D’un côté l’un des groupes de rock phares des années 70 et 80, à l’origine de tubes planétaires uniques et inoubliables, portées par la voix de Freddie Mercury. De l’autre l’un des artistes pop / rock les plus doués et talentueux de la scène anglaise depuis près de 50 ans.
Le hasard – ou la tendance actuelle des biopics musicaux au cinéma – fait que deux films consacrés à ces artistes sont sortis en salle, à quelques mois d’intervalle. Des parcours situés aux mêmes époques, ponctués de moments magiques ou tragiques, hors normes dans les deux cas.
Avec une séance de rattrapage, en ce qui me concerne pour BOHEMIAN RHAPSODY, et une vision en salle pour ROCKETMAN, que nous offrent ces deux visions, semblables à première vue mais bien différentes au final ?
Bohemian rhapsody
Du début des années 70 au concert Live Aid à Wembley en 1985, le parcours du groupe Queen et de son leader Freddie Mercury (Rami Malek), entre tubes planétaires, succès vertigineux et brouilles. Autour de ce groupe mythique, le destin d’un artiste égocentrique et fragile…
Il n’est pas une journée qui passe sans que la télé, la radio et même le cinéma pour une BO playlist ne diffuse l’un des titres de Queen. La publicité s’empare elle aussi des tubes de ce groupe légendaire, d’une façon plus ou moins bancale.
Queen a même participé activement à certaines musiques de films, créant les bandes originales de FLASH GORDON en 1980 et de HIGHLANDER en 1985. Malgré un parcours riche en réussites et drames, l’histoire du groupe n’avait jamais donné lieu à un long-métrage. Jusqu’à ce BOHEMIAN RHAPSODY, empruntant son titre à l’une de leurs chansons les plus célèbres – si ce n’est la plus célèbre – conspuée et vivement critiquée à sa sortie pour sa longueur et son côté « inclassable » avant d’être considérée comme l’une des plus importantes du glam rock.
Qui évoque Queen évoque Freddie Mercury, son leader charismatique et chanteur à la voix impressionnante. Parsi d’origine, Farrokh Bulsara vivotait entre des petits jobs sans intérêt avant sa rencontre avec Brian May, Roger Taylor et John Deacon. Ils fonderont tous les 4 le groupe Queen dès 1970 et Farrokh prendra le nom de Freddie Mercury, se heurtant à la désapprobation de son père.
Le film s’attache principalement au parcours personnel du chanteur, la révélation de son homosexualité après avoir aimé et épousé Mary Austin (Lucy Boynton), seule femme qu’il aimera jusqu’à sa disparition, et qui restera sa meilleure et plus fidèle amie. BOHEMIAN RHAPSODY évoque aussi les dérives de Mercury jusqu’à son retour au sein du groupe et la découverte de sa maladie.
Classique dans sa présentation, pourvu d’une belle reconstitution d’époque, le film de Bryan Singer est littéralement porté par l’interprétation – et l’implication – de Rami Malek, découvert dans la série Mr ROBOT et que l’on retrouvera prochainement en ennemi de James Bond. Le jeune acteur se fond dans le personnage et offre une bouleversante composition, d’un mimétisme parfait avec son modèle.
Choisissant de se conclure sur une note positive (la reformation du groupe au concert de Wembley de 1985), BOHEMIAN RHAPSODY a les avantages et les inconvénients de tous les biopics : permettre un nouvel éclairage sur une personnalité tout en omettant certains détails ou en arrangeant la réalité.
Le film n’en demeure pas moins réussi dans son approche global et donne irrésistiblement envie de se replonger dans les standards de Queen. Il a obtenu 4 Oscars cette année 2019 dont celui du meilleur acteur pour Rami Malek.
ROCKETMAN
Déboulant brusquement dans un centre des alcooliques anonymes en costume de scène, Elton John (Aron Egerton) revient sur son parcours d’artiste et sa vie. De son enfance au sein d’une famille peu aimante à ses débuts et sa rencontre avec le parolier Bernie Taupin (Jamie Bell), l’itinéraire parsemé d’alcool, de sexe et de drogues du jeune Reginald Dwight devenu la pop star Elton John…
Tout comme Queen, Elton John fait partie de ces incontournables de la pop / rock ayant émergé dans les années 70. Doté d’une oreille musicale lui offrant des possibilités inouïes, le jeune Reginald est un enfant mal aimé au sein d’une famille désunie, avec une mère méprisante et un père quittant rapidement le foyer pour aller refonder une famille.
Ces bouleversements influenceront son parcours personnel et professionnel. Mais sa rencontre et sa belle amitié avec Bernie Taupin, le parolier de ses plus grands tubes comme YOUR SONG, déclenchera le succès.
