Pour ce dernier Ciné-Club de Potzina de l’année 2016, Rose (du blog La Chambre Rose et Noir) nous propose le thème des plaisirs coupables au cinéma. J’en imagine déjà ricaner en douce en pensant à la pile de « films sans trop de vêtements » qu’ils cachent maladroitement à l’insu de tous. Non non, bande de joyeux petits pervers ! Les plaisirs coupables désignent ces films que l’on aime bien regarder sans jamais oser en parler autour de soit. D’ailleurs, le sexe n’est pas à considérer comme un acte coupable, après tout… mais je m’égare et là n’est pas le sujet. Fin de la parenthèse, merci Dr Movie Freak.
En réfléchissant à ce nouveau thème, je me rendais compte d’un paradoxe dans les termes. Ne dit-on pas : « là où il y a de la gène, il n’y a pas de plaisir » ? Alors, comment peut-on parler de « plaisirs coupables » puisque s’il y a plaisir, il n’y a pas lieu de se sentir coupable ? Vaste sujet. Vous avez 2 heures…
Certes, me voilà parti sur une route sinueuse, riche en questions et choix multiples, source de discussions jusqu’au bout de la nuit. Mais en y songeant à nouveau, nous vivons une époque où tout le monde se sent coupable. Si si si.
Un exemple révélateur, pour vous convaincre : nous passons les 3/4 de nos journées à avouer tout et n’importe quoi. « T’aimes ça toi la confiture ? », « ça te plait de manger bio ? », «tu aimes les films sur les gladiateurs ? »… Autant de questions fondamentales à laquelle nous répondons tous – du moins, quand il s’agit de répondre par l’affirmative – « ouais, j’avoue ». Nouvelle dérive linguistique de notre riante contrée venue de cette volonté typiquement actuelle d’aller vite à l’essentiel ? Ça se pourrait…
Quoi qu’il en soit et face à cette culpabilité générale, quand on aime les films et le cinéma, on ne peut qu’avouer quelques plaisirs coupables qu’il serait inconvenant d’étaler en place public. Mais puisque le thème choisi par Rose me l’impose, je vous propose (oui, je vous l’ai déjà dit, je suis un poète «pouet pouet»…) de me suivre dans un zoom avant sur quelques familles de plaisirs coupables, afin d’en saisir le sens. Ou du moins de s’en faire une petite idée.
Les petites madeleines honteuses
En référence à Marcel Proust, ces petites madeleines désignent ces films liés à l’enfance. Ceux que l’on ne manquait pour rien au monde et qui nous ont vu user des kilomètres de bandes magnétiques montées sur support VHS (enfin, là, je parle des plus vieux d’entre nous…).
Je suis persuadé qu’il vous reste des souvenirs émus d’œuvres impérissables qu’il vous est difficile aujourd’hui de revoir sans embarras… tout en prenant un plaisir coupable ! C’est bien vrai, l’être humain est un paquet de paradoxes à lui tout seul !

Quand j’étais môme, dans le début des années 70, personne ne connaissait Coluche. Les Nuls ou les Inconnus ne s’étaient pas encore rencontrés. Et de grands humoristes comme Sylvie Jolie ou Alex Métayer, bien qu’appréciés, ne touchaient pas vraiment la majorité du pays. Les Rois de l’humour se nommaient les Charlots. Soit 5 – puis 4 – jeunes types aux cheveux longs et à l’humour « bas de plafond » qui avaient démarré comme musiciens avant de faire les pitres avec des chansons mémorables (Merci Patron, Paulette reine des paupiettes…) puis de faire un tabac au cinéma grâce à des perles comme LES BIDASSES S’EN VONT EN GUERRE, BONS BAISERS DE HONG-KONG, LES FOUS DU STADE…
Ils me faisaient bien rire et j’avais adoré leur parodie des 3 mousquetaires. Aujourd’hui, leurs chefs d’œuvre peuvent se (re)voir sur la TNT, avec, au mieux, un sourire embarrassé ou, au pire, un filet de bave au coin de la bouche en mode « au secours, mon cerveau fond ». Reste que leur succès fut énorme à une certaine époque. Et si d’aventure l’envie perverse de découvrir l’une de leurs péripéties cocasses vous venait à l’esprit, je peux éventuellement vous conseiller LE GRAND BAZAR, qui n’a rien à voir avec Rocco Siffredi mais évoque la guerre des petits commerces contre l’avènement des grandes surfaces. Preuve que l’on peut faire dans le social tout en faisant dans le plaisir coupable !
Les nanars
Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, j’en ai déjà parlé sur ce blog. Mais il me semble impossible d’évoquer les plaisirs coupables sans citer le culte dont les nanars bénéficient depuis quelques année. Pour rappel, loin d’un navet qui est un mauvais film (très) difficile à visionner, le nanar est un mauvais film sympathique.
Vous savez tous aujourd’hui qu’il existe des nuits du nanar, des sites entièrement dédiés au genre comme Nanarland et des acteurs ayant bati leur carrière sur la longévité grâce à un abonnement illimité aux nanars, comme Steven Seagal, Chuck Norris ou Mario Van Peebles.

