Mon film de Noël

Évoquer un film de Noël en décembre, quoi de plus logique ! Le thème que mon amie blogueuse Potzina avait lancé pour son dernier ciné-club de l’année coulait de source… et m’imposait une nouvelle difficulté, l’idée n’étant pas de parler simplement d’un film sur Noël mais aussi d’une œuvre liée à ce moment inévitable, à la fois source de joies, de retrouvailles, de nostalgie et de solitude.

Je ne vais pas vous faire un pensum sur la fête religieuse qui ne veut plus dire grand chose pour beaucoup de monde aujourd’hui. Noël est un moment étrange à mes yeux. Une véritable source de paradoxes de plus en plus présents, en ce qui me concerne, mais dont je suis pleinement conscient. Je ne crois pas être le seul mais ces fêtes de fin d’année ne m’inspirent plus grand chose, hélas. S’imposant à une période de l’année où la fatigue morale et physique atteint souvent des sommets, elles nous forcent à sourire, à « être heureux » alors que l’on aimerait parfois s’isoler pour faire le point et se ressourcer.

Mais à côté de cette « tristitude » qui m’engourdit à chaque fin d’année se place un besoin d’émotions perdues, quelque part en enfance. Les guirlandes lumineuses, l’odeur des marrons chauds, les retrouvailles en famille ou entre amis me font voyager dans le temps, là où tout n’était que calme, douceur et découverte.

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La version Disney de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS reste pour moi un inoubliable film de Noël…

Comme pour nombre d’entre vous j’imagine, mes premiers souvenirs liés à Noël et au cinéma se rattachent à des films Disney. Dans les années 70, chaque hiver, un classique du père de Mickey ressortait en salles. Et c’est très jeune que j’ai découvert PINOCCHIO et BLANCHE-NEIGE avec ma famille. Mais il est un film qui me marqua pour toujours et demeure encore un magnifique souvenir de cinéma de Noël.

J’avais un papa passionné de technologie et de films. Alors que les fêtes approchaient, il nous avait préparé une surprise qui, à l’époque, faisait l’effet d’une bombe : un projecteur Super-8 ! Pour certains parmi les plus jeunes, ces termes ne veulent plus rien dire. Mais en ce milieu des années 70, il n’était pas question de vidéo, de VHS et encore moins de DVD ou de VOD. Tant pis si je passe à vos yeux pour un dinosaure mais cette période de ma vie de Movie Freak reste l’une des plus belles parmi les meilleures.

Loin de moi l’envie de vous faire du « c’était mieux avant ». Les qualités de visionnage et d’écoute que nous possédons aujourd’hui sont sans égal comparé aux moyens de l’époque. Mais à la déconcertante facilité avec laquelle nous pouvons à présent voir et revoir une œuvre cinématographique s’opposait alors une mise en place théâtrale et fascinante pour laquelle j’éprouvais respect et jubilation.

3552-vingt_mille_lieues_sous_les_mers___Ce soir de Noël, mon père avait installé une toile déroulante, montée sur pieds, puis face à l’écran, posé sur un support à étages, le projecteur Super-8 sonore. C’était l’outil idéal pour voir les petits films amateurs de vacances mais aussi l’unique façon pour plonger et replonger dans des extraits plus ou moins longs de films et dessins animés. Des cartoons de LA PANTHÈRE ROSE, LUCKY LUKE ou des 3 CABALLEROS nous furent projetés ce fameux soir. Mais également des passages d’UN AMOUR DE COCCINELLE et de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS.

Pour ce dernier, l’extrait proposé était celui où, au cours d’une tempête, le Nautilus est attaqué par un calamar géant. J’étais tétanisé face à cette bête de caoutchouc mais je ne voulais pas perdre une miette de la scène. L’intense dramaturgie de la séquence, la lutte de Némo et ses hommes devant le monstre marin, l’héroïsme de Ned Land interprété avec fougue par Kirk Douglas. Et le superbe Nautilus, restant à mes yeux la plus belle représentation du vaisseau légendaire imaginé par Jules Verne…

Ce court moment du classique Disney fut mon premier contact avec le film et mon réel premier grand souvenir de cinéphile/cinéphage. Plus tard, j’eus l’occasion de voir le film en entier, sur grand écran, lors d’une ressortie dans un cinéma de quartier.

La réussite de la version de Richard Fleisher, la flamboyance de son Technicolor et de ses décors, le jeu impliqué de ses acteurs ont grandement compté à faire de ce moment un instantané inoubliable. Le fait qu’il soit lié à Noël y a aussi contribué… Mais l’attachement que je porte à ce beau souvenir, faisant de mon papa un magicien, vient surtout de cette extraordinaire machinerie nécessaire à ce moment unique.

La qualité n’y était pas vraiment mais la préparation minutieuse que cela entraînait, cette sensation festive qu’elle me procurait font de 20 000 LIEUES SOUS LES MERS mon film de Noël et l’un de mes films de chevet.

