CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR : la trilogie des Cybernautes

Tout a déjà été dit sur CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (THE AVENGERS en VO, à ne pas confondre avec les AVENGERS de chez Marvel). Créée au début des années 60, cette série télévisée inclassable – mêlant espionnage, fantastique, science-fiction, polar et humour – s’est très rapidement imposée comme une réussite artistique, rassemblant des millions d’adeptes qui lui vouent un véritable culte dans le monde entier.

Emma Peel (Diana Rigg) et John Steed (Patrick McNee : l’âge d’or de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR / THE AVENGERS.

Longtemps, j’ai eu envie de vous faire partager ma passion pour CHAPEAU MELON, sans savoir comment l’aborder par un angle « original », histoire de ne pas répéter ce que tant d’autres ont déjà évoqué.

Parmi les épisodes les plus classiques de cette série, les récits où les héros affrontent les Cybernautes, des robots indestructibles, ancêtres du Terminator, comptent parmi mes préférés. Et constituent une véritable trilogie, étalée sur 3 saisons distinctes !

Retour vers l’un des plus beaux chapitres de l’histoire de la télévision avec la trilogie des Cybernautes de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR.

 

Les Cybernautes / The Cybernauts – Saison 4, Épisode 5 (1965)

Lorsque l’épisode des CYBERNAUTES est diffusé pour la première fois à la télévision britannique en octobre 1965, la série CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR en est déjà à sa 4ème saison.

Démarrée en 1961 comme une classique série policière, et filmé comme souvent à l’époque dans les conditions du direct, le héros n’y est pas John Steed mais le Dr Keel (Ian Hendry), un médecin jurant de venger sa fiancée froidement abattue par des truands. Dans sa quête des assassins, il est aidé par le mystérieux mais efficace Steed (Patrick Macnee), un agent secret cherchant, pour d’autres raisons, à stopper le gang criminel.

Nommé THE AVENGERS, la série ne prendra son célèbre concept – un homme et une femme face à d’étranges situations – qu’à partir de la saison 2, avec le départ d’Hendry / Keel et l’arrivée de Cathy Gale (Honor Blackman) pour faire équipe avec Steed / Macnee. Le nom d’origine, THE AVENGERS, restera le titre de la série.

Après les saisons 2 et 3, l’actrice Honor Blackman quitte THE AVENGERS pour tourner GOLDFINGER avec Sean Connery. Elle aura marqué le public anglais pour la modernité de son personnage en ce début des années 60… et pour ses tenues en cuir sexy, idéales dans les scènes de combat.

La belle Diana Rigg prend donc la relève pour la saison 4, imposant l’image novatrice d’une femme à l’égale des hommes dans le rôle d’Emma Peel (jeu de mots pour « M Appeal » soit « Men Appeal ») et lui apportant son charme irrésistible.

Avec cette nouvelle saison tournée encore en noir et blanc mais sur pellicule, CHAPEAU MELON entre réellement dans la légende de l’histoire de la télévision. La série s’immisce un peu plus dans la science-fiction et le fantastique avec des récits où étrange, décallage, mystère et humour sont en harmonie.

Parmi ces histoires, LES CYBERNAUTES devint vite l’un des épisodes cultes de la série. Réalisé par Sidney Hayers, l’épisode voit Steed et Mme Peel affronter un inventeur de génie, adepte des circuits informatiques miniaturisés et expert en cybernétique. Interprété par Michael Gough (LE CAUCHEMAR DE DRACULA, SLEEPY HOLLOW et Alfred dans BATMAN de Tim Burton), ce savant fou, le Professeur Armstrong, a créé le Cybernaute, un indestructible robot qu’il charge d’éliminer ses concurrents.

Novateur pour l’époque et devenu mythique pour son « personnage » de robot tueur – alors qu’en France, le public s’inquiétait du devenir amoureux de JANIQUE AYMÉE ou du trio franchouillard du TEMPS DES COPAINS, 2 feuilletons très datés aujourd’hui… – ce célèbre épisode, au charme vintage, témoignait, si nécessaire, de la grande originalité de la série et de son humour typiquement britannique.

Face à Armstrong, qui ne croit qu’en l’automatisation des taches, et sa diabolique invention, le flegme de John Steed et le piquant sexy d’Emma Peel font des miracles, transformant ce classique de la télévision en une madeleine qu’on ne se lasse de savourer.

 

Le retour des Cybernautes / Return of the Cybernauts – Saison 5, Épisode 18 (1966/1967)

La saison 5 de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR fait entrer la mythique série dans l’ère de la couleur à la télévision. Considérée par de nombreux aficionados comme le summum de cette magnifique création, cette période comprend en effet de superbes récits et les célèbres « Emmapeelers », ces indémodables tenues colorées et séduisantes portées par Diana Rigg.

Succès des CYBERNAUTES oblige, les scénaristes de cette nouvelle saison font revenir les terribles robots dans un récit de vengeance. Après Michael Gough, c’est au tour de Peter Cushing de faire une infidélité aux productions de la Hammer pour incarner Paul Beresford, le frère du savant fou Armstrong, bien décidé à se venger avec un plan diabolique.

Au delà d’un simple remake, LE RETOUR DES CYBERNAUTRES montre comment Beresford va utiliser la technologie – et l’un des collègues – de son frère pour contrôler notre duo préféré afin d’en faire des automates meurtriers.

Les scénaristes évitent donc le piège du remake, apportant au récit un véritable suspense et un « triangle amoureux » entre Steed, Emma et Beresford porté par d’excellents acteurs.

