Première série de chroniques en mode expresso de l’année avec au menu un hymne à l’amitié signé Yves Robert, un thriller fantastique signé Brian De Palma et une séance de rattrapage fun et réussie signée Marvel.
Les copains (1964) d’Yves Robert
Au début des années 60 en France, 7 amis inséparables (Philippe Noiret, Pierre Mondy, Guy Bedos, Jacques Balutin, Claude Rich, Christian Marin et Michael Lonsdale), liés par un bel esprit farceur, profitent de quelques jours de vacances pour ridiculer les 3 institutions que sont l’Armée, l’Église et l’Administration…
Grand fan d’Yves Robert, j’ai dans ma liste de films de chevet quelques uns de ses classiques comme ALEXANDRE LE BIENHEUREUX, LE GRAND BLOND AVEC UNE CHAUSSURE NOIRE ou le dyptique UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT / NOUS IRONS TOUS AU PARADIS. Bien qu’il soit quelque peu ignoré par les jeunes cinéphiles d’aujourd’hui, jugeant à tort son œuvre de « films à la papa », Yves Robert possédait cette belle humanité qui fait souvent défaut aux cinéastes actuels. Ses œuvres ont toujours su mettre en avant humour et tendresse, ciselant avec une finesse rare une drôlerie qui ne tombait jamais dans la vulgarité.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu LES COPAINS, me souvenant bien sûr de la chanson de Georges Brassens, « Les copains d’abord », composée spécialement pour le film. Poursuivant mon avis de réviser quelques raretés françaises des années 50 à 70, je me suis replongé avec plaisir dans ce récit emprunt de non-conformisme, idéal pour démarrer cette année pesante sur une touche de légèreté.
LES COPAINS est un film attachant, où le plaisir de retrouver une belle brochette d’acteurs se mêle à une fable prônant les valeurs de l’amitié. Et si la forme a pris un peu d’âge, le fond est toujours d’actualité. Cette manière irrévérencieuse de brocarder les institutions, de prendre le parti d’en rire plutôt que celui de se prendre trop au sérieux, nous parle toujours, même si notre époque actuelle a pris beaucoup de distance quant aux fondements de la société.
Revoir cette bande d’anarchistes du rire m’a fait beaucoup de bien. Tous sont impeccablement interprétés, bien que certains d’entre eux – Noiret, Mondy et Bedos – se distinguent un peu trop des autres. Rien de bien grave, c’est un « film de bande » et si l’on accepte le principe, on ne peut que sourire face aux farces de ces grands gamins. À mes yeux, la séquence où, se faisant passer pour un ecclésiaste renommé, Philippe Noiret prône le « bonheur de la chair » face à des grenouilles de bénitier médusées, est la plus réussie et celle qui, aujourd’hui encore, reste la plus audacieuse.
Tendre et joyeux, LES COPAINS reste une très agréable balade en camaraderie qui donne envie d’escapades au grand air et de gueuletons entre potes. Véritable hymne à l’amitié, le film respecte ainsi l’esprit de Jules Romains, auteur du roman d’origine qui évoquait ainsi ces liens fusionnels :
“On ne sait pas ce que c’est que l’amitié. On n’a dit que des sottises là-dessus. Quand je suis seul, je n’atteins jamais à la certitude où je suis maintenant. Je crains la mort. Tout mon courage contre le monde n’aboutit qu’à un défi. Mais, en ce moment je suis tranquille. Nous deux, comme nous sommes là, en bécane, sur cette route, avec ce soleil, avec cette âme, voilà qui justifie tout, qui me console de tout. N’y aurait-il que cela dans ma vie, que je ne la jugerais ni sans but, ni même périssable. Et n’y aurait-il que cela, à cette heure dans le monde, que je ne jugerais le monde ni sans bonté, ni sans Dieu. Lorsqu’un fils de l’homme connait un seul jour cette plénitude, il n’a rien à dire contre son destin.”
FURIE (1978) de Brian De Palma
À la fin des années 70, Peter Sandza (Kirk Douglas), agent spécial pour le gouvernement américain, échappe de justesse à une attaque terroriste au Moyen-Orient. Il découvre qu’il a été piégé par Childress (John Cassavetes), son ami et collègue, et que son fils Robin (Andrew Stevens) a été kidnappé pour ses dons extra-sensoriels. Seul contre tous, Peter décide de retrouver Robin, aidé par la jeune Gillian (Amy Irving) dotée des mêmes pouvoirs que Robin…
2 ans après le succès de CARRIE, Brian De Palma tourne FURIE, son véritable premier film de studio pour la 20th Century Fox. On le considère alors comme un « spécialiste » en télékinésie au cinéma et le cinéaste accepte le film sns même connaître le scénario, histoire de financer un autre projet qui lui est cher… mais qui ne verra finalement pas le jour. En effet, malgré ses nombreuses qualités, FURIE ne connaîtra pas le même succès que CARRIE.
Peu connu dans la carrière de De Palma, FURIE est un curieux mélange de thriller politique, en vogue dans les années 70, et de film fantastique parsemé de quelques séquences gore et de moments humoristiques. Rien de catastrophique pourtant, « l’élève » d’Alfred Hitchcock parvient à nous accrocher dès les premières minutes du film, soutenu par l’affrontement impeccable entre Kirk Douglas et John Cassavetes et la puissante musique de John Williams, avec l’une de ses BO les moins célèbres mais des plus mémorables.
Démarrant comme un film d’espionnage, FURIE s’enfonce progressivement dans le fantastique, présentant en parallèle la quête difficile de Peter / Kirk Douglas, la descente vers le côté obscur de son fils Robin / Andrew Stevens et la découverte de ses dons par Gillian / Amy Irving. Ces trois destins vont être reliés par la fatalité jusqu’au « bouquet final »… explosif !
