Évoquer un film qui est devenu en 40 ans un véritable phénomène de société, engendrant une saga de plusieurs films, des romans, des comics, des jouets, des attractions et autres copies, parodies, analyses, essais philosophiques ou statistiques économiques… cela semble un peu vain.
STAR WARS, puisqu’il s’agit de ce film tel qu’on le nomme aujourd’hui – ou bien encore STAR WARS Episode IV / UN NOUVEL ESPOIR, histoire de « simplifier » les choses… – va au delà d’une simple production de SF. En 4 décennies, le film de George Lucas s’est imposé comme un incontournable de la culture populaire, à une échelle internationale.
Mais lorsque ce space-opera sort sur les écrans français en octobre 1977, le film s’intitule encore LA GUERRE DES ÉTOILES. Pas d’internet pour véhiculer 1001 fausses rumeurs sur le nom du blaster porté par le petit-fils de Boba Fett. Ou de photos floues de tournages du nouvel opus.
Juste la presse qui véhicule le raz-de-marais estival provoqué outre-atlantique par ce mélange de western, d’aventures et de fantastique et que le monde s’apprête à découvrir.
Vous dire qu’à cette époque, gamin d’une dizaine d’années, je nétais absolument pas fan de science-fiction, de sabre-lasers et autres vaisseaux spatiaux me surprend moi-même. Mais en 1977, la SF était bien loin de ma galaxie.
Il y a bien longtemps, j’étais un petit garçon rêveur (déjà), jouant au cow-boys et aux indiens ou aux chevaliers, dans la cour de récré ou sur le tapis du salon, découvrant avec émerveillement les premiers Playmobil, transformant en Indianapolis à petite échelle des rangées de voitures Norev ou Dinky Toys…
LA GUERRE DES ÉTOILES n’évoquait absolument rien pour l’enfant que j’étais lorsque mon frère aîné m’évoquait sa sortie ciné de la veille. Attentif et les yeux écarquillés, je l’écoutais me parler de robots destructeurs, d’épées de lumière, de chevalier noir, de héros sans peur et de batailles spatiales à couper le souffle !
Replaçons le contexte, voulez-vous ? La Science-Fiction « populaire » en France à cette époque (1974/1977) – dans le sens « s’adressant au plus grand nombre » et non à un petit cercle restreint – tenait à COSMOS 1999, une série télévisée « spectaculaire » pour l’époque et à Guy l’Éclair, adaptation française de Flash Gordon dans le journal de Mickey.
J’entends déjà les râleurs me rappeler que Métal Hurlant existait déjà à cette période, futur magazine culte, influençant bon nombre de productions cinématographiques à venir (dont ALIEN…). Mais le journal de Druillet, Dionnet et Moebius (entre autres) s’adressait à un public plus âgé. Et il me faudrait encore quelques années avant d’en découvrir la diffusion et d’en apprécier le contenu.
Des bandes dessinées cultes comme VALÉRIAN ET LAURELINE ou BARBARELLA s’adressaient à un public d’adolescents et de jeunes adultes (voir à des adultes tout court pour la seconde…). Et les films de science-fiction des années 70 prenaient la voie de l’anticipation pour évoquer des futurs qui déchantent (SOLEIL VERT, SILENT RUNNING, L’ÂGE DE CRISTAL, ROLLERBALL…). Pas vraiment des récits pour enfants…
Ce fut quelques temps après sa sortie que je découvris réellement LA GUERRE DES ÉTOILES. Quelques mois de retard pour une « séance de rattrapage » qui me semble inimaginable quand j’y repense tant le film a pris une place à part dans ma vie. Impensable quand je me revois guetter les sorties de L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE et du RETOUR DU JEDI pour voir ces suites avant tout le monde.
J’avais entraîné ma maman et ma petite sœur dans la grande salle Gaumont, récemment ouverte dans le centre de Lille, pour découvrir enfin ce phénomène de société. Et là… je pris une claque monumentale !
Le texte d’intro, les héros et méchants du film, la musique et ces incroyables vaisseaux spatiaux qui traversaient l’écran au son des tirs de lasers… Mes yeux n’en revenaient pas ! Je n’avais jamais vu ça parce que jamais personne n’avait encore montré cela sur grand écran.
Ce mélange de chevalerie, de rythme, de spectaculaire, de contes et légendes… et de western, bien sûr (revoyez la scène de la Cantina si vous en doutez encore…), m’avez emporté au loin comme aucun film auparavant et comme peu de films à venir.
Avec le recul, il y avait comme une évidence dans cette première vision de LA GUERRE DES ÉTOILES, comme si cette aventure extraordinaire et emballante provenait de mes souhaits les plus forts de petit garçon rêveur. Et je crois sincèrement que beaucoup d’autres enfants de mon âge ont ressenti la même chose. De la chance d’avoir le bon âge au bon moment…
Beaucoup ont évoqué la naïveté – pour ne dire « la simplicité » – du film. Mais il en est de même, en apparence, pour de nombreuses histoires que l’ont raconte aux enfants. Le récit de LA GUERRE DES ÉTOILES est volontairement simple (mais pas simpliste) puisqu’il parle d’une initiation, d’une découverte et d’un apprentissage comme de nombreuses légendes.
D’autres lui préféreront des sagas d’heroïc-fantasy et des quêtes interminables pour dégotter une bague magique. Mais la force (sans mauvais jeu de mots) du film de Lucas fut de s’adresser au plus grand nombre, de parsemer son histoire de personnages et de détails pittoresques sans noyer les spectateurs dans un magma d’informations indigestes.
LA GUERRE DES ÉTOILES offrait du dépaysement et un voyage vers l’aventure et l’imaginaire avec cette fraîcheur que les blockbusters d’aujourd’hui ne parviennent plus à retrouver. Une façon décomplexée de divertir et de proposer des images jamais vues auparavant…
J’ai vu et revu je ne sais combien de fois LA GUERRE DES ÉTOILES depuis 40 ans. Et si, bien évidemment, ma perception du film a évolué au fil des années, le gamin que j’étais refait surface comme s’il n’avait complètement disparu. La magie opère encore. C’est probablement ça, la Force.
Touchant témoignage qui me rappelle ma jeunesse. Je dois reconnaître pourtant avoir tardé à monter dans le Faucon, puisqu’il m’aura fallu attendre le médiocre Retour du Jedi pour voir mon premier Star Wars en salle.
J’ai eu tout de même l’immense bonheur d’assister récemment à une projection de cet épisode initial en ciné concert, profitant de la magistrale musique de John Williams jouée live à la Philharmonie de Paris. J’ai également remis la main sur une vieille VHS éditée avant les ajouts numériques. On nage en pleine nostalgie, un vrai bonheur.
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