Pour une poignée de films… #33

Au sommaire de cette 33ème chronique expresso : un classique avec Marilyn Monroe, un premier film devenu culte et un plantage Netflix au casting 5 étoiles.

 

NIAGARA (1953) de Henry Hathaway

Au début des années 50, sur le site canadien des Chutes du Niagara, les Cutler (Jean Simmons et Casey Adams), deux jeunes vacanciers en voyage de noce, font la connaissance de Rose et George Loomis (Marilyn Monroe et Joseph Cotten), un couple en pleine crise dont la différence d’âge et le caractère aguichant de Rose accentuent les tensions…

Il n’est jamais trop tard pour découvrir un classique du 7ème art. Et l’un des avantages du câble – ou de la fibre – tient parfois dans la qualité de ses chaînes thématiques. C’est dans le cadre d’un cycle dédié à l’iconique Marilyn Monroe que j’ai pu découvrir le film NIAGARA réalisé par Henry Hathaway (LE CARREFOUR DE LA MORT, NEVADA SMITH, 100 DOLLARS POUR UN SHÉRIF…).

Film noir en Technicolor, la principale curiosité du récit s’articule autour du personnage de Marilyn Monroe. Véritable femme fatale manipulatrice, à 1000 lieues des rôles d’ingénue qu’elle interpréta régulièrement sur grand écran, elle joue ici une jeune femme perverse, bombe sexuelle aux sombres objectifs, dans un environnement lumineux et paradisiaque. La noirceur sous la clarté d’un site naturel spectaculaire et ensoleillé.

NIAGARA reste un film surprenant de provocation et de suggestion érotique pour son époque. Habitué des westerns, le cinéaste Henry Hathaway et ses scénaristes (Charles Brackett, Richard Breen et Walter Reisch) semblent prendre un malin plaisir à critiquer la société américaine « proprette » des années 50, pas de manière

frontale mais, par exemple, en usant de symboles visuels et de codes couleurs évidents. Ainsi, l’apparition de Marilyn Monroe, provocatrice dans sa robe rose fuchsia, parmi les couples de vacanciers aux teintes monochromes, en est une flagrante représentation.

Le lieu même des chutes du Niagara, véritable co-star de Monroe donnant son titre bref au film, peut être vu – n’allez pas me prendre pour un pervers lubrique pour autant ! – comme un évident symbole érotique dans ce thriller psychologique, teinté de drame. Certaines séquences pourront évoquer les films d’Hitchcock de cette décennie, par l’usage à la fois réaliste et fantasmé des lieux et des situations. Si certaines longueurs vers la fin du film et des aspects datés peuvent atténuer l’appréciation du film, NIAGARA reste un beau classique, témoin des débuts flamboyants de Marilyn.

 

 

UN MONDE SANS PITIÉ (1989) de Éric Rochant

À Paris à l’aube des années 90, Hippo (Hippolyte Girardot), jeune trentenaire désabusé, vivote tel un dandy, passant d’une liaison à une autre sans se préoccuper du lendemain. Sa rencontre avec Nathalie (Mireille Perrier), une étudiante sérieuse qui est son exact contraire, va bouleverser ses idéaux…

30 ans après sa sortie, que reste-t-il du tout premier film du talentueux Éric Rochant (LES PATRIOTES, ANNA OZ, MÖBIUS, LE BUREAU DES LÉGENDES…) ? Considéré à l’époque comme l’étendard d’une génération post soixante-huitarde subissant des lendemains qui déchantent, UN MONDE SANS PITIÉ s’était transformé en succès surprise, tant commercial que critique, attirant les foules et cumulant prix à Venise et aux Césars.

Parvenant, malgré son postulat de base et son décor parisien-bohême (on ne parlait pas encore de bobos en 1989…), à s’éloigner des pénibles règles du film français nombriliste et sans budget, ce premier long-métrage reste une œuvre attachante, rebondissant avec élégance sur les ressorts de la comédie douce-amère pour mieux évoquer la gravité d’une époque peu avenante.

