Nouvelle séance de rattrapage, grâce à l’opération DVDTrafic et le site Cinétrafic, avec le film L’ÉCHAPPÉE BELLE, comédie douce-amère « made in France » réalisée par Émilie Cherpitel.
L’histoire
Eva (Clotilde Hesme), jeune oisive fortunée, passe son temps en dilettante, partagée entre son amant officiel (Keziah Jones), son voisin féru de littérature (Yannick Choirat), sa sœur petite bourgeoise (Clotilde Courau) et son père (Peter Coyote), châtelain mélancolique. Un matin, à la terrasse d’un café, elle croise la route de Léon (Florian Lemaire), enfant perdu sans foyer, à la recherche de sa mère…
La critique
Posons d’emblée le contexte de L’ÉCHAPPÉE BELLE : nous voici plongés dans un film d’auteur à la française, qui refuse les codes classiques du film d’auteur à la française tout en s’y prenant les pieds dès le début. Je m’explique. La réussite principale de la réalisatrice Émilie Cherpitel est de ne pas avoir ancré son film dans une réalité pesante, chère à de nombreux cinéastes héxagonaux.
Ici, point de Crise, ni de banlieues en souffrance. Nous évoluons dans un conte moderne, léger et grave à la fois. L’héroïne – aux faux airs de Léa Massari et Cécile De France – vient d’un milieu (très) aisé, ne se soucie que d’aujourd’hui et ne cherche qu’à profiter de la vie. L’intrusion inopinée d’un petit garçon rêveur et mature (épatant Florian Lemaire) va donner un sens à son existence de pauvre petite fille riche, ennuyeuse à force de superficialité et de solitude.
Le problème de L’ÉCHAPPÉE BELLE est son accessibilité. Cette volonté de ne pas chercher le réalisme peut provoquer l’empathie (un mot cher à la réalisatrice) comme le rejet. Pour ma part, après les 25 premières minutes, j’éprouvais un profond ennui. Et peu d’attachement.
Le personnage d’Eva, garçon manqué cynique que rien ne semble toucher ou émouvoir, ne force pas vraiment la sympathie. Les êtres qui l’entourent paraissent surgir d’un sac Vuitton de lieux communs (le père mou qui cultive sa mélancolie sur des airs hispaniques languissants; le voisin qui lance des petits défis littéraires; la sœur bcbg sortie d’une BD des Triplés…). Et l’apparente légèreté du film est trop construite pour être sincère.
Côté dialogue, on navigue entre l’à peu-près (« C’est quoi un soupirant ? » demande Léon. « Ben c’est quelqu’un qui soupire… » lui répond Eva. Wow !) et l’absence consternante de naturel.
L’ÉCHAPPÉE BELLE devient une œuvre plus attachante lorsque le récit (difficile d’évoquer ici une quelconque intrigue) s’oriente vers le road movie solaire. Mais je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette flânerie bobo, vaguement inspirée par la Nouvelle Vague et le superbe « Diamants sur canapés » de Blake Edwards (là, ça n’est pas moi qui l’affirme, c’est la réalisatrice…).
Reste l’élément le plus positif du film, à mes yeux : Florian Lemaire, jeune acteur prometteur, touchant et confondant de sincérité. Il est le seul du casting à tirer son épingle du jeu face à une Clotilde Hesme agaçante à force de surjouer le je-m’en-foutisme forcé, sourires ironiques tout en dents, tête jetée en arrière et scènes déshabillées de rigueur dans une production française.
Le reste du casting ne relève pas ce piètre niveau. Entre un Peter Coyote venu payer ses arriérés et une Clotilde Courau excessive, on a du mal à ne pas décrocher. Quelques participations « branchées » – Keziah Jones et Frédéric Beigbeder – confirment l’ambiance élitiste de la production… Évoluant dans des décors tout droits sortis d’un ELLE Déco “hors-série luxe”, ce petit monde peine à rendre attractif cette fable sur les liens du cœur.
Car ce que l’on peut comprendre, derrière cette maladresse dans la forme, c’est cette envie d’Émilie Cherpitel de nous prendre par la main, doucement mais surement, pour nous parler d’amour. En ce qui me concerne, j’ai eu beaucoup de mal à la suivre malgré une réelle envie de découvrir le film.
Cœur refroidi par une fin d’année difficile ou vieux « complexe provincial » devant une œuvre qui ne s’adresse pas à moi ? Peut-être un peu des deux… L’ÉCHAPPÉE BELLE, malgré une très agréable photographie et un montage alerte, ne m’a pas convaincu, la faute probable à un réel manque de spontanéité derrière la légèreté du propos.
Les suppléments
Sur le DVD, on trouve bien sûr les sections sonore / sous-titre et bandes-annonces (dont celle du film). Plus intéressantes sont les parties SCÈNE COUPÉE de 3 minutes et les ESSAIS CASTING d’environ 13 minutes.
Mais la pépite de ces suppléments se trouve dans le court-métrage LES FILLES DU SAMEDI d’une quinzaine de minutes. Premier jet du film, avec Cécile Cassel dans une ébauche du personnage d’Éva, ce court réalisé avec talent prouve, hélas, qu’adapter les bases d’un court-métrage pour en produire un long s’avère parfois une fausse bonne idée.
L’ÉCHAPPÉE BELLE est sorti le 21 octobre 2015 chez PYRAMIDE films.
À suivre également la page PYRAMIDE films pour se tenir informé des dernières nouveautés de l’éditeur…
CINÉTRAFIC vous propose de retrouver la fiche du film dans sa rubrique tous les films de l’année prochaine .
Bon… Je ne vais pas me jeter dessus 😉 Je vais attendre son passage TV pour me faire une idée, je pense qu’il y a de bien meilleurs films à découvrir avant celui-ci.
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En tous les cas, je n’ai pas accroché. Le film sonne faux, en ce qui me concerne. D’autant plus déçu que la bande-annonce est attirante et que le sujet pouvait donner beaucoup mieux…
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