Si l’effet de surprise est moindre, la couleur vient sublimer ce RETOUR DES CYBERNAUTES, nouvel épisode culte de la série dans une saison qui en comporte beaucoup.

 

Le dernier des Cybernautes / Last of the Cybernauts – Saison 7, Épisode 4 (1976)

Avec l’arrivée de Tara King / Linda Thorson en remplacement d’Emma Peel / Diana Rigg, la saison 6 sera la dernière produite au cours des années 60. Plusieurs années passeront avant le retour de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR en 1976, titré en VO THE NEW AVENGERS.

Passage de relais entre Emma Peel (Diana Rigg) et Tara King (Linda Thorson) pour la 6ème saison de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR.

Fidèle au poste, John Steed / Patrick Macnee est cette fois-ci entouré de deux partenaires avec le fringuant Mike Gambit (Gareth Hunt), prévu pour remplacer Steed / Macnee dans les scènes d’action, et la belle Purdey (Joanna Lumley), occasionnant ainsi quelques variations humoristico-glamour quant aux relations des 3 personnages.

Si ce nouveau trio fonctionne à merveille, les temps ont changé : les intrigues fantastiques et décalées ont laissé la place, en majorité, à des récits policiers et d’espionnage plus conventionnels même si quelques histoires fantastiques s’imposent dans la droite lignée de la série.

Ainsi, avec des épisodes comme LE REPAIRE DE L’AIGLE ou LE MONSTRE DES ÉGOUTS, cette nouvelle saison de CHAPEAU MELON (également appelée la saison 1 de THE NEW AVENGERS) offre une certaine continuité avec les premiers récits reste de mise.

Des problèmes de coproductions entre la Grande Bretagne, le Canada et la France – à l’initiative de ce retour – aboutiront à une ultime saison en 1977, moins passionnante et innovante, se contentant de surfer sur les polars tv en vogue dans les années 70… Depuis, plusieurs tentatives pour faire revivre CHAPEAU MELON ont été succès sans aboutir à un résultat concluant (l’insipide film de 1998 avec Ralph Fiennes et Uma Thurman) ou à la mise en production d’une nouvelle saison ou série.

Purdey (Joanna Lumley), Gambit (Gareth Hunt) et John Steed (Patrick Macnee) : le trio des NEW AVENGERS.

Avec la disparition de Patrick Macnee, mieux en rester là et revoir les merveilleux épisodes disponibles…

Pour en revenir à la saison 7, la production choisit de donner une fin à la saga des Cybernautes avec le bien nommé LE DERNIER DES CYBERNAUTES (THE LAST OF THE CYBERNAUTS ? en VO laisse entendre que les robots pourraient revenir…)

Sans être un épisode manqué, ce « retour » n’a pas la saveur des deux récits précédents même si l’intrigue reste prenante et certaines séquences très réussies, comme l’affrontement entre Purdey, Steed et un Cybernaute dans un escalier d’immeuble.

Pour ce 3ème et dernier volet, un espion, défiguré et amoindri physiquement à la suite d’un accident, veut se venger de Steed, Gambit et Purdey qu’il juge responsables de son état. Il fait appel à l’un des anciens collaborateurs du Dr Armstrong, l’inventeur des Cybernautes, pour lui rendre sa mobilité en l’équipant d’un exosquelette et en le transformant en Cybernaute.

L’histoire se suit sans déplaisir, même si l’on sent que les producteurs tente de « raccrocher le wagon » en liant cette nouvelle saison à la série classique.

Se résolvant sur une touche décalée, à l’humour typiquement britannique mais quelque peu décevante, ce DERNIER DES CYBERNAUTES a au moins le mérite de conclure la mythologie des Cybernautes dans la série CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR.

Toutefois, il faut signaler que le titre original de cet ultime épisode ce termine par 2 points d’interrogation. S’il reste peu probable que la série revienne à la télévision pour une nouvelle saison – et une nouvelle série – CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR n’a pas fini d’être  sur le devant de la scène. Les Cybernautes aussi…

5 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. manU dit :

    Souvenirs, souvenirs…
    Merci pour ce retour sur une série unique !

    Aimé par 2 personnes

    1. You’re welcome sir 😉

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  2. princecranoir dit :

    Superbe article. Ces Cybernaites m’évoquent une autre série britannique mythique, le Dr Who, qui introduit les Cybermen. Nul doute que l’un à du influencer l’autre, mais dans quel sens…
    Je ne savais rien de cette première saison qui justifie le titre original de la série. Merci pour toutes ces infos.

    Aimé par 1 personne

    1. Merci. Oui, c’est pas faux, il y a une ressemblance entre les Cybermen et les Cybernautes. Les origines britanniques des deux séries et la représentation 60’s de la SF n’y sont sans doute pas étranger… Pour en revenir à Chapeau Melon, on oublie souvent que la série a démarré avant la 4ème saison car les épisodes de la 4ème saison – avec Mme Peel – furent les premiers diffusés en France dans les années 60 et 70. L’édition de l’intégralité de la série en vidéo, dès les années 90, a permis de combler cette lacune. Il reste toutefois beaucoup d’inédits puisque la technique, au début des années 60, ne permettait pas toujours de conserver ce qui avait été filmé.

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      1. princecranoir dit :

        Je connaissais les épisodes avec Honor Blackman (avant qu’elle ne devienne fille de l’air sous le pseudo de Pussy Galore 😉) mais j’ignorais tout de ce fameux docteur en quête de vengeance. Je ne sais pas si ces épisodes sont visibles.

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