AD ASTRA de James Gray

L’histoire

Le futur. L’humanité s’est investie dans la conquête spatiale. Alors qu’une série d’étranges catastrophes touchent la Terre, le major Roy McBride (Brad Pitt) est envoyé en mission secrète vers Neptune où se trouve son père Clifford McBride (Tommy Lee Jones), probablement à l’origine des mystérieux phénomènes…

 

Espace intérieure

Avant tout, il me semble prudent de prévenir les lecteurs et les lectrices de cette chronique qui n’auraient pas encore vu AD ASTRA : malgré une bande-annonce quelque peu trompeuse et la présence d’une star en tête d’affiche, le film de James Gray n’est pas un énième blockbuster à la Marvel.

Non, je n’ai aucun griefs contre les blockbusters lorsqu’ils sont divertissants sans être abrutissants. Mais  essayer de s’impliquer dans une œuvre profonde et émouvante comme AD ASTRA à proximité de 3 pignoufs – la nana accro à son portable, son mec qui mange bruyamment des tacos et le 3ème qui commente chaque scène – n’est pas une mission facile.

Après l’heureuse intervention de quelques spectateurs (dont votre serviteur) et la venue des responsables de la salle, j’ai tout de même découvert le film dans de meilleures conditions. Fin de la parenthèse d’introduction.

Comme je le disais brièvement un peu plus haut, AD ASTRA est une belle œuvre. Un récit original et puissant alors que s’entassent à la pelle de multiples suites, préquelles et autres reboots à longueur de semaines.

Doté d’un superbe traitement visuel, évoquant par moment le 2001 de Kubrick, le film se rapproche d’œuvres comme le récent FIRST MAN ou le SOLARIS de Steven Soderbergh.

Sous les attributs d’un film d’anticipation spectaculaire, James Gray nous offre un drame psychologique où l’infiniment grand côtoie l’intime, où la magnifique désolation de l’espace sert de cadre à l’aventure intérieure d’un homme en perte de repères.

Par le biais de la science-fiction, l’histoire d’AD ASTRA évoque les difficiles relations d’un père, astronaute « modèle » à la renommée écrasante, et de  son fils brillant mais seul à force de chercher la perfection pour s’imposer.

Un lien père/fils comme tant d’autres mais sublimé par la beauté froide des étoiles. Un récit personnel situé au cœur de l’espace, comme pour mieux nous dire que le plus difficile des voyages est intérieur.

Si de prime abord le talentueux James Gray (LITTLE ODESSA, LA NUIT NOUS APPARTIENT, TWO LOVERS…) paraît s’éloigner de ses précédentes œuvres, il retrouve, avec AD ASTRA, certains de ses thèmes de prédilections avec ses personnages fragiles et le poids de la famille dans leurs destinées.

Le récit du film, simple en apparence, est une réflexion profonde sur ce qui pousse les individus à agir parfois contre leur volonté réelle, pour suivre les traces de leurs aînés ou pour correspondre à ce que les autres attendent d’eux. Sur ce qui nous amène malgré nous à nous isoler des autres pour mieux nous protéger.

À travers son long et douloureux périple pour retrouver son père, le personnage de Roy McBride remet ainsi en question son existence, ses choix et ses efforts malheureux pour se détacher de tout comme son père avant lui.

AD ASTRA est emmené par une belle distribution constituée de personnages aux interventions brèves mais essentielles dans le cheminement de l’histoire et dans le parcours du personnage principal : Donald Sutherland, touchant dans  un rôle paternaliste; Tommy Lee Jones, marquant en père dévoré par une quête impossible; Liv Tyler, dont les quelques apparitions muettes et graves viennent illustrer les regrets de Roy McBride; Ruth Negga à l’interprétation émouvante et juste en directrice de station spatiale…

En tête de cet excellent casting, Brad Pitt s’impose à nouveau, quelques temps après sa brillante interprétation dans le dernier Tarantino, comme un grand acteur, bien plus profond et impliqué que sa « belle gueule » pourrait parfois laisser croire. Investi physiquement et psychologiquement dans son rôle, il donne au personnage de Roy McBride une vérité et une fragilité bouleversante et forte. Une composition qui porte le film vers des niveaux d’émotion rare dans le cinéma d’aujourd’hui.

Profond et émouvant, AD ASTRA est une œuvre marquante et sincère. Un véritable voyage intérieure alliant drame, dépaysement et réflexion.

 

AD ASTRA (2019) de James Gray.
Avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Donald Sutherland, Liv Tyler…
Scénario : James Gray et Ethan Ross. Musique : Max Richter.

Crédits photos : © 20th Century Fox, Regency Enterprises, Plan B Entertainment, Bona Film Group,

 

BANDE-ANNONCE

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. rp 1989 dit :

    Je suis d’accord pour les acteurs et le visuel mais je me suis malheureusement beaucoup ennuyée devant ce film.

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    1. Ça n’est pas mon cas. AD ASTRA est avant tout un film d’atmosphère, de réflexion… alors que la bande-annonce le présente comme un énième film d’action ! On entre ou non dans le film, et je pense qu’au moins deux visions peuvent être nécessaires pour le saisir pleinement. Après, les goûts et les couleurs…

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