25ème billet d’humeur avec un coup de gueule contre cette génération d’éternels insatisfaits, à l’affut de la moindre occasion de se plaindre et de le faire savoir à grand renfort de tweets et autres posts haineux : ceux que l’on nomme des “fans”.
Fanatique attitude
Il y a des expressions d’aujourd’hui que je ne supporte plus. Au risque de passez pour un vieux con – je sais, j’assume – toutes ces déformations du langage courant ont une facheuse tendance à me « baver sur les rouleaux » comme le disait le poète Chuck Norris.
Ces « j’avoue » lancés pour un oui ou pour un non, comme si on était accusé d’un crime. « Mais tellement ! » pour être d’accord avec les dires d’un(e) autre… mais tellement de quoi ? ASAP ou CDT pour « gagner du temps lorsque l’on souhaite urgemment d’un collègue un truc pas si important…
Mais l’une des pires expressions actuelles, très répandue sur le web, tient en quelques mots d’une abyssale connerie : « Ils ont tué mon enfance ! ». Utilisée jusqu’à plus soif, avec des variances, cette phrase est sensée résumer l’état de déconfiture d’un lecteur, d’un gamer, d’un amateur de séries tv – vous compléterez la liste à votre envie – face à une œuvre nouvelle qui le déçoit par rapport à la version d’origine, véritable madeleine de Proust qu’il chérit plus que tout.
Au cinéma, l’expression est devenue courante face aux remakes, reboots, préquels et autres suites qui pullulent chaque mercredi dans les salles. Cette année, les sorties de TERMINATOR DARK FATE ou STAR WARS IX ont provoqué la colère des « gardiens du temple », scrutants chaque modification comme une trahison et les transformants en véritables despotes à la pensée unique.
Bien sûr, elle peut se comprendre. Et après tout, c’est une façon comme une autre de résumer un état d’esprit. Mais si le ridicule ne tue pas, fort heureusement, cette manière tout en finesse d’hurler sa déception est d’une puérilité sans nom.
Ces braves défenseurs du vide ont-ils seulement idée de de que peut représenter une enfance détruite par le crime, par l’abus, par la perte d’un être cher, par la guerre ou par toute autre catastrophe naturelle ?

Les souvenirs émerveillés d’un film découvert enfant sont des biens précieux. Et c’est naturel d’être déçu par une œuvre nouvelle se prétendant liée à celui-ci. Mais il ne faut pas oublier que beaucoup d’années se sont éculées depuis. Que la vie ne nous ménage pas et nous fait trop souvent perdre la candeur de l’enfance.
Un film ne tue pas l’enfance. Il peut tout au plus décevoir, dégoûter, ennuyer ou gâcher un souvenir de jeunesse.
Finalement, ce sectarisme n’aurait-il pas entraîner ce que l’on nomme aujourd’hui le « fan service » ? Avec le net qui permet aujourd’hui de véhiculer des idées à l’échelle mondiale en quelques heures, voire quelques minutes, ces fans puériles et intransigeants sont devenus des « ayatollahs » de la pensée unique : si un film ne leur plait pas pour quelques raisons, ils leur suffit de propager l’idée de le boycotter et dévaluer un film avant même sa sortie.
Face aux énormes investissements que représentent certaines productions cinématographiques, les studios hollywoodiens ne prennent plus de risques et préfèrent « caresser dans le sens du poil » ces petits despotes à la frustration inquiétante.
Déjà en 2006, avant même la sortie de CASINO ROYALE, des sites furent créés contre l’acteur Daniel Craig, nouveau choix pour incarner James Bond. Cette année 2019, à l’annonce de l’actrice Lashana Lynch portant le matricule 007 dans le prochain NO TIME TO DIE, les commentaires au relents racistes et sexistes se répandirent sur la toile, rejetant l’idée qu’une femme de couleur puisse reprendre le rôle ou simplement le matricule du personnage. Pitoyable…
Si c’est dans l’air du temps d’exprimer sa colère par le biais de messages réducteurs, tenant sur 2/3 mots, d’expressions idiotes, de déformations inadaptées et de pensées réductrices, la réflexion et le bon sens mériteraient que l’on y consacre plus de quelques secondes. Ou que l’on ferme sa gueule.
Bien d’accord. Tous ces éternels insatisfaits qui ne cessent de hurler au « c’était mieux avant » m’exaspèrent. La sortie du récent Star Wars en est la manifestation, mais c’était aussi le cas pour la fin de Game of Thrones.
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Oui, effectivement. Je peux comprendre les déceptions. Chacun a le droit de s’exprimer… Mais le côté exacerbé des fans hardcore est vraiment excessif, voire inquiétant.
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