Pour une poignée de films… #10

Pour ce 10ème volet des chroniques de films en mode « rapido », je vous propose une aventure humaine bien réelle mais inédite en salles, un mix entre invasion alien et possession démoniaque, et, une fois n’est pas coutume, la suite d’un bon reboot.


KON-TIKI (2012) de Joachim Rønning et Espen Sandberg

En 1947, le norvégien Thor Eyerdahl (Pål Sverre Valheim Hagen), passionné par l’Océan Pacifique, ses peuples et leur culture, cherche à prouver que les îles Polynésiennes ont été en partie colonisées par des habitants d’Amérique du Sud. Avec 5 autres membres d’équipage, il embarque à bord d’un radeau, le Kon-Tiki, et part du Pérou pour un périple en mer de 8000 km…

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Co-production britannico-norvego-suédoise réalisée il y a 3 ans, KON-TIKI est une nouvelle preuve des incohérences  de la distribution cinématographique française. Alors que tant de films aux apparences de téléfilms sont distribués en salles chaque semaine, celui de Joachim Rønning et Espen Sandberg a directement – et discrètement – été diffusé en vidéo, alors qu’il a obtenu l’Oscar du meilleur film étranger en 2013.

C’est vrai, il n’y a aucune star dans KON-TIKI. Il n’y a pas de super-héros non plus. Juste une belle aventure humaine, réelle qui plus est. Celle d’un explorateur, passionné jusqu’à l’inconscience, si sûr de lui et de ses théories qu’il finit par prouver ses dires en entraînant avec lui une poignée d’hommes tous aussi avides d’aventure et d’exploration. L’histoire vraie de ce bateau de fortune, ressemblant plus à un radeau fait de troncs de balsa et de cordes, nommé Kon-Tiki en référence au dieu du soleil chez les Incas, a pourtant de quoi faire rêver sur un écran géant.

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KON-TIKI a en effet tous les atouts d’un beau film d’aventures à l’ancienne, dans le bon sens du terme. La photographie n’a rien à envier aux plus belles productions hollywoodiennes et tous les moyens sont mis en œuvre pour offrir aux spectateurs son lot d’émerveillement et de frissons avec, cerise sur le gâteau, un petit clin d’œil aux DENTS DE LA MER.

L’idée des 2 cinéastes à l’origine du film n’est pas uniquement de vendre du rêve à n’importe quel prix. Thor Eyerdahl n’est pas présenté comme un héros sans faille, malgré son enthousiasme et son optimisme à toutes épreuves. L’homme apparaît aussi comme un égoïste, ambitieux et dont l’idée fixe se concrétise au mépris de ses amis et de sa famille. Le générique de fin nous rappelle d’ailleurs qu’il en paiera le prix…

Le film doit également sa réussite à ses acteurs, crédibles et impliqués. On se dit au final qu’un tel projet aux mains d’un gros studio, avec des vedettes au casting, n’aurait pas été aussi convaincant et sincère dans la démarche. Le seul regret demeure hélas sa quasi confidentialité. Si le dépaysement et les belles histoires vraies vous tente, le film se trouve sans problème en vidéo, dans les bonnes boutiques ou sur le net.


DARK SKIES (2013) de Scott Charles Stewart

De nos jours aux États-Unis, Lacey et Daniel Barrett (Keri Russel et Josh Hamilton) vivent avec leurs deux garçons, Jesse et Sam (Dakota Goyo et Kadan Rockett) dans un petit lotissement de banlieue. Le couple, touché par le chômage de Daniel, traverse une crise conjugale difficile. Une nuit, Lacey découvre que des intrus ont pénétré par effraction leur domicile. Alors qu’une série d’évènements de plus en plus étranges se produisent, le cadet des enfants Barrett semble être la proie de curieux phénomènes…

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Film d’angoisse et de SF « intimiste » (comprenez : à petit budget), DARK SKIES n’a pas fait l’unanimité à sa sortie en salles. Loin d’être un chef-d’œuvre, le film de Scott Charles Stewart n’est pourtant pas le ratage que des blogueurs unis dans le dénigrement souhaitent nous faire croire.

Évoquant un long épisode d’X-FILES, le film mêle « invasion alien » et « possession maléfique » dans un contexte social et familial actuel. Soit une famille comme tant d’autres, malmenée par la Crise et les dettes de toutes sortes. Inexplicablement confrontée à l’improbable, les Barett n’ont d’autres choix que de faire bloc contre une menace venue… de très loin !

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Le message véhiculé par le film est appuyé mais l’idée de proposer une invasion minimaliste, loin des destructions en tout genre auxquelles le cinéma US nous a habitué depuis des années, n’est pas déplaisante. Évoquant par certaines scènes en début de film le RENCONTRES DU 3ème TYPE de Spielberg ou le POLTERGEIST de Tobe Hooper, DARK SKIES procure son petit lot de frissons et de sursauts bienvenus, avec quelques scènes chocs et dérangeantes qui ne virent pas non plus dans la surenchère du gore.

L’autre atout du film est de ne pas chercher à tous prix à tout expliquer. Les protagonistes du film sont « choisis » sans réel raison, comme d’autres avant eux l’ont été, et le seront après eux. Le film plonge ainsi en pleine paranoïa, suggérant que nous ne sommes que des rats de laboratoire, manipulables à l’envie sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. DARK SKIES ne s’adresse donc pas aux esprits cartésiens mais aux fans de fantastique complotiste.

