Au menu de cette 14ème poignée de films : une histoire d’amour perdue dans les méandres du temps, un thriller anxiogène au twist surprenant et un navet fantastique intello-mou.
QUELQUE PART DANS LE TEMPS (1980) de Jeannot Szwarc
Après une représentation de sa première pièce de théâtre, le jeune auteur Richard Collier (Christopher Reeve) fait l’étrange rencontre d’une vieille femme qui lui offre une montre ancienne et lui dit : “reviens-moi”. Les années passent et alors qu’il connaît une panne d’inspiration, Collier découvre que la vieille femme à la montre était une comédienne renommée du début du XXème sicècle, Elise McKenna (Jane Seymour). Bravant la logique, le jeune homme décide de la rejoindre dans le passé…
J’ai replongé avec beaucoup de plaisir et d’émotion dans ce long-métrage devenu culte depuis 35 ans. Tiré du roman LE JEUNE HOMME, LA MORT ET LE TEMPS du grand Richard Matheson, QUELQUE PART DANS LE TEMPS est une œuvre à la fois codifiée (dans le bon sens du terme) et inclassable. Appartenant au genre fantastique dans son évocation du voyage dans le temps, le film est avant tout une histoire d’amour dans son expression la plus pure.
Pas question de machine pour revenir dans le passé, l’amour et la force de persuasion deviennent ici plus forts que la logique. Sans ironie aucune, QUELQUE PART DANS LE TEMPS émeut par la grande sincérité de son propos et devient ainsi une œuvre… intemporelle !
Malgré le nom prestigieux de Matheson, le film a eu beaucoup de mal à se monter et n’a pas bénéficié d’un grand budget. Les différences entre les deux époques sont alors évoquées de façons subtiles, mais pertinentes, par des détails dans le décor ou des références dans le dialogue.
Le choix étonnant du cinéaste français Jeannot Szwarc (JAWS, LA VENGEANCE D’UNE BLONDE…) s’explique peut-être par cela. Il n’empêche que Szwarc prouve ici son talent et offre certainement ce qui restera son plus beau film – et de loin.
L’équipe de tournage s’est d’ailleurs beaucoup investi et cela se ressent, ne serait-ce qu’à travers la distribution. Aux côtés du talentueux Christopher Plummer et de la lumineuse Jane Symour, Christopher Reeve incarne brillamment ce héros tourmenté par un sentiment si puissant. Probablement soucieux de sortir de l’image de Superman, et certainement touché par le romantisme exacerbé du récit, il s’était totalement impliqué dans son interprétation, offrant un jeu si fiévreux et sincère que l’on ne peut qu’adhérer au film.
Portée par la magnifique composition de John Barry, QUELQUE PART DANS LE TEMPS est une œuvre unique en son genre. Trouvant son public au fil des années, le film est aujourd’hui un classique et une référence en matière d’histoire fantastique et romantique.
THE SECRET (2012) de Pascal Laugier
Julia Denning (Jessica Biel) est infirmière dans une petite ville minière des États-unis touchée par la Crise. La jeune femme ne prête guère attention à la légende du “Tall Man”, un croquemitaine qui serait à l’origine de la disparition de plusieurs enfants de la région. Mais une nuit, le Tall Man enlève son fils sous ses yeux…
De Pascal Laugier, j’avais vu et apprécié le 1er film, SAINT-ANGE. Le cinéaste français montrait déjà son goût prononcé pour l’épouvante et les ambiances anxiogènes, chose rare dans notre pays où le cinéma de genre n’a jamais vraiment eu la côte. Avec THE SECRET (THE TALL MAN en VO), Laugier signe sa première réalisation américaine et propose un thriller fantastique très efficace… et surprenant.
Bien sûr, tous les code stylistiques du genre sont utilisés pour nous placer dans une ambiance hautement inquiétante : la sinistre ville “fantôme”, le ciel couvert, la forêt en pleine nuit, la mine abandonnée… Sans oublier la légende urbaine d’un croquemitaine que personne n’a vraiment vu mais que tout le monde connaît.
La bonne surprise du film, en ce qui me concerne, vient du récit lui-même qui s’appuie sur une réalité économique et sociale rarement utilisée dans ce genre de productions. Laugier ne nous présente pas un documentaire pesant sur les conséquences désastreuses de la Crise mais utilise cette situation pour éclairer d’un jour nouveau une intrigue que l’on a pourtant déjà vu ou lu.
Pourvu d’un twist qui m’a réellement surpris, THE SECRET offre dès lors un point de vue radicalement diffèrent de l’histoire. Si vous n’avez pas vu le film et souhaitez le découvrir, je ne peux que vous conseiller d’éviter les sites à spoilers et autres blogs avides de révéler l’intégralité des sorties ciné passées, présentes et futures. Car ce virage à 90° fait partie intégrante de la réussite du film.
