Revoir BIG

Retour sur l’un des grands succès des années 80 : BIG de Penny Marshall, l’un des premiers films de Tom Hanks. Une fable drôle et tendre, toujours d’actualité.

Dans la peau d’un grand

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas BIG, le film se déroule aux États-Unis, à la fin des années 80. Joshua (David Moscow), un jeune garçon de 12 ans, complexé par son âge et sa taille, découvre une étrange machine dans une fête foraine.

Celle-ci l’invite à faire un vœu et Josh s’exécute : il souhaite devenir un grand, un adulte. Le lendemain matin, le jeune garçon se réveille dans la peau d’un homme de 30 ans (Tom Hanks) tout en restant un enfant ! Seul son ami Billy (Jared Rushton) le croit.

Mais l’étrange machine à sorts a disparu. Et Joshua doit vite s’adapter à sa nouvelle condition d’adulte en attendant de résoudre cette malédiction… Beau mélange de fantastique et de comédie sentimentale, BIG est un conte sur le passage de l’enfance au monde des adultes, et la perte de l’innocence qui s’en suit.

 

Penny Marshall, réalisatrice de cœur

Disparue en 2018, Penny était actrice, productrice et réalisatrice à Hollywood. Ses débuts dans la comédie ont commencé à la fin des années 60. Puis elle est remarqué par le public avec un rôle récurrent dans la célèbre série HAPPY DAYS / LES JOURS HEUREUX.

Elle passe à la réalisation et tourne JUMPIN’ JACK FLASH, son premier film, en 1986 avec Whoopi Goldberg. Puis viendront L’ÉVEIL en 1990 avec Robert De Niro et Robin Williams, et UNE ÉQUIPE HORS DU COMMUN avec Geena Davis et Tom Hanks en 1992.

Penny Marshall et Tom Hanks sur le tournage de BIG (1988)

Avec BIG qu’elle tourne déjà avec Tom Hanks, en remplacement de John Landis engagé sur UN PRINCE À NEW YORK et Steven Spielberg, Marshall s’appuie sur un scénario de son frère Gary (réalisateur entre autres de PLEASANTVILLE et HUNGER GAMES) et Anne Spielberg, sœur de Steven Spielberg. Une véritable histoire de famille…

La sensibilité teintée d’ironie de Penny Marshall fait des miracles – sans mauvais jeu de mots – sur BIG. Par le biais du conte, la réalisatrice nous amène à réfléchir sur la condition humaine, sur la perte de nos rêves et sur l’enfant qui sommeille en chacun de nous tout au long de l’existence.

 

Jeux d’acteurs

BIG ne serait pas une réussite sans la formidable interprétation de Tom Hanks dans le rôle de Joshua. Avant lui, Robert De Niro et Harrison Ford furent un temps envisagés pour le personnage de Josh.

À l’époque du film, Hanks est au tout début de sa carrière, rendu populaire par des comédies comme UNE BARAQUE À TOUT CASSER ou SPLASH. BIG lui permet d’aborder un rôle plus complexe puisque son personnage doit évoluer entre la comédie et le drame sans que cela ne vienne peser sur le récit.

Jouant bien sûr de sa “bouille” de petit garçon et de son regard rieur, il parvient sans mal à nous faire croire à sa situation d’enfant dans un corps d’adulte. Mais son jeu spontané donne au postulat de base une sincérité bienvenue, sans laquelle ce mélange de rire, d’émotion et de fantastique ne fonctionnerait pas.

Autour de Tom Hanks, Elizabeth Perkins est la partenaire idéale pour ce film. Comme l’acteur, la jeune femme a encore ce visage enfantin, venant appuyer l’un des thèmes du film : les adultes ne sont que de grands enfants, ayant grandit trop vite.

Dans un rôle à contre-emploi, Robert Loggia, plus habitué depuis des années à interpréter les gangsters et les magouilleurs au cinéma comme à la télévision, parvient sans peine à rendre attachant son personnage de grand patron d’une entreprise de jouets. Sans forcer le trait, amenant avec lui son visage buriné marqué par les années, il donne de la crédibilité à ce « vieux gosse », retrouvant en Joshua / Tom Hanks une seconde jeunesse.

Enfin, David Moscow et Jared Rushton, respectivement dans les rôles de Josh enfant et de son ami Billy, sont d’une grande justesse. Lors du tournage, Ruston et Tom Hanks étaient devenus très complices pour que l’on retrouve à l’image l’amitié de Billy et Joshua. Hanks s’inspira également des attitudes et expressions de David Moscow pour garder une unité de jeu entre le Josh enfant et le Josh adulte.

 

Gros succès et film modèle

Pour un budget de 18 millions de dollars, BIG en rapporta plus de 100 millions, s’octroyant la 4ème place du box-office américain en 1988. En peu de temps, le film devint un grand succès commercial et une œuvre aux nombreuses scènes cultes : la séquence tourné au magasin de jouets de New York FAO Schwarz, le trampoline dans le loft, la partie de squash, etc…

Avec un sujet à même de toucher le plus grand nombre de spectateurs, BIG fut pris en modèle pour de nombreux films suivants : 17 ANS ENCORE avec Matthew Perry et Zac Effron, FREAKY FRIDAY avec Jamie Lee Curtis, 30 ANS SINON RIEN avec Jennifer Garner…

À l’équipe technique du film, on retrouve Barry Sonnenfeld à la photographie, avant ses débuts de réalisateur sur LA FAMILLE ADAMS, GET SHORTY ou la trilogie MEN IN BLACK. Le générique de BIG fut confié au graphiste publicitaire Saul Bass, célèbre pour ses génériques de PSYCHOSE, VERTIGO et LA MORT AUX TROUSSES, ainsi que ses affiches de films tels AUTOPSIE D’UN MURTRE, BUNNY LAKE A DISPARU ou WEST SIDE STORY.

Le triomphe de BIG autour du monde tient en grande partie dans son récit universel : le douloureux passage d’un (grand) enfant dans le monde des adultes. Tourné dans les années 80, à une époque où le pouvoir et la réussite étaient mis en avant, BIG se permet la critique d’une société factice, basé sur l’argent et les guerres internes dans le monde du travail.

Plongé accidentellement dans un milieu de « requins », Josh / Tom Hanks perd progressivement son âme d’enfant à mesure qu’il gravit les échelons de la société qui l’emploie. Seul l’affection de sa collaboratrice Susan / Elizabeth Perkins lui permet de garder le cap et de ne pas oublier d’où il vient.

Bien plus qu’un simple divertissement, BIG amène à la réflexion. Sur ce qui nous reste de l’enfance, ce qui nous guide dans la vie et sur l’âpreté de notre société « d’adultes responsables » en apparence.

Touchant et drôle, BIG reste toujours d’actualité. Un remède à prescrire pour ne pas oublier d’où nous venons. Pour ne pas oublier cette part d’enfance qui ne nous quitte jamais.

 

BIG (1988) de Penny Marshall.
Avec Tom Hanks, Elisabeth Perkins, Robert Loggia, John Heard, Jared Rushton, David Moscow…
Scénario : Gary Ross et Anne Spielberg. Musique : Howard Shore.

Crédits photos : © 20th Century Fox

 

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