Comme BOHEMIAN RHAPSODY avec Queen, le film ROCKETMAN emprunte son titre à l’un des plus célèbres tubes d’Elton John, évoquant à la fois ses années fastes et sa vie d’excès en tous genres : drogues, sexe, alcool… On connaît la musique.
Là où le film de Dexter Fletcher se démarque du film de Bryan Singer tient dans sa forme : si ROCKETMAN est une évocation romancée du parcours d’Elton John, la mise-en-scène se veut volontairement « fabriquée », évoquant une véritable comédie musicale où les tubes de l’artiste appuient volontairement les moments tragiques ou comiques vécues par le chanteur et prennent une toute autre raisonnance.
ROCKETMAN ne cherche pas la réalité mais une interprétation haute en couleur de l’existence d’Elton John, son succès fulgurant au début des années 70, ses excès, sa déchéance jusqu’au ressaisissement nécessaire avant de sombrer.
Plus cru dans son évocation que celle de BOHEMIAN RHAPSODY, ROCKETMAN s’avère plus visuellement créatif tout en étant moins émouvant que le film de Bryan Singer. Plus « léger » et positif également, puisque le cheminement de l’artiste ne s’est pas terminé de façon tragique comme celui de Freddie Mercury.
Là aussi, l’essentiel du film repose sur la remarquable interprétation avec un Aron Egerton (KINGSMAN) bluffant et littéralement habité par son rôle. Son duo d’amitié avec Taupin / Jamie Bell est sincèrement mis en valeur au sein d’une réalisation plus inspirée et moins classique que celle de BOHEMIAN RHAPSODY.
THE SHOW MUST GO ON ON THE YELLOW BRICK ROAD
Pas de réel gagnant entre ces deux films. BOHEMIAN RHAPSODY et ROCKET MAN nous permettent de mieux comprendre les destins mouvementés de 2 incontournables stars du rock, d’écouter leurs tubes avec une autre approche et de saisir que tout n’est pas rose au pays du star system.
Les deux films reviennent sur les complexes physiques et l’homosexualité des deux hommes à une époque où la « différence » était bien moins accepté, même si tout n’est pas si simple encore aujourd’hui. Là où le film de Bryan Singer nous offre une approche plus sensible et touchante de Freddie Mercury, le biopic de Dexter Fletcher se permet d’inévitables digressions à travers une réalisation colorée et graphique.
L’émotion pour BOHEMIAN RHAPSODY. La fantaisie pop pour ROCKET MAN. Mais au final, deux films qui interpelleront ceux et celles qui apprécient ces artistes et comptent leurs œuvres dans leurs discothèque personnelles.
2 films à voir – même si je leur préfère l’approche décalée de YESTERDAY – et 2 superbes interprétations. Ceux qui voudront en savoir plus (ou mieux) se plongeront dans les biographies, autorisées ou non, de Freddie Mercury et Elton John.
NB : Au bout du compte, l’une des surprises avec ces deux films… c’est qu’ils ont été réalisé – du moins, en partie – par le même cinéaste ! Soit Dexter Fletcher, réalisateur de ROCKET MAN… et venu en urgence sur BOHEMIAN RHAPSODY pour remplacer Bryan Singer, viré par la 20th Century Fox pour absences répétées et mésentente avec Rami Malek (c’est du moins la version officielle). Pour plus de détails sur l’affaire, je vous laisse à vos propres recherches…
BOHEMIAN RHAPSODY (2018) de Bryan Singer (et Dexter Fletcher – non crédité)
Avec Rami Malek, Lucy Boynton, Gwilym Lee, Ben Hardy, Joe Mazzello, Allen Leech…
Scénario : Anthony McCarten, d’après une histoire d’Anthony McCarten et Peter Morgan.
Musique : John Ottman et les titres de Queen.
Crédits photos : © 20th Century Fox
ROCKET MAN (2019) de Dexter Fletcher.
Avec Taron Egerton, Jamie Bell, Bryce Dallas Howard, Richard Madden, Stephen Graham…
Scénario : Lee Hall. Musique : Matthew Margeson et les titres de Elton john.
Crédits photos : © Paramount Pictures
Je crois que ma préférence irait vers Rocket man est ses beaux costumes, Mercury me fait un peu flipper dans son manteau de fourrure, on dirait Klaus Kinski dans Nosferatu 😱
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Ah ah 😄 En même temps, ça n’est qu’une photo 😉 Les deux films se valent tout de même. Mais Bohemian Rhapsody a connu quelques problèmes. Et cela se ressent peut-être…
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Je pense en effet que le Singer peut être intéressant par cet aspect « raccomodé ».
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??
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Fini par un autre quoi
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J’avais pas saisi « le Singer ».
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