ALIEN: COVENANT de Ridley Scott

L’histoire

10 ans après les évènements relatés dans PROMETHEUS, un vaisseau spatial de colonisation, le COVENANT, capte un message en provenance d’une planète proche de sa route. Dans l’idée d’y découvrir un monde habitable, l’équipage décide d’aller s’y poser…

La créature n’était pas gentille

5 ans après PROMETHEUS, Ridley Scott remet le couvert en nous proposant cette fois une suite du prequel supposé faire le lien avec le premier film de la saga ALIEN initié par ses soins en 1979 (pff… laissez-moi reprendre mon souffle svp). Était-ce bien nécessaire ? La réponse est non. Comme PROMETHEUS, COVENANT est la preuve qu’il est temps de laisser les Xénomorphes et autres créatures baveuses à leur mystère, sans chercher plus loin des origines et des explications dignes d’un schéma scolaire.

Sombre et extrêmement gore, COVENANT n’est pas un ratage pour autant mais un nouveau chapitre pas vraiment utile, si ce n’est pour le tiroir-caisse des producteurs. Comme pour PROMETHEUS, l’image est ultra-soignée et l’ambiance ravira les mordus de SF. Pour ce qui est du récit… c’est autre chose.

Cherchant probablement à rassurer les fans de la première heure, déçus par PROMETHEUS, les auteurs de COVENANT (dont Michael Green, scénariste de LOGAN, et John Logan, scénariste sur SKYFALL et SPECTRE… excusez du peu!) ont respecté (copié/collé ?) la structure narrative d’ALIEN, prenant leur temps pour introduire le cœur du sujet et l’horreur.

Malgré des cursus respectifs intéressants, les scénaristes de ALIEN: COVENANT et Ridley Scott ne font qu’embrouiller un peu plus les fils d’une histoire qui n’en demandait pas temps. Certes, on découvre dans ce nouvel opus ce qu’il est advenu des rescapés – le Dr Shaw et l’androïde schizophrène David – du Prometheus. Et le film donne une amorce de réponse quant à la véritable origine des xénomorphes.

En tête du casting, Michael Fassbender tire son épingle du jeu en incarnant le double rôle de Walter et David, les deux androïdes aux caractères diamétralement opposés, jouant subtilement la différence de personnalité pour personnifier l’une des clés importantes du récit.

Mais parallèlement à ces réponses, COVENANT saborde trop rapidement d’autres éléments à peine évoqués dans PROMETHEUS pour amener la saga vers d’autres questions… probablement résolus dans un prochain épisode !

Comme l’évoque le site Cinemateaser dans sa chronique de COVENANT, la série ALIEN en vient à se « Marveliser », multipliant les suites pour rentabiliser au maximum une franchise déjà lucrative et cherchant à donner des explications là où le mystère et les théories sont bien plus séduisantes. Scott, pourtant à l’origine du mythe et réalisateur du plus bel opus de la saga, finit pas abimer une œuvre toujours unique en son genre, même près de 40 ans plus tard, à force de récits caducs et de fan-service.

Pour exemple, comment ne pas rire jaune à force d’entendre le compositeur Jed Kurzel utiliser (piller ?) allègrement la BO de Jerry Goldsmith pour le premier ALIEN, histoire de rappeler aux spectateurs qu’ils assistent bien à un film rattaché à la série ? Certains parleront d’hommages. Je pencherai plutôt vers un usage  maladroit…

Film de SF esthétiquement réussi mais nouvel opus inutile d’une saga mythique, ALIEN: COVENANT affiche les limites d’une franchise dont les 4 premiers films se suffisaient à eux-mêmes. Là où ces premières œuvres amenaient de réels nouveaux éléments à la mythologie Alien, COVENANT n’apporte rien de plus qu’un film visuellement soigné mais scénaristiquement brouillon, prétexte mercantile évident et peu respectueux de ses origines. Une déception qui donne envie de se replonger dans les premiers films. C’est déjà ça.


ALIEN: COVENANT (2016) de Ridley Scott.
Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride, Demián Bichir, Carmen Ejogo…
Scénario: Michael Green, John Logan et Jack Paglen. Musique: Jed Kurzel et Jerry Goldsmith.

Crédits photos: © 20th Century Fox / Brandywine Productions / Scott Free Productions


Bande-annonce

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. zookd dit :

    Dans l’espace personne ne vous entend 😱 Sauf les tiroirs caisse 🤔

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    1. Oui, y’a de ça effectivement 😉

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  2. rp1989 dit :

    Je n’ai pas vu Prometheus et je ne verrai pas de suite Alien Covenant sauf si j’en ai vraiment envie.

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  3. le cinema avec un grand A dit :

    Ridley Scott continue de rebooter la saga, sauf qu’il ne fait réchauffer les films précédents. Les thématiques ne sont jamais traités jusqu’au bout, tout comme le peu d’originalité qu’il y a de ce film. Ou est passé la subtilité et le sens du grand spectacle caractérisé made in Scott ? Il est clairement temps de passer la main à des cinéastes plus jeunes et plus inspirés. James Wan, Neil Blomkamp, Christopher Nolan, Denis Villeneuve ou encore Alfonso Cuarón. Pour ma part en tout cas, la saga Alien s’arrête avec Résurrection, même il est loin d’être parfait.

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    1. Oui, bien d’accord là-dessus.

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  4. Sweet Judas dit :

    Covenant, c’est l’exemple typique du film que tu termines en te disant « Tout ça pour ça« . Sans parler du fait qu’on nous prend gentiment pour des débiles, desfois qu’on comprendrait pas tout seul la subtilité des thèmes (je me permets de poser un lol) et les méandres du cerveau si machiavélique de David (cette scène avec la flûte, non mais sérieusement…).

    Je suis encore choquée, deux ans plus tard, de voir comment a été expédiée toute l’histoire autour des Ingénieurs, avec ce génocide sorti du néant par un androïde mégalo. L’idée de « la création de la création qui détruit le créateur de son créateur« , ça peut potentiellement donner un truc intéressant. Tout du moins être une piste du début de quelque chose d’intéressant.

    Et encore… Parce que c’est évident que c’est le serpent qui se mord la queue. On va retomber sur la question Mais qui à crée les Ingénieurs alors ? lol pour nous resservir une soupe infâme étalée sur 17 nouveaux films… Alors qu’on aurait mieux fait de toucher à rien et de nous laisser avec nos mystères et nos suppositions)(comme tu le soulignes dans ton billet).

    Merci Ridley Scott.

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