Pour une poignée de films… #26

Au sommaire de ces chroniques expresso n°26 : une comédie policière 80´s au casting impressionnant, une critique grinçante d’Hollywood emballée dans un polar et le 3ème volet des Vengeurs de chez Marvel.

SÉRIE NOIRE POUR UNE NUIT BLANCHE (1985) de John Landis

Une nuit d’insomnie, Ed Okin (Jeff Goldblum) voit sa morne existence bouleversée lorsque Diana (Michelle Pfeiffer), une jeune femme poursuivie par d’inquiétants malfrats, lui demande de l’aide…

Après les succès des BLUES BROTHERS (1980) et du LOUP-GAROU DE LONDRES (1981), le cinéaste John Landis connut une période sombre à la suite du drame survenue sur le tournage du film à sketches LA 4ème DIMENSION, inspiré de la célèbre série.

Éloigné des studios durant quelques années, il revint à la réalisation avec un polar humoristique, classique dans sa forme et dans son contenu mais se démarquant principalement grâce à son casting.

Autour du couple vedette Michelle Pfeiffer et Jeff Goldblum, tous deux en début de carrière, Landis a invité un grand nombre de célébrités – dont de nombreux cinéastes – à venir jouer un petit rôle voire un simple caméo.

Au delà de la trame plutôt classique soutenue par ses héros glamour, SÉRIE NOIRE POUR UNE NUIT BLANCHE (on notera la grande finesse de la traduction française pour INTO THE NIGHT) voit ainsi une pleïade de stars s’amuser à jouer des rôles à contre-emploi : Irène Papas en redoutable chef de gang, Roger Vadim en malfrat retord et maladroit, Jonhatan Demme en agent fédéral… ou même David Bowie en tueur à gages sosie de David Bowie !

Surfant sur un genre apparemment en vogue dans les années 80 – on pense à AFTER HOURS tourné à la même époque – le film de Landis reste une agréable curiosité, marquée par son époque mais divertissante et sans temps mort.

 

THE PLAYER (1992) de Robert Altman

Griffin Mill (Tim Robbins), directeur de production dans un grand studio hollywoodien, reçoit une série de cartes postales anonymes et inquiétantes, le menaçant directement. Cherchant le coupable, il croit l’avoir trouvé en la personne d’un scénariste récemment viré. Mais la rencontre des 2 hommes tourne au drame…

Présenté au Festival de Cannes 1992 où il reçut le Prix de la Mise en Scène et le Prix d’Interprétation pour Tim Robbins, THE PLAYER reste toujours d’actualité dans sa critique ironique du milieu hollywoodien.

Sans être pour autant un documentaire mais en insufflant dans le récit une intrigue policière, le film de Robert Altman (M.A.S.H., LE PRIVÉ, FOOL FOR LOVE…) prend un malin plaisir à égratigner un milieu corrompu par le pouvoir et l’argent, où chacun joue un rôle pour être « calife à la place du calife ». D’où cette notion ambigue du joueur / player, désignant tout à la fois un acteur, un joueur de poker et un personnage à responsabilité.

Le cinéaste implique les spectateurs en leur offrant, pour alter ego de fiction, un personnage cynique et immorale, agissant pour son petit profit, anti-héros lâche et assassin malgré lui. Avec son visage de grand gosse trop rapidement sorti de l’enfance, Tim Robbins interprète brillamment ce personnage retors pour qui on ne peut pourtant s’empêcher de trembler.

Entouré d’une pleïade d’acteurs interprétant des personnages fictifs (Whoopi Goldberg, Greta Scacchi, Lyle Lovett, Fred Ward…) et d’autres jouant leurs propres rôles (Bruce Willis, Julia Roberts, Nick Nolte…), THE PLAYER tire à boulets rouges sur le milieu du 7ème art, ne refusant aucune touche de cruauté et de cynisme.

Détournant le célèbre « happy-end » cinématographiquement correct d’une manière grinçante, le film de Robert Altman plonge le spectateur complice dans un abîme de perplexité, l’invitant à réfléchir sur sa propre passivité et son acceptation de toutes les aberrations du moment qu’elles sont bien filmées. Ludique, cruel et brillant, THE PLAYER est à (re)découvrir.

 

AVENGERS : INFINITY WAR (2018) de Joe et anthony Russo

Thanos, grand méchant intersidéral en caoutchouc mauve, rêve d’équilibre cosmique en détruisant la moitié de la population de l’univers. Cherchant une série de pierres pouvant lui octroyer tous les pouvoirs et s’apprêtant pour cela à appliquer sa méthode radicale sur notre vieille Terre, il va devoir affronter la coallition des super-héros Marvel, réunis dans l’adversité…

3ème volet des aventures des AVENGERS, cet INFINITY WAR se présente comme un avant dernier tour de piste des plus grands héros de la « Maison aux Idées » chère à Stan Lee. Face à un ennemi colossale et trambigu (Josh Brolin pour la bouille et la voix en VO) puisque croyant faire le bien en annihilant rien de moins que la moitié des mondes habités qu’il croise, les plus célèbres héros – Thor, Iron Man, Captain America, Black Panther, les Gardiens de la Galaxie, Hulk, Dr Strange, etc… – font cause commune pour parvenir à l’exterminer.

Sur un pitch épais comme une feuille de papier à cigarette, AVENGERS 3 n’apporte rien de nouveau si ce n’est un énième film inspiré de comics, déluge d’effets spéciaux numériques plutôt réussis cette fois-ci, d’explosions et de destructions homériques, de scènes de baston interminables et régulières, et de répliques humoristiques.

Si l’on ne cherche qu’un simple moment de distraction dérébré, monté comme une mécanique trop bien huilée (une pause d’émotion, un peu d’humour puis de l’action violente et non-stop…. et on recommence), AVENGERS remplit le cahier des charges. Comme une machine rodée depuis 10 ans et servie tel un petit plat surgelé passé au micro-ondes pour être réchauffé.

Ironie à part, le film des frères Russo est efficace, sans temps mort et assez prenant, même si les effets de surprise tombent un peu à plat. AVENGERS 3 est un rêve de gosse, un crossover ultime où les morceaux de bravoure ont été assez équitablement répartis et où le grand méchant du film se voit dôté d’une personnalité ambigue malgré son extrême cruauté. Pour ceux qui ne cherchent qu’un simple divertissement sans prise de tête, que demander de plus ?

Reste cependant à déplorer la politique Marvel d’usage : si vous souhaitez suivre AVENGERS 3 sans être perdus au bout de quelques minutes, vous avez tout intérêt à avoir vu TOUS les films Marvel précédents ! Ça n’est pas un simple conseil, c’est une nécessité. De la même façon que la célèbre maison d’édition demande (oblige ?) à ses lecteurs une extrême fidélité afin de les fidéliser en multipliant les titres pour permettre une compréhension fluide, Marvel multiplie les films inter-connectés nécessaires pour comprendre parfaitement le dernier opus en date.

Une forme de fidélisation ou une stratégie qui s’apparente plus à de l’opération marketing et financière qu’à du divertissement sans prétention ? Je vous laisse juger… Cela a beau être efficace, ça n’en reste pas moins pénible, hélas.

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