Moins réussi et marquant que CARRIE ou BLOW OUT, FURIE n’en reste pas moins un bon film de De Palma, plus d’une fois reconnaissable à travers sa mise en scène hautement dramatique et ses effets de style. Certains sont quelque peu datés mais l’implication des acteurs – Kirk Douglas en tête – et la tension progressive du récit permettent de ne pas décrocher l’attention. À voir, revoir ou à découvrir si vous êtes fan de curiosités et de Brian De Palma.
BANDE-ANNONCE
ANT-MAN (2015) de Peyton Reed
Soucieux de ne pas voir tomber sa découverte scientifique (la capacité de miniaturiser un être vivant en réduisant l’espace entre les atomes) tomber entre de mauvaises mains, le Dr Hank Pym (Michael Douglas) devient le mentor de Scott Lang (Paul Rudd), un cambrioleur au grand cœur fraîchement sorti de prison, et lui confie les secrets d’une combinaison extraordinaire…
Grand amateur de comics et de certaines de leurs adaptations ciné, je reconnais pourtant ressentir un ras-le-bol à force de voir débarquer sur les écrans de nouvelles aventures de super-héros à une cadence infernale. Déçu par AVENGERS 2 et suspicieux devant les retours très négatifs d’une nouvelle version des 4 FANTASTIQUES, l’arrivée de ANT-MAN m’avait laissé de glace. Loin d’être un spécialiste de la bd d’origine, j’avais pris cette énième déclinaison de l’écurie Marvel comme une nouvelle preuve de la soif de gain d’un studio devenu omniprésent à force de films sortant à la chaîne.
Pourtant, si l’aspect mercantile de ce ANT-MAN semble évident, le film s’avère une très agréable surprise. Tout d’abord parce que le culte de la cool attitude, cher à la « maison aux idées », est toujours de mise. Le récit n’est pas bien nouveau, c’est vrai. Un scientifique de génie, des méchants très méchants, un chic type qui va devenir un héros et de grands pouvoirs qui débouchent sur de grandes responsabilités… On a déjà vu ça maintes fois depuis une quinzaine d’années !
Mais cette capacité chez Marvel de ne pas se prendre au sérieux fait mouche à nouveau. Lorgnant clairement du côté de la comédie fantastique, comme on en faisait dans les années 80, ANT-MAN n’essaie nullement de nous imposer de sentencieuses vérités sur la vie, l’héroïsme et l’importance du spandex quand on porte un costume de super-héros. On navigue dans l’impensable mais on y entre facilement grâce à des personnages principaux et secondaires attachants dès les premières minutes du film.
L’autre atout majeur de ANT-MAN réside dans la réussite de ses effets spéciaux. Ça n’est peut-être pas la première fois que la miniaturisation donne au cinéma des résultats fantastiques, à commencer par le cultissime L’HOMME QUI RÉTRÉCIT de Jack Arnold. Mais la grande réussite du film de Peyton Reed tient dans le traitement spectaculaire et humoristique des situations. La scène finale du combat entre le héros et le méchant de l’histoire, par exemple, se déroule ainsi à une très petite échelle… dans un décor de train électrique et de jouets donnant à cette bataille une dimension inédite et décalée dans un film.
ANT-MAN peut aussi se voir sans être pour autant un expert es-Marvel. Le film comporte, il est vrai, de nombreuses références aux autres films du Marvelverse, incluant même quelques guest stars venu dire bonjour. Mais si ces clins d’œil feront plaisir aux fans, ils ne mettent pas de côté les novices.
Bien plus fun et attractif que certaines autres productions du genre, ANT-MAN est une récréation légère, positive et décomplexée. Un divertissement réussi qui n’a d’autres buts que de donner un peu d’évasion dans un monde de bruts.
BANDE-ANNONCE
Crédits photos : © La Guéville-Gaumont / 20th Century Fox / Disney-Marvel.
Je n’en ai vu aucun et je suis tentée par un rattrapage 🙂
Tu as raison concernant Yves Robert, ses films sont souvent touchants. J’aime bien les films de bande de potes et je trouve que c’est un genre dans lequel il excellait. Même si certaines choses ont un peu vieilli, l’émotion est là. Bien plus qu’avec certains films de potes modernes d’ailleurs.
Je ne suis pas fan de DePalma dans le sens où je suis loin d’avoir vu tous ses films mais ceux que j’ai vu m’ont plu. Et puis j’ai regardé la bande-annonce et les veines sur le front et les yeux jaunes m’ont convaincue : je dois voir ce film ! 😉 😀
Je suis comme toi, je sens un ras-le-bol envers tous les films de superhéros même si j’aime bien le genre. Je n’ai pas vu Avengers 2 et j’ai zappé volontairement Ant-Man. Mais vu ce que tu en dis, une petite séance en DVD s’impose !
Merci pour ce billet mon Huggy !
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Coucou ma Potzi ! Très heureux de te relire 😀
Je suis sûr que les 3 films te plairont chacun dans leur style !
ANT-MAN est très sympa, léger et pas sérieux mais très attachant et sans prise de tête. LES COPAINS, bien que rétro, est un joli film sur l’amitié et réchauffe le cœur. Quant à FURIE, c’est un mélange prenant de thriller et de film fantastique. Bons visionnages baby 😉
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Merci mon Huggy 🙂 En ces temps moroses, je prends tout ce qui est susceptible de me donner le sourire aux lèvres !
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Keep in touch baby 😉
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