L’aspect crédible vient d’un casting convaincant et touchant (mention spéciale au couple formé par Keri Russel et Josh Hamilton), peu ou pas connu. Leur détresse face à l’inexplicable retient l’attention jusqu’au dénouement non conventionnel bien que volontairement ouvert.


LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT (2014) de Matt Reeves

Créé à l’origine pour contrer la maladie d’Alzheimer, un rétrovirus de laboratoire a décimé la Terre. 10 ans plus tard, quelques humains survivants, mené par Malcom (Jason Clarke) et Dreyfuss (Gary Oldman) tentent de survivre dans les ruines de San Francisco. Le besoin d’électricité les poussent à vouloir réactiver un barrage hydroélectrique, situé dans une zone où un groupe de singes, mené par le chimpanzé évolué César (Andy Serkis), s’est établi loin des hommes. Des deux côtés, les craintes et les haines vont mener à l’affrontement…

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Sorti en 2011, LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES avait agréablement surpris par la qualité de sa réalisation, de son scénario et de ses effets spéciaux. Prouvant qu’un blockbuster pouvait avoir un cœur et un cerveau, et que le reboot d’une célèbre franchise de SF n’était pas synonyme de plantage assuré. Suite directe sortie 3 ans plus tard, L’AFFRONTEMENT poursuit sur la lancée du film spectaculaire et intelligent.

On reste dans cette volonté de ne pas faire un film d’action bête et bourrin mais dans un film d’anticipation AVEC de l’action, fable sur notre propre monde à la manière des classiques du fantastique des années 70. Réactualisée avec pertinence, l’histoire nous montre, comme dans la version de 1968, que l’Homme est toujours à l’origine de sa propre perte et que sa crainte de l’autre, de ce qu’il ne connaît pas, l’amène inexorablement à la haine et à la violence.

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Le film évite pourtant de nous montrer de méchants humains face à de sages et responsables singes. Le refus de tolérance vient des deux camps, amenant vite au conflit. Mais curieusement, on en vient à comprendre la haine de Koba (Toby Kebbell), singe rescapé d’un laboratoire où il a été torturé dans d’atroces conditions. Sa folie le pousse à agir comme le pire des humains, paradoxe d’un animal doué de raison basculant dans les travers de l’humanité.

On pourra toutefois reprocher à cet AFFRONTEMENT une implication émotionnelle moins évidente que dans le 1er opus. Si de nombreuses scènes sont marquantes par la splendide interprétation d’Andy Serkis et des autres acteurs en motion capture, le film ne touche plus autant que son prédécesseur. Évolution de la trame ou effet de surprise en moins…

LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT reste malgré tout un très bon film, parfait alliage du divertissement et de la réflexion dans un univers de grosses productions gonflées à la testostérone et aux images de synthèses sans âme. Suffisamment rare pour ne pas passer à côté et attendre le 3ème volet en cours de tournage…


Crédits photos : © The Weinstein Company / Dimension Films / 20th Century Fox

 

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4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. potzina dit :

    Je n’ai vu que La Planète des Singes qui ne m’avait pas emballée plus que ça. Je préfère largement le premier volet qui était plus profond et plus touchant. Tout n’est pas à jeter mais je trouve que le film est plus dans le spectaculaire. Par contre j’avais adoré le début totalement muet, il fallait oser pour un blockbuster !

    Les deux autres, je ne connais pas du tout mais tu en parles tellement bien que je me laisserais volontiers tenter 😀

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Dame Potzi 😉
      Oui, je me souviens que la suite de LA PLANÈTE… t’avait déçu. C’était difficile je pense de faire aussi bien que le 1er. Mais je trouve tout de même que cela reste une bonne franchise par rapport à ce que l’on voit de plus en plus.
      Pour KON-TIKI et DARK SKIES, je te les conseille pour te dépayser et pour te faire quelques frayeurs 😉

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  2. niolynes dit :

    Ah Kon-tiki… Il a connu un cheminement chaotique vers nous celui-là et c’est assez incompréhensible. C’était un film que je guettais pendant un long moment, j’avais appris qu’il devait sortir en salle, j’avais une date… Puis plus rien, il est repoussé. Puis après j’apprends qu’il ne sortira pas, ni en salles, ni en vidéo, ni en DTV. Mais finalement il sort en DVD donc. Je continue de me demander de quels droits peut-on juger nos goûts et les carrières commerciales des films quand je vois certaines horreurs au cinéma, mais bon… L’important c’est que tu ait aimé et moi, faut vraiment que je le trouve en occasion. L’idéal serait une séance couplée avec ce film et juste ensuite, In the heart of the sea, alias Au coeur de l’océan, le nouveau Ron Howard qui a bien failli ne pas sortir chez nous, repoussé mais finalement là le 9 décembre en salles. Je me réjouis d’avance ! 😀

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, moi aussi j’attends HEART OF THE SEA avec impatience !
      J’ai eu l’opportunité de découvrir KON-TIKI sur le câble. Comme toi, je ne comprends pas pourquoi le film n’a pas été distribué en salles. C’est assez injuste pour un beau film d’aventures… Peu de gens connaissent cette histoire je pense. C’est une façon comme une autre de se cultiver et de se divertir. Et la photo est superbe… Le film est dispo en dvd autour de 15€ mais il y a moyen de le trouver moins cher je pense…

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