Dans la myriade de sorties cinématographiques annuelles, on trouve de tout : de rares chefs d’œuvres, des bons films, des productions inclassables, des nanars généreux et des navets sans appel.
Mais il arrive parfois qu’une seule fausse note vienne gâcher le plaisir que procure la vision d’un film. Des exemples ? La BO hors sujet d’Éric Serra pour GOLDENEYE. La mise-en-scène empruntée de Bryan Singer de SUPERMAN RETURNS. La voix de Lara Fabian sur le générique de fin d’A.I.
Pour ce qui est de la distribution d’un film, les mauvais choix d’actrices et d’acteurs sont pires que tout. Une poussière irritante dans l’œil. La mouche dans le verre de lait. La peau de saucisson coincée entre les dents.
Sans ordre de préférences, voici un petit panorama de ces erreurs de castings impardonnables et involontairement drôles à travers 5 exemples non exhaustif et dans le désordre.
Denise Richards dans LE MONDE NE SUFFIT PAS
Jolie minois, belle plastique mais piètre interprète, Denise Richards a tout de l’actrice « Hollywood Nights » comme les affectionne l’industrie cinématographique américaine en générale.
Si le rôle qu’elle tient dans STARSHIP TROOPERS de Paul Verhoeven s’inscrit dans une volonté délibérée de son réalisateur pour se moquer ouvertement des stéréotypes hollywoodiens, son nom au casting de LE MONDE NE SUFFIT PAS a tout d’une monumentale erreur.

Épisode bancal de la saga des James Bond, 3ème film de l’ère critiquable de Pierce Brosnan – pour résumer : trop de gadgets high tech pour des films qui vieillissent mal – LE MONDE NE SUFFIT PAS nous présente Denise Richards interpréter une physicienne nucléaire sapée comme Lara Croft !
À me relire, je suis conscient du choc qu’une telle phrase pourrait provoquer chez le ou la plus sensible d’entre vous. Quant aux féministes vengeresses, elles auront à cœur de me pendre haut et court.

Sachez toutefois qu’il ne s’agit nullement ici d’affirmer un machisme déplacé en plein ère post « Me Too ». Mais il y a, j’en suis sûr, tant de belles actrices de par le monde plus en adéquation avec un tel rôle. Et si le personnage en question se destinait à un interprète masculin, de nombreux acteurs n’auraient pas été à la hauteur.
Pour vous convaincre, revoyez ce Bond et faîtes vous votre propre opinion. En mode « sois belle et tais-toi », Denise Richards traverse le film sans trop comprendre ce qu’elle fait là. Jolie plante dans l’air du temps en cette fin de 20ème siècle, la donzelle fait revenir la série 007 à la pire des époques du 7ème art avec un rôle improbable, après des personnages comme ceux interprétés par Honor Blackman, Barbara Bach ou Carole Bouquet.

L’un des plus mauvais choix des producteurs de la saga Bond pour une actrice disparue des écrans (ou presque) depuis 20 ans…
Matthew McConaughey dans CONTACT
Bien avant d’être considéré comme un acteur sérieux et digne d’un Oscar avec DALLAS BUYER CLUB, Matthew McConaughey enchaînait les bluettes et autres comédies romantiques stupides, les Direct To Video ou les suites improbables : MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GÉNÉRATION, GÉNÉRATION REBELLE, UN MARIAGE TROP PARFAIT…

Mis-à-part des œuvres plus profondes comme LONE STAR ou AMISTAD, il était cantonné aux rôles de beaux blonds bronzés, sourire Colgate, « cheveux de feu » et plaque de chocolat greffée au bide.
Sensé apporter un contrepoint religieux à la question « sommes-nous seuls dans l’Univers ? » que pose en substance ce film, tiré d’un roman de Carl Sagan, autant dire que le révérend Palmer Joss – son personnage de pasteur « libéral » et proche de la Maison Blanche dans CONTACT de Robert Zemeckis – avait de quoi surprendre en 1997.

McConaughey y est d’une épaisseur proche d’une feuille à cigarette, bien fade face au jeu intense de Jodie Foster, impériale dans le rôle d’une scientifique ayant établit le 1er contact avec une intelligence extra-terrestre.
Poseur et philosophe de cour de récré, Matthew McConaughey était l’erreur de casting de CONTACT. Il prouvera plus tard, avec INTERSTELLAR, que la SF lui est bénéfique.
Colin Farrell dans ALEXANDRE
Colin Farrell en Alexandre Le Grand ? Oliver Stone l’a fait ! Le Oliver Stone de PLATOON, NÉ UN 4 JUILLET ou U-TURN avec l’acteur « problématique » de TIGERLAND, BONS BAISERS DE BRUGES, S.W.A.T. et DAREDEVIL ! Pourquoi pas, après tout ? Elizabeth Taylor a bien incarné une CLÉOPÂTRE boudinée dans un improbable péplum des années 60…

Co-production entre les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et les Pays-Bas (pfff…), cette ambitieuse production surfait sur le succès de GLADIATOR, quelques années plus tôt. Mais ce retour de la jupette romaine et du glaive vengeur n’engendra pas que des réussites. En 2004, un an avant la sortie française d’ALEXANDRE, le TROIE de Wolfgang Petersen nous offrait ses multiples bateaux numérisés sur une méditerranée de pixels, son Brad Pitt mutique aux sourcils froncés et son Orlando Bloom huilé, posant dans un lit à voilettes aux côtés de Diane Kruger.
Pour en revenir au péplum d’Oliver Stone, malgré les moyens évidents – 6 pays ont misé sur lui, voir plus haut – et une impressionnante distribution (Anthony Hopkins, Jared Leto, Christopher Plummer…), le film s’étire, reposant sur un Colin Farrell perdu. Les cheveux bouclés et blonds comme les blés, avec Angelina Jolie et Val Kilmer pour parents (!), on s’attend à voir l’acteur irlandais balancer 2 ou 3 « fucks » à chacune de ses répliques !