Ce twist risque d’ailleurs de vous donner à réfléchir, bien après le mot fin, tant il vient remettre en cause notre propre implication dans une telle situation. Autour de Jessica Biel, convaincante dans un rôle très éloigné de la majorité de ses films, la distribution d’acteurs et actrices peu connus (si ce n’est Stephen McHattie et William B. Davis) mais tous impliqués ajoute au réalisme prenant du film. Une très bonne – et angoissante – séance de rattrapage en ce qui me concerne.
UNDER THE SKIN (2013) de Jonathan Glazer
Laura (Scarlett Johansson) erre sur les routes d’Écosse, en quête d’hommes à séduire. Mais sous l’apparence d’une jeune femme insensible se cache une extra-terrestre consommant les humains, au propre comme au figuré, dans le but d’une future invasion…
“Un choc”, “une claque visuelle”, “incompréhensible mais superbe”… Bon, généralement lorsque toute le monde s’entend pour encenser ou détester un film, je commence à me méfier. À la sortie d’UNDER THE SKIN au cinéma, la majorité des critiques professionnels et des blogs ciné de jeunes mâles érudits bavait d’admiration pour cette “troublante expérience visuelle”. Faîtes donc une recherche Googleu si vous ne me croyez pas…
Au lieu de rester sur un doute, j’ai préféré me faire ma propre opinion en vidéo. Comment dire ? Je ne m’étais pas autant ennuyé – et je reste poli – devant un film depuis très longtemps. Visuellement irréprochable, UNDER THE SKIN m’a pourtant fait penser à un happening volontairement obscur et trash que personne n’arrive à comprendre mais que tout le monde se force à trouver génial pour ne pas paraître idiot.
Jonathan Glazer (dont j’avais apprécié BIRTH) s’est pris les pieds dans le tapis de l’élitisme et du film d’auteur en usant de tous les clichés possibles : longs plans séquences contemplatifs qui n’apportent rien, scènes de nu intégral (ah ! j’en devine qui se réveillent…), décors glaçants, froideur excessive… Qu’a voulu exprimer le cinéaste derrière ces poncifs dignes du mémoire de fin d’année d’un étudiant en art plastique ? Que la femme est un animal étrange et cruel armée de boobs et d’une veste de fourrure ? Que l’amour physique est sans issue ? Que l’Écosse n’est pas que le pays du Loch Ness et de la panse de brebis farcie ?
Pour tout vous dire, je n’en sais absolument rien et cela ne m’empêche pas de dormir ! Je n’ai pas du tout accroché au film, avec ce sentiment de m’être fait voler de mon temps pour pas grand chose. Derrière tous les prétextes possibles à tant de délires faussement tordus – à part quelques éclairs visuels saisissants – je me suis imaginé le cinéaste se frottant les mains à l’idée de filmer Dame Scarlett “à oualpé” tout en prétextant “je fais de l’art, merde quoi !!”.
C’est sûr, rien n’a poussé la Johansson à s’exhiber ainsi et cela n’a rien de subversif tant la chair proposée en appât dans ce film ferait débander un régiment d’infanterie. On peut se douter que, par volonté de sortir des Marvel movies, la jeune femmee, nettement plus convaincante dans LOST IN TRANSLATION ou même HER, ait voulu se prouver (et nous prouver) qu’elle était aussi une véritable actrice. À part faire bouillir du caleçon des geeks en mal de câlins, je ne vois pas vraiment ce qu’UNDER THE SKIN pourrait apporter de plus (ou de moins) à son image de bimbo véhiculée par le monde enchanté du net…
Le film de Glazer évoque un trip en mode dépressif, d’une longueur souvent pénible et pavé d’intentions intellos que votre humble serviteur (qui n’a pas Bac+12, désolé !) a sincèrement tenté d’assimiler en évitant le rhume de cerveau. Tout au plus, UNDER THE SKIN évoque rapidement LA MUTANTE en beaucoup moins fun. Rien ne vous empêche de vous faire votre propre opinion en voyant le film. Moi, je dois être trop vieux pour ces conneries !
Je ne suis pas un jeune geek au caleçon qui brûle en voyant la Scarlett nue mais j’avais bien aimé Under The Skin 😉 J’avais aimé l’expérience de voir un film qui sortait des sentiers battus. J’avais adoré élaboré des théories avec Nio et Elo et réfléchir à ce que j’avais vu. Mais je comprends très bien ton point de vue parce que dans la catégorie film bizarre, il emporte la palme 😀
Je n’ai pas vu les deux autres films dont tu parles et tu m’as donné très très envie de les découvrir et fissa ! 😀
J’aimeAimé par 1 personne
Ben non, je me doute bien que tu n’es pas le jeune geek dont je parle ma Potzi 😀 Un coup de gueule devant un emballement à la limite du snobisme, pour la plupart des chroniques pros ou non que j’ai pu lire… et et ça n’est que mon avis, bien sûr. Voilà, je ne vais pas en rajouter, le film est visuellement beau mais m’a laissé froid. Pour les deux autres films chroniqués, je te les recommande 😉
J’aimeJ’aime