Là où cela se complique, c’est que ce qui s’apparente comme un nanar à nos yeux peut être une perle pour d’autres. La série des ANGÉLIQUE, nanars au parfum d’érotisme suranné estampillé 60’s, reste aux yeux des nostalgiques de Michèle Mercier une saga culte. De même que les GENDARME avec Louis de Funès font encore un tabac à la télé malgré l’indigence de leurs scénarios. Nanars ou plaisir coupables, même combat !
Les bourrinades
Communément appelées « films bourrins », ces bourrinades, comme j’aime les nommer, désignent ces œuvres légères comme une bétonnière par temps de grêle où le récit importe bien moins que les bastons homériques des protagonistes. On peut de nouveau citer Steven Seagal, comme on peut bien sûr évoquer des acteurs shakespeariens tels Dolph Lundgren ou Jean-Claude Vandamme.
Vous ne verrez jamais ces films adoubés dans les colonnes de Télérama, entre le dernier Kieślowski et une comédie délirante de Michael Haneke. Et si par malheur, au cours d’une soirée entre amis, vous lâchez dans un grand sourire exalté «vous avez pas vu le dernier Chuck Norris en DTV ? », vous prenez le risque d’être lynché sans avoir le temps de dire « pouce ! ».

Pourtant, un film bien décérébré n’est pas pour vous déplaire de temps à autre. Reconnaissez qu’entre une prise de tronche déprimante et une déconnade sans conséquence, la déconnade est meilleure pour la santé. Pour ma part, j’ai un faible pour les films de Jackie Chan. Probablement parce qu’ils n’ont pas la violence des autres et qu’ils ramènent à l’enfance, comme les madeleines citées plus haut. Tout se recoupe !
Les films de fan-attitude
Un dernier genre pour la route avec ce que je nomme « films de fan-attitude ». Soit ces films liés à un acteur ou à une actrice dont vous êtes l’un ou l’une des plus grands fans. Ne nous mentons pas. Nous gardons tous près du cœur un faible pour tel acteur ou telle actrice, et pas forcément pour son talent.
Cela ne veut pas dire pour autant que l’acteur ou l’actrice en question soit mauvais, quel que soit le film. Sa filmographie peut toutefois comporter quelques imperfections. De grands acteurs comme Michael Caine (pataugeant dans LES DENTS DE LA MER 4) ou Meryl Streep (braillant dans MAMMA MIA !) n’inscrivent pas que des chefs d’œuvres dans leur carrière… L’attachement que l’on peut leur porter nous rend malgré tout plus tolérant, voir sans jugement solide face à ces incartades qu’ils se permettent pour payer leurs arriérés. C’est bien connu, l’amour rend aveugle et pardonne de tous les pêchés (Amen !).

Autre élément lié à cette fan-attitude qui excuserait (presque) n’importe quoi : l’attrait physique que l’on ressentira pour l’acteur ou l’actrice en question, quel que soient nos préférences en la matière. On peut fondre devant Meg Ryan, période pré-botox, malgré le nombre de comédies romantiques insipides qu’elle enchaîna après l’excellent QUAND HARRY RENCONTRE SALLY. On peut craquer pour Hugh Grant bien qu’il ne brilla pas dans ses choix de carrière après le réussi 4 MARIAGES ET UN ENTERREMENT.
Faut-il en déduire qu’un cœur d’artichaut, difficilement avouable en société, sommeille en chacun de nous ? C’est fort possible. Pour ma part, j’ai un (grand) faible pour Gemma Arterton. Et peu importe la teneur de ses films ou ses lignes de dialogue, si minimes soient-elles. La voir est une joie et une souffrance (merci François Truffaut !). Plaisir pour les yeux, souffrance pour mon ego de fan qui prend conscience qu’elle ne sait même pas que j’existe !
Puisqu’il faut conclure sur ce grand sujet des plaisirs coupables au cinéma, je vous dirais qu’il en existe autant qu’il existe de cinéphiles et de cinéphages. Libre à vous d’en faire un récapitulatif personnel, à vos heures perdues… À vrai dire, ces plaisirs coupables existent uniquement dans le regard accusateur des autres. Ceux qui nous rendent tous coupables d’avoir nos propres goûts, loin du politiquement correct et du bien-pensant de rigueur pour faire « partie du club ». Si nous arrêtions un peu d’avouer pour un oui et pour un non, le plaisir serait bien plus grand !
J’adore Angélique, le premier Gendarme et Gemma Arterton. Merci pour cet article très intéressant sur les plaisirs coupables!
Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
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De rien Rose… J’ai du mal avec la série Angélique même si je reconnais que Michèle Mercier était superbe, à l’époque… Pour les Gendarme, ça a beau être daté, je reste un grand fan de Louis de Funès. Et pour Gemma Arterton, elle pourrait réciter l’annuaire assise sur une chaise, je serais heureux quand même 🙂
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Je trouve que « Angélique, Marquise des anges » est un joli film, porté par une superbe Michèle Mercier ; le reste de la saga se laisse regarder, mais ne m’enthousiasme pas particulièrement. J’adore la série « Le Gendarme… »; avec l’excellent Louis De Funès ! Gemma Arterton est une bonne actrice, en plus d’être ravissante. Mes plaisirs coupables sont la trilogie « Sissi » ainsi que les deux volets de « La Boum ».
Joyeuses fêtes !
Ondine
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Moi, je dis, ça dépend d’abord de la confiture… Toutes les confitures n’apportent pas le même plaisir.
Tiens, ce soir, une énième rediffusion du Corniaud. A regarder bien évidemment. Et même pas coupable.
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Bien d’accord le Bison ! Pour moi, ce serait plutôt une question de chocolat 😀
Quant au Corniaud… ben même pas mal ! Je vais encore le regarder ne serait-ce que pour m’assurer que le Yu-Kun-Kun est toujours à sa place 😉
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Geoffrey ! Geoffrey ! 😉
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Ah ah 🙂 Manu, tu t’es trahi !
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Mince, je suis découvert… 😉
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