L’HISTOIRE
Au début des années 70, à Los Angeles. Frank Harmon (William Holden), à la tête d’une agence immobilière prospère, est un célibataire endurci, passant d’une aventure sentimentale à une autre après un divorce difficile. Il croise un jour Edith Alice Breezerman dîte « Breezy » (Kay Lenz), une jeune ado hippie sans attaches et prenant la vie comme elle vient, au jour le jour. Ces deux êtres solitaires, que tout oppose, finissent par s’éprendre l’un de l’autre…
TRUE LOVE
Sorti en 1973, 2 ans après UN FRISSON DANS LA NUIT et peu de temps après L’HOMME DES HAUTES PLAINES, BREEZY est le 3ème film, en tant que réalisateur, de Clint Eastwood. Œuvre bien ancrée dans son époque « peace and love », cette curiosité fut un véritable échec commercial et critique à sa sortie.
« Curiosité » car BREEZY fait très rarement l’objet d’une diffusion tv ou d’une projection au cinéma, sauf dans le cadre de la programmation d’une salle art et essai ou d’un cycle spécial sur une chaîne du câble. C’est d’ailleurs par ce biais que j’ai pu m’offrir cette belle et tendre séance de rattrapage, peu surprenante venant du Clint Eastwood de SUR LA ROUTE DE MADISON mais très certainement déstabilisante à l’époque de L’INSPECTEUR HARRY et des westerns de Sergio Leone.
Après 2 films – un thriller anxiogène et un western baroque – ayant attiré le public en salles, Eastwood eut le champ libre pour sa prochaine réalisation. Contre toute attente, il choisit de mettre en scène le récit de Jo Heims, une scénariste avec qui il avait déjà travaillé sur UN FRISSON DANS LA NUIT 2 ans plus tôt.
Devant cette histoire d’amour sans tabous entre un homme d’âge mur et une adolescente, la Universal, qui co-produisit et distribua le film, voulut qu’Eastwood en interprète le personnage principal. Mais ce dernier, 43 ans à l’époque, se considèra encore trop jeune pour le rôle. Il choisit l’acteur William Holden, grande star des années 50 et 60 qui entamait, avec les années 70, un second souffle dans sa carrière avec, entre autres, LA HORDE SAUVAGE de Sam Peckinpah.
Pour lui donner la réplique, Eastwood chercha une jeune actrice encore peu connue du public. Il envisagea un temps Cybill Shepherd, future star de la série CLAIR DE LUNE, révélée en 1971 par THE LAST PICTURE SHOW de Peter Bogdanovich. Mais la toute jeune Kay Lenz, aperçue dans AMERICAN GRAFFITI de George Lucas, fut finalement retenue pour le rôle de Breezy.
Grâce à ces choix judicieux, Eastwood ne fit aucune erreur de casting. Face à un William Holden, dont la prestance charismatique ne contourne jamais les signes du temps, Kay Lenz offrit une composition solaire, mêlant candeur et sensualité sans aucune surenchère.
Cherchant à évoquer la romance contrariée d’un couple dont la différence d’âge et de milieu social dérange les autres, Eastwood trouva le parfait duo. Sans pudibonderie mais avec délicatesse, l’acteur / cinéaste proposa une touchante histoire, critique ouverte des conventions qui ont encore lieu aujourd’hui malgré la libération des mœurs. Il y prouva également, comme ce fut déjà le cas dans UN FRISSON DANS LA NUIT pour quelques scènes bucoliques, sa fascination pour la nature et les paysages sauvages de la Californie.
Avec ce récit purement romantique et un simple caméo d’Eastwood dans une brève séquence, Universal n’hésita pas à distribuer le film en mettant l’accent sur le nom du cinéaste / acteur, quitte à placer sa photo sur certaines affiches ! Mais BREEZY fut vertement critiqué lors de sa sortie et boudé par le public qui s’attendait peut-être à retrouver les nouvelles aventures de « l’homme sans nom » ou d’Harry Callahan. Il ne fut distribué en France qu’en 1975 et dans une seule salle parisienne.
Déçu par l’échec d’une œuvre pour laquelle il s’était tant investi, Clint Eastwood ne revint à la mise-en-scène que 2 ans plus tard, adaptant cette fois-ci un roman d’espionnage, LA SANCTION, plus consensuel et « rassurant » auprès de ses fans.
Avec le recul, BREEZY est une œuvre sensible et touchante, préfigurant 25 ans plus tôt la pudeur de SUR LA ROUTE DE MADISON et la compléxité de son auteur, une des dernières satrs d’Hollywood capable du pire comme du meilleur.
BREEZY (1973) de Clint Eastwood.
Avec William Holden, Kay Lenz, Roger C. Carmel, Marj Dusay, Joan Hotchkis…
Scénario : Jo Heims. Musique : Michel Legrand.
Crédits photos : © Universal Pictures / The Malpaso Company
BANDE originale
Un pur hasard, l’article ayant été écrit avant la triste disparition de Michel Legrand… Il était surtout connu, au cinéma, pour ses créations sur LES PARAPLUIES DE CHERBOURG, L’AFFAIRE THOMAS CROWN ou UN ÉTÉ 42. Mais il avait composé une belle, pop et délicate Bande Originale pour BREEZY…
J’adore William Holden donc bien tentée par ce film, merci pour la découverte :)!
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De rien Isa. Et avec une belleBO de Michel Legrand 👍
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Je viens de le regarder ! Effectivement le film préfigure sur la route de Madison et a dû déstabiliser les fans de western ! J’ai trouvé l’actrice géniale, William Holden toujours bon mais j’aurais préféré Clint dans le rôle : 20 ans d’écart d’âge, c’est déjà bien, pas obligé d’en mettre 40 ! Eastwood aurait été parfait dans le rôle du bougon misanthrope…Et la bo au top
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Oui, j’aime beaucoup Kay Lenz moi aussi. On l’a surtout vu à la télé après Breezy, dans Le Riche Et Le Pauvre entre autres… William Holden n’avait qu’une cinquantaine d’années au moment du tournage mais il fait plus âgé. C’était probablement voulu par Eastwood… Et je suis bien d’accord, la BO de Michel Legrand est très belle 👍
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