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Cette chronique fait partie du ciné-club de décembre du Bric-à-Brac de Potzina

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14 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. niolynes dit :

    Ohlàlà quelle chance tu as eue ! Et puis quel film aussi, un régal ! 😀
    Fleischer a pendant longtemps été un cinéaste sous-estimé, un peu à tort. Il a pourtant délivré nombre de grands films pour tous types de spectateurs avec à chaque fois un souci du travail bien fait qui force le respect (et n’existe plus trop de nos jours aurais-je envie de dire mais j’arrête là sinon je vais gâcher ton « post de noël »). Aujourd’hui il est redécouvert et certains cinéastes mêmes en parlent comme d’un mentor (comme Kiyoshi Kurosawa qui lui voue une immense admiration). Et je suppose qu’on a tous un Fleischer adoré dans nos top cinéma, sinon dans notre coeur (un Etrangleur de Boston pour Potz’ par ci, un Soleil vert pour Nio par là…) ! 😀

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    1. potzina dit :

      Ouh là là ! Oui, j’adore L’Étrangleur de Boston (dit comme ça, ça sonne un peu psychopathe, non ?!) mais j’aime aussi beaucoup Soleil Vert 😀 J’ai eu un de ces chocs quand je l’ai vu la première fois, je ne m’attendais pas du tout à la révélation finale.

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    2. Oui Nio, comme je l’ai déjà dit à Potzi, je suis bien conscient d’avoir eu de la chance. Je me souviens même que l’on avait un grand extrait (25/30 minutes) des CANONS DE NAVARONE avec Gregory Peck et David Niven ! Après, la VHS a diminué l’intêret pour le Super 8. Mais on peut encore trouvé ces petits films sur le net en cherchant bien. Mon papa adorait la photo et le cinéma. Il a eu plusieurs caméra Super 8… Pour Richard Fleisher, je suis bien d’accord avec toi. L’ÉTRANGLEUR DE BOSTON, 20 000 LIEUES SOUS LES MERS, SOLEIL VERT et aussi LES VIKINGS avec Tony Curtis et Kirk Douglas… Des classiques comme on dit 😉

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  2. potzina dit :

    Quel beau billet 🙂 Je rejoins Nio, quelle chance d’avoir pu découvrir ces films de cette façon. J’aurais bien aimé avoir un projecteur et découvrir les films avec ma famille. Dommage que mon père ne soit ni cinéphile ni amateur de technologie !
    J’aime beaucoup « 20 000 lieux sous les mers », je l’ai découvert il n’y a qu’une quinzaine d’années et j’ai été transportée par l’histoire. Ce n’est pas étonnant que le petit garçon que tu étais ait été enthousiasmé 🙂
    Je te remercie pour cette chronique très personnelle, ça me touche beaucoup 😀

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    1. Merci ma Potzi ! Oui, je suis bien conscient d’avoir eu de la chance… J’adore ce film de « 20 000 lieues sous les mers », je trouve que c’est la plus belle adaptation de Jules Verne au cinéma. On dira ce que l’on voudra de Disney mais il a permis tant de chefs-d’œuvre, animé ou live… Le hasard a voulu que, à la même époque où j’ai découvert ce film par des extraits Super 8, la télé passait un très beau feuilleton tiré de « L’île Mystérieuse » avec Omar Sharif en Capitaine Nemo ! Donc, j’ai eu ma dose de Jules Verne en un temps record et ça m’a donné envie de plonger dans les romans 😉

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  3. Quel beau souvenir! Quel joli article! Joyeux Noël tentaculaire à toi!

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    1. Merci Girlie ! Merry Christmas to you too (toutouyoutou) 😉

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  4. manU dit :

    Quel beau billet !!!
    Quand cinéma, souvenirs et émotions se mélangent, ça donne un beau billet dont toi seul à le secret…
    Et merci de m’avoir replongé dans vu pour moi à la télé et en noir et blanc la première fois.

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    1. Merci Manu ! Ça reste l’un de mes plus beaux souvenirs de Noêl 😉

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  5. le Bison dit :

    Un an après, j’arrive suivant les empreintes de manU…
    Et effectivement quelle belle histoire tu nous contes, là…
    Pour en plus un beau film… peut-être le seul Jules Verne que j’ai lu, mais pas le seul Kirk Douglas vu !

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    1. Merci Bison 😉 L’une des meilleures – si ce n’est la meilleure – adaptations de Jules Verne au cinéma et l’un des meilleurs films de Kirk Douglas… qui fête ses 100 ans ce mois ci !!

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  6. Nadine dit :

    Quel beau billet tout en sensibilité… et quel film magnifique, magique, voilà qui me donne envie de le revoir! Dernièrement, je me disais justement que ce serait bien de relire mes vieux Jules Verne, comme un retour vers l’enfance…

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    1. Merci Nadine ! Oui, Jules Verne m’évoque aussi l’enfance. J’ai découvert son univers la même année avec ce 20 000 LIEUES SOUS LES MERS et avec la série tv L’ÎLE MYSTÉRIEUSE. Cela m’a donné l’envie de découvrir les livres et leur auteur…

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