« L’été sera chaud » disait le chanteur de variétés. Et à chaque saison correspond sa liste de films. Vous mouillez la chemise et le tricot de peau au bureau. Ou vous entretenez votre couenne tannée sur une plage surpeuplée, la carcasse luisante de crème indice 50 et le peeling sablonneux de rigueur… Quoi de mieux pour rester à la fraîche qu’une bonne salle climatisée ? Quoi de plus rafraîchissant qu’une séance de rattrapage dans la douceur tamisée de votre salon, une boisson glacée dans une main et une bonne compagnie de rigueur dans l’autre ? Voici un choix de films à voir ou à revoir pour piquer une tête et buller au soleil sans craindre le mélanome.
PLEIN SOLEIL (1960) de René Clément

Classique de rigueur pour une liste estivale, PLEIN SOLEIL est tiré du roman de Patricia Highsmith, MONSIEUR RIPLEY, publié en 1955. Interprété ici par Alain Delon, Tom Ripley fut le personnage récurrent de plusieurs autres livres de la romancière américaine. Ainsi, RIPLEY S’AMUSE devint L’AMI AMÉRICAIN de Wim Wenders en 1977 et le personnage pris cette fois les traits de Dennis Hopper.
Tourné en Italie, PLEIN SOLEIL reste, plus de 50 ans après sa sortie, LE film noir le plus lumineux que le cinéma ait jamais produit. Lumière chaude des magnifiques décors naturels, lumière aveuglante du soleil dans le ciel bleu et sans nuages, lumière photogénique des acteurs… Derrière cet éblouissement permanent se cache la noirceur des sentiments. Au delà de l’insouciance, l’oisiveté de ce jeune trio de vacanciers dissimule l’inéluctable drame.
Délaissant les connotations homosexuelles appuyées du roman d’origine, René Clément et Paul Gégauff ont axé le scénario sur le suspense et sur l’ambigu Tom Ripley, s’appuyant sur la beauté incendiaire d’un jeune Delon en début de carrière. Devenant le complice involontaire du « héros », le public est entraîné malgré lui dans un engrenage parfaitement huilé. Huis-clos étouffant en plein air, PLEIN SOLEIL est devenu une référence que les remakes et autres films plus ou moins ressemblants n’ont jamais pu égalé.
OPÉRATION TONNERRE (THUNDERBALL-1965) de Terence Young

On a souvent vu James Bond à la plage. Dr NO a inauguré cette belle idée des créateurs de la série ciné d’emmener le public dans des contrées exotiques qu’il n’a jamais pu voir auparavant, époque oblige. 3 ans après, THUNDERBALL marque une étape charnière.
En 1965, 007 est devenu une icône internationale. Les hommes rêvent de ses voitures. Les femmes rêvent de Sean Connery. Les mômes rêvent de ses gadgets. Et le public en veut toujours plus. THUNDERBALL va imposer l’image de Bond au cinéma, telle qu’elle existera durant près de 4 décennies. Le film deviendra l’épisode le plus rentable durant de longues années.
THUNDERBALL fera date pour ses nombreuses et superbes séquences maritimes, devenant le plus aquatique des films de la saga. L’eau bleue turquoise de la Jamaïque, la plastique de Claudine Auger, première bond-girl française, et les scènes de batailles sous les mers contribueront à en faire le Bond idéal pour l’été, tout en sirotant une vodka-martini secouée mais non agitée !
LA PISCINE (1968) de Jacques Deray

Delon en large (je l’aime bien celle-là, fallait que je la place !) sur l’écran et à nouveau dans un thriller psychologique au soleil. Où son personnage assassine à nouveau le personnage de Maurice Ronet ! Mais cette fois-ci, le huis-clos a pour cadre une villa dans les hauteurs de Saint-Tropez. Cruchot et ses gendarmes sont partis en ballade. Mais on y gagne au change avec la sublime Romy Schneider et l’adorable Jane Birkin.
Avec ce film de Jacques Deray, Romy Schneider souhaitait faire oublier son personnage mièvre de Sissy Impératrice. Mais l’imposer pour le rôle ne fut pas chose aisée. Claude Sautet n’en avait pas encore fait son actrice fétiche. Son image de jeune fille fraîche et candide dans des bluettes bavaroises marquait encore les mémoires, malgré LE PROCÈS tourné avec Orson Welles. Et l’équipe de LA PISCINE ne l’imaginait pas dans le rôle féminin principal.
Malgré ces réticences, Romy Schneider fut choisie, appuyée par Delon. La légende dit que lorsqu’elle arriva en maillot de bain, pour tourner ses premières scènes, le silence se fit sur le plateau. Jacques Deray venait de comprendre qu’il avait fait le bon choix. La jeune et timide comédienne avait laisser la place à une femme superbe et épanouie et à une actrice au jeu plus nuancé…
LE SAUVAGE (1975) de Jean-Paul Rappeneau

