L’histoire
Après la chute du SHIELD et l’affrontement tragique contre Ultron en Sokovie, les Avengers, sous le commandement du Captain America (Chris Evans), sont au cœur d’un nouveau drame durant une intervention contre un groupe terroriste. Placé sur la sellette par le Général Ross (William Hurt), devenu secrétaire d’État, et Tony Stark / Iron Man (Robert Downey Jr), le groupe de super-héros est placé sous contrôle gouvernemental. Une situation de crise qui voit 2 camps se former – celui mené par Iron Man, acceptant cette décision, et celui de Captain America, refusant ce manque de liberté. Dans l’ombre, quelqu’un cherche à les diviser pour mieux se venger…
Sécession chez les super-héros
Une question récurrente illustrait l’excellent comics WATCHMEN : “Who watches the Watchmen” ? Qui surveille les Gardiens ? Cette phrase cruciale, emplie d’une inquiétude légitime, était déjà au centre de BATMAN v SUPERMAN avant de faire son retour dans ce 3ème volet des aventures de Captain America. Comment ne pas craindre ces héros et leurs ennemis aux pouvoirs illimités et dont les affrontements entraînent des dommages collatéraux parfois irréparables ?
Après les héros de chez DC Comics, ce sont ceux de Marvel qui s’y collent et nous présentent des personnages en proie aux doutes et aux déchirement surhumains. Les héros ont des failles, des bleus au cœur et à l’âme. Les cuirasses d’acier ou les boucliers en vibranium ne pourront résoudre leurs interrogations sur la légitimité de leurs actes. En traversant une tempête lourde de conséquences, les Avengers nous offrent leur plus sombre histoire sur grand écran, dans un film solide, prenant et très efficace.
Plus proche du réussit SOLDAT DE L’HIVER que du bouillon réchauffé L’ÈRE D’ULTRON, ce CAPTAIN AMERICA 3 (qui s’apparente souvent à un AVENGERS 3…) s’avère un très bon divertissement, jouissif pour les fans et accessible pour les autres. Comme toujours chez Marvel, depuis le 1er volet d’IRON MAN comme chez les X-MEN, ils vaut mieux avoir vu les premiers épisodes avant de prendre le train en marche. Mais l’intrigue, bien que complexe, reste suffisamment claire pour que le plus grand nombre de spectateurs la suive sans être perdu.
On pourra juste reprocher – après une “explosive” entrée en matière – une mise en place un peu longue. Mais cette longueur ressentie permet aussi de donner du poids à des personnages fictifs, extraordinaires mais profondément humains. Ainsi, Steve Rogers / Captain America et Tony Stark / Iron Man (impeccables Chris Evans et Robert Downey Jr) sont ici présentés avant tout comme 2 hommes fragilisés dans leurs vies privées et susceptibles d’être influencés par ces drames personnels.
Difficile de prendre parti pour l’un ou l’autre des 2 camps tant ces personnages nous sont sympathiques et leurs réactions compréhensibles. Dans un monde où les super-héros existeraient vraiment, quel serait le meilleur choix ? Les laisser libres de leurs actes au risque de voir les pires catastrophes se produire ? Ou les contrôler pour en faire des agents – voire des tueurs – au service des nations ? Amusant de constater que le “Super Soldat” au service de l’Amérique se rebiffe et refuse toute entrave lorsque le playboy milliardaire cynique s’engage aux côtés du gouvernement…
Certains diront que tout ceci n’est qu’une fiction des plus improbables. Mais sans se prendre trop au sérieux, CIVIL WAR pose ici et là quelques questions, raisonnant comme un écho avec notre propre actualité. Difficile de faire les meilleurs choix et de trouver sa place quand rien n’est blanc ou noir. Et quelle décision la plus juste doit prendre un monde fragilisé par les menaces les plus dévastatrices ?
CIVIL WAR reste avant tout un pur divertissement. Qui dit “super-héros” parle bien évidemment d’action frénétique et de bagarres homériques. Pas besoin de vous faire une planche (“un dessin” en langage comics…) : si vous êtes allergique à ce genre de cinéma, CIVIL WAR n’est pas pour vous. Les autres apprécieront sans détours ces séquences sachant se renouveler et demeurer lisibles dans le chaos. À titre d’exemple, la scène de l’aéroport est une réussite tant elle accroche par son aspect spectaculaire (le personnage d’Ant-Man réserve une très grande surprise…), ludique et dramatique.
Poursuivant sur la lancée “réaliste” du SOLDAT DE L’HIVER, CIVIL WAR donne l’occasion de revoir des personnages de second plan dans le Marvelverse, sympathiques et convaincants (Ant Man, Le Faucon…), mais aussi d’introduire auprès du public 2 “petits nouveaux” que l’on a hâte de revoir rapidement : Black Panther (Chadwick Boseman) et Spider-Man (Tom Holland). Le premier, charismatique et mystérieux, promet un probable film à venir basé sur son unique personnage. Et le second est la 3ème version ciné du célèbre tisseur de New York, après la trilogie de Sam Raimi et le reboot pas indispensable de Marc Webb. Mais en ce qui concerne cette nouvelle approche (très) juvénile de Spidey, elle est pleine de dynamisme, d’humour et de décalage. Un très bon point qui laisse à penser que le re-reboot pourrait être réussi cette fois…
Bonne surprise dans une période d’avalanches d’adaptations de comics – après BATMAN v SUPERMAN et avant X-MEN : APOCALYPSE – ce CAPTAIN AMERICA 3 réserve son lot de révélations qui ne laisseront pas nos héros totalement indemnes. Bien sûr, nous n’évoluons pas ici dans une tragédie et la décontraction “à la Marvel” est toujours d’actualité. Mais il est indéniable que ce CIVIL WAR marque une étape sombre et décisive pour l’ensemble des Vengeurs. En attendant la suite sur grand écran…
CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR (2015) d’Anthony et Joe Russo.
Avec Chris Evans, Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Sebastien Stan, Anthony Mackie, Elizabeth Olsen, Paul Rudd, Don Cheadle, Jeremy Renner, Paul Bettany, Chadwick Boseman, Tom Holland, Martin Freeman…
Scénario : Christopher Markus et Stephen McFeely, d’après les personnages de Joe Simon et Jack Kirby et la série de comics CIVIL WAR de Mark Millar.
Musique : Henry Jackman.
Crédits photos : © Walt Disney Studios Motion Pictures / Marvel Studios
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