizaines de kilos, s’envoyant des bourrepifs et des savates dans la tronche en écrasant des maquettes de maison Playmobil, ça n’est pas pour vous. Les mites géantes ou les invasions de monstres en plastiques sur fond de décors en feutrine, vous croyez avoir suffisamment donné en vous gavant de Club Dorothée et autre Bioman dans votre enfance télévisuelle… Soit. Sachez pourtant que ce GODZILLA est devenu, avec le temps, l’égal du KING KONG de Schoedsack et Cooper : un bijou noir et blanc, véritable témoignage de son époque.
L’après-guerre, celle de 39-45, voit les inquiétudes de l’ère atomique envahir le grand écran. Considéré comme le premier film de créature géante de cette période, LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS débarque en 1952 sur les écrans. Avec son dinosaure réveillé par des essais nucléaires, il a probablement inspiré (influencé ?) les producteurs de la Tôhô, célèbre maison de production nippone, lorsqu’ils mirent GODZILLA en chantier.
L’autre influence non négligeable dans la création du monstre asiatique vient bien sûr du traumatisme causé par les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Près de 10 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon est encore sous le choc. Rien d’impossible à comprendre. GODZILLA sera leur façon de mettre un nom et une « image » sur l’horreur nucléaire. Et d’évoquer, à travers l’apparence d’un simple « film de monstre » ou « kaijū eiga », la folie des hommes dans leur course à l’auto-destruction.
Loin des dérives cartoonesques de ses propres suites, le voyant devenir le défenseur du peuple japonais et enfanter un rejeton grotesque, le GODZILLA de Ishiro Honda est une œuvre crépusculaire, dont la photo noir et blanc fait ressortir le traumatisme du récit, à l’image de ses plans de destruction comme tirés d’un reportage d’après la Bombe.
Créature hybride inspiré de plusieurs espèces dont le Tyrannosaure ou l’Iguanodon, Godzilla – dérivé du japonais « Gojira », mi gorille mi baleine – apparaît dans toute sa dimension chimérique, masqué en partie par la fumée et l’obscurité lors de ses attaques urbaines dévastatrices. Si le film et ses effets spéciaux ont certes vieilli, ces apparitions cauchemardesques et le néo-réalisme des scènes dramatiques, nous montrant les victimes du monstrueux fléau, lui donne une puissance émotionnelle toujours intacte.
Malmené par une version américanisée sortie en 1956, avec l’acteur Raymond Burr comme fil conducteur du récit, GODZILLA fut également trituré et remonté pour sa sortie française à la même époque. Longtemps vu chez nous dans cette seule copie, le film bénéficia heureusement, en 1997, d’une sortie en VHS de la version d’origine grâce à HK VIDEO et à l’implication du cinéaste et journaliste Christophe Gans. Proposé enfin dans une très belle copie DVD et blu-ray, rendant justice au superbe noir et blanc du film, GODZILLA reste un indéniable classique, à (re)découvrir enfin dans de bonnes conditions.
À découvrir en parallèle la chronique du GODZILLA, version 2014 signée Gareth Edwards.
Les bonus
Le DVD propose la suite directe du film, LE RETOUR DE GODZILLA, dans une version qui ne bénéficie pas de la même restauration que le film de Ishiro Honda. Des bandes-annonces sont également à découvrir… À quand un documentaire / making-of digne de ce nom ?
GODZILLA est sortie le 10 mars 2015 chez METROPOLITAN FILMEXPORT
À voir sur CINETRAFIC la fiche du film GODZILLA dans les rubriques CULTES À DÉCOUVRIR et GODZILLA
«vous croyez avoir suffisamment donné en vous gavant de Club Dorothée et autre Bioman dans votre enfance télévisuelle» : il y a de ça, oui ! 😀
Je l’ai vu il y a longtemps, je me souviens d’un monstre détruisant tout sur son passage. Et puis il y a eu des remakes avec un monstre détruisant tout sur son passage… Je pense être moins sensible que toi à ce film mais je le reverrai peut-être un jour quand il passera tard sur ARTE 😉
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Celui-là, je l’aime bien. Il y a du KING KONG dans ce film. Les suites l’ont quand même bien égratigné…
Une petite mise à jour dans ma réponse… C’est sûr, si tu n’aimes pas ce genre de film, tu y verras toujours la même chose. Comme quelqu’un qui n’aime pas James Bond et s’ennuiera ferme en voyant les films, n’y trouvant qu’un type en smoking jouer avec des voitures à gadget avant de partir avec la fille de l’histoire après avoir dégommer le méchant. Ou d’autres qui ne verront avec Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit que la même histoire de mecs hirsutes se tapant sur la tronche à coups de glaive ou de hache, en débitant un baragouin incompréhensible à base de Mordorire et de Comté à la coupe 🙂
Au cinéma comme en musique ou en littérature, s’il est bon de sortir parfois de ses goûts de prédilection, il ne faut jamais se forcer. Mais si tu ne devais en voir qu’un seul, dans la série des Godzilla, ça devrait être celui-là !
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Encore un billet passionnant, merci !
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De rien manU 😉
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Je ne dirais qu’un mot tel le lion qui rugit de plaisir : GROAAAAAAAR. 😀
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Ou tel le Godzi qui grogne de joie 😉
Merci Nio !
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