Des espoirs et déceptions #19

Retour au billet d’humeur pour ce 19ème volet en mode « vénère ». À l’heure où le journalisme dit spécialisé ne vérifie plus du tout ses sources, faut plus espérer. Faut prier !

 

APpROXIMATIONs

Bienvenue dans un monde enchanté, constitué de « fake news » (de fausses infos, pour la traduction) et d’approximations grossières. Dans une société où l’information est traitée dans la seconde, histoire de cumuler plus de commentaires et de « followers » que le site concurrent, je vous emmène sur l’île enchantée de l’À-Peu-Près, où les nouvelles se préparent et se consomment comme des cheeseburgers tièdes et gras. Où faire du journalisme dit « spécialisé », c’est se foutre ouvertement du lectorat en touchant son chèque de fin de mois.

L’été dernier le magazine bobo-branché SO FILM (« tellement movie » pour la traduction) proposait en kiosques – vous savez, ces lieux en voie de disparition qui proposent des journaux imprimés… – un hors-série consacré aux séries télévisées d’hier et d’aujourd’hui.

Boulettes offertes sur le hors-série de So Film…

En moins de 5 pages, SO FILM accumulait les erreurs les plus grossières qu’il m’ait été donné de lire pour une revue de ce prix. Les enquêtes du lieutenant Columbo, à bord de sa Peugeot 407 (authentique !) y étaient présentés comme une série ayant fait sa première apparition télé… 2 ans avant le premier pilote officiellement diffusé ! Un peu plus loin, la mythique anthologie THE TWILIGHT ZONE / LA 4ème DIMENSION était évoquée, créée par le visionnaire… Rod Sterling à la place de Rod Serling !!

Curieuse coïncidence : il y a peu de temps, à l’occasion de l’annonce d’une nouvelle série THE TWILIGHT ZONE et de la diffusion d’une première bande-annonce, le site « spécialisé » CineChronicle.com publiait un article où l’erreur commise un an plus tôt par SO FILM était plusieurs fois reproduites. Soit le retour de Rod STERLING en lieu et place de Rod SERLING !

C’est sûr, par ces temps incertains où la jaunisse ambiante, parfumée de haine et de violence, secoue notre riante contrée, où certains journalistes des Inrockuptibles ou Libération sont entachés par des histoires de harcèlement sous le couvert du LOL, il faut bien reconnaître que ces petites boulettes n’ont pas grande importance.

Coquille à répétion pour CineChronicle.com…

Faut-il alors s’attendre à de passionnants dossiers sur Albert Hitchcrok ou François Treffaut sur le spécialiste CineChronicle.com ? (ne venez pas me harceler en disant que je me suis trompé sur les noms, c’est fait exprès…)

C’est vrai, écrire et publier un article avec l’ultimatum du délai en point de mire, soutenu par un post-it fluo scotché au coin de l’écran de l’ordinateur, cela peut vous faire perdre tous vos moyens. Et lorsque votre logiciel doit supporter certaines absurdités du correcteur automatique d’orthographe, vous n’êtes pas à l’abris d’une bévue… Mais un article, en principe, ça se relit. Qu’en est-il du professionnalisme ?

Qu’en est-il de cette démarche salvatrice consistant à vérifier ses écrits, à s’informer avant de diffuser n’importe quoi sans se soucier de lecteurs qui, pour la plupart, prendront ces informations comme autant de sources sûres ? Qu’en est-il de cette presse, inquiète de voir ses titres disparaîtres sans se soucier d’un minimum d’efficacité ?

La précipitation plutôt que l’efficacité. Maintenant et tout de suite, entre une photo mal légendée et des dates approximatives…

Lorsque je donnais quelques cours d’infographie, cherchant à intéresser mon jeune auditoire en proposant des travaux liés au 7ème art, il m’arrivait de faire d’incroyables découvertes en ramassant les devoirs. Steven Spielberg avait réalisé TITANIC. Et Stanley Kubrick avait le visage de… Salman Rushdie !!

Si ces bourdes d’apprentis graphistes peuvent être pardonnées, comment excuser des « professionnels », incapables de reconnaître leurs grossières erreurs par un simple « erratum » comme cela se faisait encore il y a quelques années ?

Bienvenue dans un monde d’approximations, d’infos frelatées et de sources non vérifiées.

 

Au final, CineChronicle.com a fini par répondre à ma demande de correction. Avec humour, évoquant les coups de fouets administrés à l’auteur de l’article… tout en minimisant le fait qu’il ne s’agissait que d’une simple « coquille ». Une coquille répétée plusieurs fois sur le même article. Sur quelle site déjà ? Sur Gronicle.com (m’en voulez pas, c’est juste une coquille…)

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. manU dit :

    Ah Alain, la colère te va si bien ! 😉

    Aimé par 1 personne

  2. Ah ah 😄😂 Merci Manu ! Bah… Je sais qu’il y a plus grave en ce moment. Mais franchement, je trouve ça pénible. Aujourd’hui, c’est si facile, on se trompe sur un nom alors un coup de pouce du clavier et ni vu ni connu je t’embrouille !
    Rod Serling, ça n’est pas rien. C’est un auteur génial, qui a créé la plus belle anthologie de la télévision, qui a écrit le scénario de La Planète Des Singes…
    Les mecs roulent des mécaniques en jouant aux journalistes mais ils n’ont aucune culture, aucune éthique. Ça ne paraît peut-être pas. Mais c’est inquiétant je trouve. Qu’en est-il de nos infos ? Des livres et journaux que nous lisons ? Faut-il devenir méfiant ?
    Ok, je pousse probablement. Mais je pense qu’il faut être vigilant.

    Tiens, en bonus, une autre anecdote qui m’a fait hurler de rire. Une jeune « journaliste » de 30 ans qui, sur le site de Kombini je crois, avait tapé le nom du photographe en légende, sous une photo de l’actrice… Maria de Medeiros dans Pulp Fiction 😄😄 La cocotte a sa page sur Viadeo ou elle arbore fièrement le statut de journaliste. À pleurer… de rire !

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