Stone a eu beau étaler dans la presse d’alors son engouement pour l’histoire et sa profonde envie, depuis longtemps, d’adapter la vie du conquérant à l’écran, ALEXANDRE ne fonctionne jamais vraiment. Et son acteur vedette semble s’être trompé de porte lorsqu’il se rendit au casting.
Après l’échec du film – quelle surprise ! – plusieurs versions (director, extended, super cut, etc…) furent pourtant produite. Mais aucune ne songea à remplacer Colin Farrell par une autre acteur, plus approprié.
John Wayne dans LE CONQUÉRANT
Des années avant Colin Farrell teint en blond dans ALEXANDRE, John Wayne incarna Gengis Khan dans LE CONQUÉRANT. Oui oui, vous avez bien lu ! Le cow-boy de tant de westerns dans la peau d’un mongol !
Tourné aux débuts des années 50 dans l’Utah, le film fut hélas marqué par un fait dramatique sans précédent. Non loin de l’endroit choisi par la production, plusieurs essais nucléaires avaient eu lieu et de nombreux membres de l’équipe – dont John Wayne – furent atteint par les retombées radioactives, déclenchant des tumeurs cancéreuses.

John Wayne et nombre de participants au film périrent de cancers dans les 30 années qui suivirent. L’acteur mourut en 1979, il y a tout juste 40 ans.
Dernière production cinématographique d’Howard Hugues, LE CONQUÉRANT fut un énorme échec commercial à sa sortie. Vexé par cet échec le célèbre producteur essaya de récupérer et détruire toutes les copies existantes, tout en interdisant sa diffusion télévisuelle.

Signe d’une triste époque, le choix improbable d’un wasp pour interpréter un asiatique était commun à Hollywood. Dans cette stupide mouvance, Mickey Rooney fut ainsi choisi pour interpréter le voisin japonais d’Audrey Hepburn dans DIAMANTS SUR CANAPÉ dans une grotesque caricature…

Pour en revenir au CONQUÉRANT, le choix de Wayne en Gengis Khan contribua aux piètres scores du film. Maquillage peu subtil à l’appui – des yeux bridés et une paire de moustaches tombantes – le célèbre cow-boy d’1m90 semble perdu dans une comédie involontaire. Son choix pour incarner le guerrier mongol reste l’une des plus célèbres erreurs de casting du cinéma.
Christophe Lambert dans VERCINGÉTORIX
Certains projets cinématographiques relèvent du mystère absolu. Comment VERCINGÉTORIX, peplum ambitieux à la française, film historique se basant sur un sujet inexploré au cinéma, a-t-il pu se monter sur un acteur sympathique mais abonné depuis plusieurs années aux nanars et autres séries Z ?
Sorti en 2001, le film est réalisé par Jacques Dorfmann, producteur – et fils de producteur – sur L’ARMÉE DES OMBRES ou LE CERCLE ROUGE de Jean-Pierre Melville, sur des films de Maurice Pialat, Jacques Rouffio ou Jean-Jacques Annaud avec LA GUERRE DU FEU.

Avec un tel CV, on pourrait imaginer que la conception du film parte sur de bonnes bases… Ce ne fut pourtant pas le cas : véritable catastrophe industrielle aux dialogues improbables (dont un retentissant « Gauloises, Gaulois » lancé à la foule par Lambert / Vercingétorix), VERCINGÉTORIX est aujourd’hui considéré comme un nanar cosmique, une production piteuse cherchant à se positionner tel un BRAVEHEART à la française.
Cumulant les coupes budgétaires en plein tournage, les approximations linguistiques et les reconstitutions fauchées – une trentaine de figurant représentant l’armée romaine, par exemple – malgré une distribution incluant Klaus Maria Brandauer (JAMAIS PLUS JAMAIS, OUT OF AFRICA) et Max Von Sydow, le film de Jacques Dorfmann devint l’un des plus gros échecs du cinéma français.

Arborant la coupe de cheveux d’une Mylène Farmer au Stade de France et les bacchantes d’un batteur de Métal (un journaliste le compara à l’un membres des SPINAL TAP), Christophe Lambert semble égaré dans le rôle du rassembleur des Gaules. Dorfmann avait sans doute trop visionné HIGHLANDER en lui confiant l’interprétation.
Enchaînant les répliques moisies (voir plus haut) où inadaptées pour l’époque (« Pas juste ! » répond-il après avoir perdu une partie d’osselets), Lambert n’est jamais crédible dans le rôle.

S’exprimant plus tard sur l’échec du film, il évoquera un réalisateur « laxiste » et totalement détaché du projet. Un autre acteur aurait-il sauvé le film du bourbier ? C’est peu probable. Mais l’erreur de casting pour un tel rôle reste mémorable.