BATMAN v SUPERMAN de Zack Snyder

L’histoire

Près de 2 ans après la révélation de Superman (Henry Cavill) sur Terre, l’opinion publique est divisée. Si nombreux sont ceux qui voient en lui un sauveur providentiel, d’autres, comme la sénatrice Finch (Holly Hunter) veulent clarifier ses réelles intentions. Ami ou menace dévastatrice ? Alors que des fouilles près d’une des carcasses de vaisseaux Kryptoniens révèlent la présence d’une pierre radioactive verte inconnue, le milliardaire Bruce Wayne (Ben Affleck) fait une fixation sur Superman depuis le drame de Metropolis et le voit comme un ennemi dangereux. Usant de son alter-ego de l’ombre Batman, il décide d’affronter le dernier fils de Krypton, ignorant qu’un ennemi commun aux deux héros tire les ficelles dans l’ombre…

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Ennemis intimes

Clarifions les choses avant d’aller plus loin : si vous imaginez, avec cet article, retrouver l’esprit des écrits haineux sur BATMAN v SUPERMAN, juste pour atteindre une petite jouissance de geek pervers, vous gargariser de préférer les héros Marvel ou de mépriser – avec ce dédain chère à une certaine presse élitiste française – cette production “pullulante à base de héros illustrés américains et ineptes”, partez tout de suite ! Encore une fois, ça n’est pas parce qu’un film, à peine sorti, se voit submergé d’avis négatifs que tout le monde doit suivre le troupeau. Il est humain de faire comme les autres, pour appartenir à un groupe. Mais penser par soi-même est aussi la plus belle des libertés. Et si défendre un film qu’on a aimé ne va pas révolutionner le monde, il devient pourtant de plus en plus difficile aujourd’hui d’argumenter avec aisance face à la pensée commune.

Vous connaissez l’histoire des moutons de Panurge. Enervé à la suite d’une transaction sans fin, Panurge jette à l’eau un mouton à la toison d’or. Puis le reste du troupeau se tue en suivant le premier mouton, entraînant dans sa chute le propriétaire des moutons qui essayait de les retenir. L’histoire a fait son chemin mais les hommes sont toujours des moutons, prêts à rentrer dans le rang pour “faire partie du Club”. À peine le film de Zack Snyder est-il projeté sur les écrans, à peine les premiers articles se sont-ils répandus sur la Toile comme du chiendent que tout le monde ou presque a déjà tiré sa conclusion. Curieux. Pourquoi alors expliquer qu’une daube faisandé comme LES GARDIENS DE LA GALAXIE se soit vu attribuer de toutes les louanges il y a 2 ans ? John Carpenter avait-il raison ? Seraient-ils déjà parmi nous ? Ceux qui ne me comprennent pas dans mes délires n’ont qu’à faire une recherche Googleu, ce sera toujours ça de gagné.

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Revenons à nos héros. Il n’est pas interdit, bien sûr, d’aimer ou pas BATMAN v SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE. Comme on est tous en droit d’aimer ou non les sorties ciné hebdomadaires dont nous abreuvent les salles. Il n’empêche, je peux vous le dire, j’ai pris une claque en voyant le film ! Un pur plaisir de “movie freak”, de comics addict et de grand enfant. Sans me poser de question, secoué, ému et en colère. Et ça faisait longtemps qu’un blockbuster ne m’avait pas procuré de telles sensations. Je vais même aller plus loin : cela faisait un moment qu’un film tiré d’un comics ne m’avait pas emballé à ce point !

BATMAN v SUPERMAN débute par un enterrement et s’achève sur un enterrement. De la gravité qui passe pourtant sans que l’on s’y ennuie ou on qu’on s’y morfonde. Mais une mélancolie générale, assez audacieuse pour un tel film, comme pour mieux nous rappeler le “mal-foutu monde” où nous essayons tous de (sur)vivre tant bien que mal. Le monde où les 2 héros tentent de faire régner la Justice est un univers où plus personne ne croit en rien mais où tout le monde s’abreuvent d’infos incontrolées comme on se noie de Coca au distributeur.

Superman sauve des vies chaque jour mais il doit rendre des comptes parce qu’il n’est pas de notre monde. Batman devient plus hargneux que ceux qu’il combat, usant des méthodes qu’approuverait Harry Callahan, tout en sachant qu’il les verra libéré sans soucis à l’aube du jour suivant. Bienvenue dans les années 2010 ! On a beau évoluer dans un comics, il faut s’adapter à notre triste époque…

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Arrive alors Lex Luthor, brillamment incarné par Jesse Eisenberg, véritable esprit déséquilibré dans une carcasse de petit génie sournois. L’acteur révélé par David Fincher en fait y ici des tonnes dans le rôle du désaxé multi-média, apportant aux muscles une réponse cérébrale glaçante d’excès et de crédibilité. Son interprétation d’un Luthor, plus proche du Jocker que du businessman corpulent connu de tous fait déjà la polémique. On est en plein cabotinage, certes, mais pour une fois où le méchant du film fait réellement froid dans le dos, on ne va pas trop se plaindre…