Jean-Paul Rappeneau est un réalisateur qui prend son temps. 8 films seulement en 50 ans d’activité (LA VIE DE CHÂTEAU, LES MARIÉES DE L’AN II, TOUT FEU TOUT FLAMME, CYRANO DE BERGERAC avec Depardieu…) mais des œuvres racées et soignées, tant au niveau de l’image que du scénario. Co-écrit avec sa sœur Elizabeth et Jean-Loup Dabadie, LE SAUVAGE est une comédie d’aventures, reprenant l’éternel thème des contraires qui s’attirent inexorablement.
Martin (Yves Montand) a tout quitté pour vivre en solitaire sur une île au large du Venezuela. Son métier de « nez » dans une grande multinationale spécialisée dans les parfums et dirigée par sa femme l’a poussé à prendre la tangente et à vivre libre. Nelly (Catherine Deneuve), belle blonde fraîchement mariée, décide de fuir son époux « exubérant » sur un coup de tête et bouleverse la tranquillité de Martin…
Sorti il y a 40 ans et rarement diffusé à la télévision, LE SAUVAGE n’a pourtant pas pris une ride. Son sujet, évoquant vaguement celui d’ITINÉRAIRE D’UN ENFANT GÂTÉ, est toujours d’actualité – partir au bout du monde pour vivre une vie plus intense – et la vie de Robinson du personnage de Martin donne des envies de cabane dans les arbres et de journées au grand air.
Ce fut aussi la première rencontre cinématographique du couple Montand / Deneuve. Lui, émacié et buriné, y interprétait probablement son personnage le plus attachant. Quant à elle, toute en blondeur lumineuse et bondissante, elle irradiait l’image et démontrait que les grands espaces naturels et la comédie lui convenaient bien mieux qu’une robe Channel.
LES GRANDS FONDS (THE DEEP-1977) de Peter Yates

2 ans après le raz-de-marée provoqué par la sortie de JAWS / LES DENTS DE LA MER, la Columbia surfe sur la vague géante et adapte un autre roman de Peter Benchley, THE DEEP. Point de squale affamé mais un récit d’aventures au fond des mers qui suit les vacances mouvementées de David et Gail (Nick Nolte et Jacqueline « rhaaaaa » Bisset), un couple de New Yorkais en villégiature dans les Bermudes. La découverte d’une épave (qui en cache une autre) lors d’une plongée les entraîne dans une périlleuse chasse aux trésors…
Réalisé par le britannique Peter Yates, cinéaste mieux connu pour BULLITT, LES GRANDS FONDS évoque LES DENTS DE LA MER sans pour autant lui ressembler. Non pas que le film soit mauvais, bien au contraire. Distrayant et prenant pour ses somptueuses scènes sous-marines, le film n’est pas devenu une référence comme son cousin Spielbergien. Ici, le danger vient de l’avidité des hommes (l’appât de l’or et de la drogue) bien qu’une murène terrifiante provoque de nombreux sursauts.
Robert Shaw reprend, avec talent et cabotinage, son personnage de « vieux loup de mer bourru » qu’il avait étrenné dans JAWS. Et John Barry prend le relais de John Williams en offrant une superbe BO mystérieuse et envoûtante. Période Disco oblige, le thème du film, interprété par Donna Summer, fut un carton de l’été 77. THE DEEP reste un bel exemple d’avant le tout numérique : les scènes de plongée furent tournés avec les vrais acteurs, occasionnant quelques frayeurs malgré une sécurité accrue. Quant à Jacqueline Bisset, sa sortie de l’eau vêtue d’un tee-shirt mouillé marqua les esprits. Serait-elle indirectement à l’origine du fameux concours ? C’est bien possible…
Très sympa cet article, j’aime bien l’idée 🙂
De tous les films dont tu parles, il n’y a que Les Grands Fonds que je n’ai jamais vu et ça me tente bien.
Sinon, 100% d’accord avec toi pour les autres 🙂 Une mention spéciale pour La Piscine qui est un film que j’adore. Romyyyy ! 😉
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Merci Potzi ! Ah oui, Romy Schneider dans La Piscine… c’est la canicule annoncée 😀
Pour Les Grands Fonds, c’est un bon film, parfait pour l’été. L’histoire est classique mais c’est du bon divertissement… Je crois qu’il y a moyen de le trouver pour pas cher en dvd. Ou alors peut-être lors d’une diffusion tv…
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J’adore Plein Soleil ! Ce fut je crois l’une de mes découvertes cinéphiliques les plus marquantes de ces dernières années personnellement. Et le sauvage, quel bien chouette film (chroniqué sur mon blog lui), j’aime beaucoup ! La musique de Legrand, Montand qui ronchonne, Deneuve en emmerdeuse attachante, cette île loin de tout et ce film qui mélange adroitement vaudeville avec un peu d’aventures. Quel régal ! 🙂
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Je vais aller voir ta chro sur LE SAUVAGE. J’adore ce film, une vraie bouffée d’air frais. Et Deneuve est à tomber… J’aime beaucoup le cinéma de Rappeneau. Dans un autre genre, LES MARIÉS DE L’AN II est un de mes préférés…
PLEIN SOLEIL est un classique indétronable. Je te recommande le roman de Patricia Highsmith si tu ne l’as pas déjà lu… Le remake avec Matt Damon et Jude Law ne m’avait pas convaincu. Plat et mou du genou, trop appliqué et sans saveur…
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