Alors que la surenchère de films tirés de comics provoque le bonheur des uns et la lassitude (agacée) des autres, je vous propose un retour vers le début des années 90, alors qu’une nouvelle « Batmania » venait de débarquer suite à la version de Tim Burton, sortie 2 ans plus tôt. Une époque où Disney n’abreuvait pas le public d’adaptations Marvel à la chaîne… mais produisait, par le biais de sa filiale Touchstone, une œuvre bondissante et pleine de fraîcheur, au parfum rétro proche d’Indiana Jones.
Deuxième film de Joe Johnston, LES AVENTURES DE ROCKETEER n’eut pas le succès espéré lors de sa sortie, malgré d’indéniables qualités. Mais il a acquis, depuis 27 ans, un véritable statut de film culte mérité. Voici donc, puisque c’est le principe de cette chronique, 5 raisons, parmi beaucoup d’autres, de voir ou revoir le ROCKETEER dans ses aventures trépidantes à la veille de la Seconde Guerre Mondiale…
POUR (RE)DÉCOUVRIR LE COMICS ET LE TALENT DE DAVE STEVENS
À l’origine du personnage de ROCKETEER, il y a un comics en 8 épisodes créé de 1982 à 1995 par le talentueux illustrateur Dave Stevens. Grand fan de la pin-up Betty Page, Stevens souhaitait aussi rendre un hommage respectueux aux pulps, feuilletons radiophoniques et autres serials en vogue dans les années 30 et 40 aux États-Unis. Auteur méticuleux, il s’éloignait volontairement d’une trop importante production régulière pour peaufiner de magnifiques illustrations aux nombreux détails, tant graphiques que colorimétriques.

Mais un type particulièrement foudroyant de leucémie l’empêcha de poursuivre très longtemps son œuvre. Il disparut en 2008 après avoir connu le succès avec son héros, le ROCKETEER, devenu une œuvre culte auprès des amateurs de comics. Un site lui est entièrement dédié.
POUR Son Récit sans temps mort
LES AVENTURES DE ROCKETEER se déroule à Los Angeles, peu de temps avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. Cliff Secord (Billy Campbell), un jeune pilote d’avion un peu casse-cou, découvre dans un hangar un pack dorsale constitué de fusées, permettant à un homme qui s’en équipe de voler. Lors d’une démonstration aérienne, il est forcé d’utiliser incognito la mystérieuse invention pour venir en aide à un pilote. Mais son intervention attire l’attention des services secrets américains et d’espions nazis infiltrés…
Tout en restant clair dans le déroulement du récit, LES AVENTURES DE ROCKETEER est un film sans temps mort, savamment dosé en aventures trépidantes, en humour et en rebondissements de toutes sortes. Un bel équilibre, respectueux du public, évitant la surenchère mais riche en action, en gags et en suspense. Loin du trop plein numérique et de l’image épilleptique dont bon nombre de blockbusters abusent aujourd’hui, le film de Joe Johnston est un film pour tous, divertissant, intelligent et retrouvant l’esprit des anciens feuilletons.
Pour l’aspect « feuilleton Rétro » du film
Lancé en 1981, la série des Indiana Jones, grandement inspiré des pulps et des comics des années 30 et 40, a relancé l’engouement du public pour les récits d’aventures. Surfant sur cette vague sans chercher à copier le modèle qu’est vite devenu la série de Steven Spielberg et George Lucas, LES AVENTURES DE ROCKETEER renoue avec les meilleurs aspects du feuilleton rétro : héros pur et dur, heroïne glamour et sexy, ennemis redoutables et cruels, complots et retournements de situations en avalanche….
Ajouter à cela une touche de science-fiction et de fantastique et vous obtenez un délicieux cocktail vintage à consommer sans modération. LES AVENTURES DE ROCKETEER retrouve cette tonalité feuilletonesque qui fit longtemps le bonheur des lecteurs de quotidiens puis, des années plus tard, les belles heures de la radio – avec des œuvres comme THE SHADOW – avant de rebondir sous la forme de serials (des programmes courts et à épisodes, projettés dans les salles de conéma) et des séries télé.
POUR son casting sans erreurs
Si la réussite d’un film tient évidemment à la qualité de son scénario et à l’efficacité de sa mise-en-scène, celle des AVENTURES DE ROCKETEER s’appuie en grande partie sur son casting sans erreurs ni choix hasardeux. Avec sa figure de « beau gosse », Billy Campbell (DRACULA, GETTYSBURG, LES CHRONIQUES DE SAN FRANCISCO…) est parfait dans le rôle du héros « propre sur lui », boy scout idéal auquel le public peut s’attacher sans problèmes. Révélé à la fin des années 60 et le début des années 70 avec des classiques comme SEULE DANS LA NUIT ou CATCH 22, Alan Arkin a été vu plus récemment dans BIENVENUE À GATTACA, LITTLE MISS SUNSHINE ou ARGO. Dans le rôle de « Peevy » Peabody, le mécanicien et accolyte de Cliff Secord, il offre une interprétation chaleureuse qui rend son personnage immédiatement sympathique.
La superbe Jennifer Connelly est l’atout glamour du film, avec son personnage vaguement inspiré de la pin-up Betty Page. Quant à Timothy Dalton, libéré à l’époque de ses obligations Bondiennes, il incarne l’élégant félon du film dans le rôle de Neville Sinclair, star Hollywoodienne librement inspiré de Douglas Fairbanks et Errol Flynn. Traître à la solde du IIIème Reich, son personnage, à la limite de la folie, est le caractère type que l’on adore détester, rôle que l’acteur semble avoir pris beaucoup de plaisir à interpréter.
POUR L’efficacité de Joe johnston et james horner
Sans être un auteur à part entière, le cinéaste Joe Johnston est un artisan talentueux, que ses années d’illustrateur conceptuel chez Lucasfilm – entre autres sur la trilogie classique STAR WARS – a permis de maîtriser efficacement un cinéma grand public de qualité. On lui doit grandement les réussites de JUMANJI ou du premier volet de CAPTAIN AMERICA. Sur LES AVENTURES DE ROCKETEER, il réalise une œuvre soignée et divertissante, très fidèle à la bande dessinée de Dave Stevens au point que l’on croirait voir parfois le comics prendre vie et sortir des cases.

Révélé au début des années 80 pour ses créations sur STAR TREK II, BRAINSTORM ou ALIENS, James Horner s’est vite imposé comme l’un des compositeurs les plus talentueux et prolifiques du cinéma hollwoodien. Parmi certaines de ses œuvres les plus mémorables, on peut citer COCOON, LE NOM DE LA ROSE, PATRIOT GAMES, APOLLO 13, TITANIC et la superbe bande originale de BRAVEHEART.

Disparu tragiquement en 2015 dans un accident d’avion, James Horner avait créé, pour LES AVENTURES DE ROCKETEER, une partition lumineuse, enjouée et lyrique, à l’image du film et de son héros « vintage ». Pour en écouter un extrait, cliquez le lien ci-dessous :
LES AVENTURES DE ROCKETEER (1991) de Joe Johnston.
Avec Billy Campbell, Jennifer Connelly, Timothy Dalton, Alan Arkin, Paul Sorvino, Terry O’Quinn…
Scénario : Danny Bilson et Paul De Meo d’après l’œuvre de Dave Stevens.
Musique : James Horner.
© Crédits photos : Touchstone Pictures / Walt Disney Pictures