VALERIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES de Luc Besson

L’HISTOIRE

En 1975, la rencontre historique d’un vaisseau américain et d’un vaisseau russe donne lieu à un moment clé de la conquête spatiale. La mission Apollo-Soyouz devient au fil du temps le lieu des rencontres entre les peuples, humains et extra-terrestres, au point que la station, renommé Alpha la Cité des 1000 planètes, est éloignée de l’orbite terrestre en raison de sa dimension… Au XXVIIIème siècle, Valerian et Laureline (Dane DeHaan et Cara Delevingne), 2 agents spatio-temporels, sont envoyés en mission sur la station alors qu’un officier supérieur, le commander Filitt (Clive Owen), vient d’être enlevé par de mystérieux aliens…

ESPÈCEs OPERA

L’envie d’adapter sur grand écran la bande dessinée Valerian de Christin et Mézières est un projet qui tenait à cœur à Luc Besson. Et depuis longtemps. En 1997 déjà, avec LE 5ème ÉLÉMENT, les références et emprunts validés par les auteurs de la BD étaient nombreux, des décors gigantesques aux aliens folkloriques en passant par les taxis volants.

Créées en 1967, les aventures de Valerian et Laureline ont été une indéniable source d’inspiration (de plagiats ?) par des chapardeurs peu reconnaissants – dont George Lucas et ses créatifs – et peu soucieux d’admettre les troublantes similitudes. C’est tout à son honneur si Besson a voulu remettre les pendules à l’heure, bien que la jeune génération d’aujourd’hui se plaigne déjà sur le net du, je cite, « vaisseau de Valerian qui ressemble beaucoup trop à celui de Han Solo », entre autres choses ! Quand on a le bagage culturel d’un vermisseau, on ne vient pas donner des leçons d’histoire de l’Art. Mais ceci est un autre débat.

Devenu le nabab français n°1 des productions ciné internationales, Besson a pu s’offrir le budget pharaonique nécessaire pour mettre en images l’univers coloré et foisonnant de la BD Valerian. Disposant d’effets high tech derniers cris et d’un casting brassant les nationalités et les origines (la mannequin Cara Delevingne, la chanteuse Rihanna, l’ex-Nuls Alain Chabat, le Nexus 6 Rutger Hauer, Clive Owen, Ethan Hawke…), le film promettait du lourd en matière de blockbuster, made in France qui plus est. Comme souvent, hélas, chez Luc Besson, c’est au niveau du scénario que la mécanique grippe et se coince.

Pourtant, en lui-même, le propos de base reste intéressant et respectueux de l’œuvre original. À savoir, comme souvent dans la BD de Mézières et Christin, une critique sociale, teintée de politique, de notre propre époque et de ses dérives, peu soucieuse d’équité et de respect des peuples. Plus complexe que bon nombre de blockbusters d’outre-atlantique, le récit de VALERIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES contient des éléments de réflexion pertinents sans pour autant empiéter sur l’aspect spectaculaire et divertissant du film.

Malgré une très belle scène d’introduction sur l’air du SPACE ODDITY de David Bowie et de nombreuses séquences virevoltantes, le cinéaste du GRAND BLEU, de NIKITA et LÉON n’évite pas hélas les longueurs et les séquences inutiles (le strip-tease multi-formes du personnage de Rihanna, par exemple) et semble parfois se perdre lui-même dans les méandres de son propre scénario, alignant les scènes en oubliant le fil rouge du récit.

Mais ce que l’on peut reprocher le plus à ce VALERIAN vient surtout de son casting principal. Si Dane DeHaan s’en sort plutôt bien, apportant une certaine humanité et de la distance au personnage de Valerian, Cara Delevingne est très certainement l’effet special le moins réussi du film. N’ayant pas vraiment de point commun, tant sur le physique que sur le caractère, avec la Laureline de la BD, elle passe son temps à prendre la pose, comme sur un podium, affichant tour à tour son sourire de garce ou ses gros sourcils froncés pour souligner (surligner ?) qu’elle est une femme de caractère. On est très très loin de l’Actors Studios…

Erreur de casting évidente, son choix pour interpréter figurer le personnage relève plus du coup médiatique tendance et 2.0 que d’une volonté de prendre l’actrice idéale pour le rôle. On assiste à nouveau à ce fantasme Bessonien de la « femme-enfant », badass sexy et cliché vivant sur longues jambes que le cinéaste trimballe de film en film…

Enfin, l’autre reproche principale que l’on peut éventuellement adresser à Besson vient principalement de la direction artistique du film. En souhaitant être au plus près de la BD et à l’aide d’un budget plus que conséquent, le cinéaste gourmand a pêché par excès de chair. Entendez par là qu’à vouloir trop en montrer, on alterne beauté et laideur dans des séquences où le trop-plein de numérique devient étouffant. Un défaut majeur que l’on retrouve hélas dans bon nombre de grosses productions actuelles, ou le tout-numérique permet le meilleur comme le pire.

Loin d’être le ratage annoncé par ses détracteurs, ce VALERIAN de Luc Besson est un divertissement plutôt réussi dans sa forme, un peu long et parfois indigeste dans sa direction visuelle, rendant hommage à la BD d’origine tout en sacrifiant aux conventions du blockbuster décérébré actuel. Inégal mais pas mauvais pour autant, plaisant sans être inoubliable, il a au moins le mérite de remettre sur le devant de la scène une formidable bande dessinée française à lire et à relire sans modération.


VALERIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES (2017 de Luc Besson.
Avec Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna, Alain Chabat, Ethan Hawke, Herbie Hancock, John Goodman…
Scénario : Luc Besson, d’après les bandes dessinées de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières.
Musique : Alexandre Desplat.

Crédits photos : © EuropaCorp.


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