Véritable révélation du film, Hippolyte Girardot est l’atout majeur du film. Charmeur malicieux, roublard mais attachant, son personnage de dandy sans illusions, clone de fiction de Jacques Dutronc, devient le héros malgré lui d’un monde plombé par la crise économique et la difficulté d’y trouver sa place. Son duo complice avec un tout jeune et épatant Yvan Attal (la « moule dans le salon ») se revoit – ou se découvre – avec jubilation.

Il reste pour moi un mystère que je ne m’explique toujours pas, 30 ans plus tard : comment peut-on tomber amoureux d’une endive aussi fade que le personnage de Nathalie, interprétée sans charisme par une Mireille Perrier aussi attirante qu’un livre de droit ou d’économie par un jour de pluie ? L’illusion du cinéma, sans doute…

 

 

SERENITY (2019) de David Knight

Sur une île paradisiaque entre soleil et mer turquoise, Baker Dill (Matthew McConaughey) vivote tant qu’il peut en emmenant des touristes à la pêche au gros sur son bateau. Il voit un jour débarquer son ex-femme Karen (Anne Hathaway) qui lui demande de tuer Frank Zariachas (Jason Clarke), son époux violent et tyrannique, contre 10 millions de dollars…

Le problème des productions Netflix, comme le soulignait Steven Spielberg avant de se laisser embarquer par Apple TV+, c’est que l’on ne peut voir les films de la chaîne qu’à la télévision. Soit ce sentiment désagréable, en général, de découvrir des productions parfois ambitieuses comme autant de téléfilms !

SERENITY (à ne pas confondre avec le film de Joss Whedon de 2005) n’échappe pas à cette règle. Réalisé et scénarisé par David Knight, auteur britannique talentueux à qui l’on doit entre autres la série PEAKY BLINDERS et le scénario des PROMESSES DE L’OMBRE de David Cronenberg, ce « film noir » au Club Med enfile les clichés ridicules comme des perles.

Réussissant l’exploit d’aligner un casting brillant mais maladroitement sous-employés, Knight nous offre ce qui ressemble, à première vue, à un polar vénéneux pour nous faire prendre un virage à 180° au cours d’un « twist » que l’on sentait venir depuis un bon moment.

À 1000 lieues de ses brillantes interprétations dans DALLAS BUYERS CLUB, MUD ou INTERSTELLAR, Matthew McConaughey cabotine à outrances en baroudeur aux docksides Sebago, désabusé par l’existence et obsédé par un étrange espadon. Anne Hathaway roule des yeux en « femme fatale » blonde devant un Jason Isaac, colossale ordure dont le sort mérité (dans le film, bien sûr…) en fera éclater de rires plus d’un et plus d’une, de façon involontaire. Du côté des sous-fifres, la pauvre Diane Lane paie ses arriérés en jouant les Cougars lascives quand Djimon Hounsou semble faire de la figuration.

On se demande, à la vision de ce navet mou du genou, ce qui a bien pu motiver une telle brochette de talents si ce n’est le cachet et un tournage tous frais payés à l’île Maurice. Téléfilm raté au scénario « abracadabrantesque », SERENITY a des relents nauséabonds de marée basse.

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. princecranoir dit :

    Je me ferais bien un petit Hathaway tiens, très bonne idée. Niagara n’est sans doute pas son meilleur malgré la présence de la charmante blonde.
    Sur ces conseils, je mets Serenity en attente, visiblement pas à la hauteur.

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    1. Si tu ne l’as pas vu, je te recommande COLOSSAL avec Anne Hathaway :

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      1. princecranoir dit :

        D’un Hathaway à une autre, pourquoi pas 😀

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  2. Au temps pour moi 😄
    Pour Tonton Henry, tu as le choix…

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