De leur côté, Henry Cavill et Ben Affleck assurent tous les deux dans leurs personnages à double identité. Si Cavill apporte au Dernier Fils de Krypton la dose d’humanité qu’il manquait parfois à Superman dans MAN OF STEEL, Affleck impose un Batman massif et menaçant, comme tout droit sorti d’une case dessiné par Franck Miller. Crédible dans la peau du milliardaire top-model, il est redoutable en Caped Crusader, mettant au panier les multiples reproches ridicules (la magie de la Toile, encore et encore…) qui lui tombèrent dessus à l’annonce de son choix pour le rôle. Ses scènes avec Jeremy Irons en Alfred font mouche, elles aussi, retrouvant les meilleures heures des petites joutes verbales entre le fils Wayne et son majordome. Une belle et inédite version de Batman, tant visuelle que conceptuelle, qui n’efface pas pour autant la trilogie de Nolan ni la vision de Tim Burton mais s’impose avec force, émotion et respect du canon traditionnel.

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Le bonus de cette “réunion au sommet”des super-héros de légende, on la doit bien sûr à Gal Gadot dans le rôle de la farouche et impressionnante Wonder Woman. Là aussi, rappelez-vous la vague de rejet qu’avait suscité son choix pour le rôle. Entre ceux qui appelaient à la dénigrer purement et simplement et les autres qui la trouvaient pas assez crédible, car trop maigre, il n’y avait pas un nouveau post de blog de potache en rut pour déverser de la bile avec délectation. Pitoyable…

Sachez que, si sa participation est assez courte, la jeune actrice israélienne, d’une beauté exotique hors du temps, marque son rôle dès ses premières scènes, preuve que là aussi les fans “gardiens du temple” devraient la boucler un peu. Gal Gadot n’a peut-être pas la musculature de ses alliés capés, elle n’en demeure pas moins parfaite pour incarner le double-rôle de Diana Prince et de la Princesse des Amazones. Bien sûr, les nostalgiques de la belle Lynda Carter (soupirs) et de son slip Milky-Way dans la série tv kitsch des années 70 ne seront pas vraiment à la noce. Il n’empêche que cette nouvelle Wonder Woman a du chien. Les quelques pistes disséminées dans le film donnent envie d’en (sa)voir plus !

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Prenant des les premières minutes, épique, violent (évitez d’emmenez les trop jeunes Bat et Sup fans, c’est un conseil…) mais non dénué de profondeur derrière le grand show, BATMAN v SUPERMAN ne cherche rien d’autres qu’à divertir et il le fait avec puissance. Du ciné-comics c’est vrai, avec son lot de « kaboums » et autres destructions asourdissantes qui ne plairont pas à tout le monde. Mais aussi, au détour de scènes à couper le souffle, des réflections sur notre monde qui part à la dérive et semble sans grand espoir de rédemption.

BATMAN v SUPERMAN nous parle aussi d’héroïsme. Quelle place doit tenir un héros dans un univers où tout semble partir en sucette ? Ironiquement, Batman et Superman semblent trouver la leur au contact l’un de l’autre. Atteignant des limites de cruauté excessives dans sa guerre contre le crime, Batman/Bruce Wayne va comprendre la nécessité de rester un être humain à l’approche de Superman/Clark Kent. Quant à l’Homme d’Acier, il ira jusqu’au sacrifice pour se faire enfin accepter des hommes.

L’un et l’autre gagnent en profondeur et découvrent, au détour d’une scène clé, le lien unique qui les rapprochent. Car derrière tout homme, dévasté par des années de douleurs, se cache un enfant perdu qui n’attend que le bon moment pour trouver sa voie.

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BATMAN v SUPERMAN est, en ce qui me concerne, une réussite. À l’heure où je termine cet article, j’apprends que le film fait un carton malgré une pluie de critiques hargneuses. Alors, si la couleur de la fermeture éclair du Bat costume du film n’est pas à votre goût, c’est sûr, n’allez pas voir le film. Pour les autres, faîtes vous votre propre opinion. Comme disait le poète, les crétins aboient mais la Batmobile passe.


BATMAN v SUPERMAN (2016) de Zack Snyder.
AvecHenry Cavill, Ben Affleck, Gal Gadot, Jesse Eisenberg, Amy Adams, Diane Lane, Laurence Fishburne, Holly Hunter, Kevin Costner…
Scénario : David S. Goyer et Chris Terrio, d’après une histoire de David S. Goyer et Zack Snyder.
D’après les personnages de Batman créé par Bill Finger et Bob Kane en 1939, et Superman créé par Jerry Siegel et Joe Shuster en 1938.
Musique : Hans Zimmer et Junkie XL.

Crédits photos : © Warner Bros.

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