Retour sur l’une des plus belles comédies classiques de l’âge d’or d’Hollywood : LA FEMME MODÈLE (DESIGNING WOMAN en VO) de Vincente Minnelli avec Lauren Bacall et Gregory Peck.
Pour ne pas changer, il y a 1001 raisons de voir et revoir ce film. En voici déjà 5.
Pour son histoire et son humour
L’action de LA FEMME MODÈLE se déroule aux États-Unis, vers la fin des années 50. Mike Hagen (Gregory Peck), un journaliste sportif, et Marilla Brown (Lauren Bacall), une illustratrice et créatrice de mode, se rencontrent au cours d’une soirée. Ignorant tout ou presque l’un de l’autre, ils se marient sur un coup de foudre.
Entre le vieux garçon et la jeune femme mondaine, les relations sont parfois explosives ! D’autant plus que Mike, auteur d’un article à charge contre des paris sportifs truqués, se voit contraint de se cacher pour se protéger des menaces de truands…
À première vu, LA FEMME MODÈLE a tout d’un drame sociale et policier. Mais c’est sur le ton de la comédie débridée que ce bijou de Vincente Minnelli déroule son récit. Une véritable « screwball comedy » telle THE SHOP AROUND THE CORNER, L’IMPOSSIBLE MONSIEUR BÉBÉ ou NEW YORK-MIAMI, ces classiques Hollywoodiens où les couples opposées s’affrontent pour mieux tomber amoureux à la fin du film.
Le film s’appuie aussi sur de savoureux seconds rôles comme celui de Maxi Stultz (Mickey Shaughnessy), un boxeur « décérébré » qui dort les yeux grands ouverts et qui donne au film certaines de ses séquences les plus drôles !
George Wells, l’auteur du scénario, reçut d’ailleurs l’Oscar du meilleur scénario original pour son travail sur le film.
Pour son traitement décalé
L’une des originalités du film de Vincente Minnelli tient dans une expression : LA FEMME MODÈLE brise le 4ème mur.
Rien à voir avec l’univers du bâtiment : « briser le 4ème mur » au cinéma ou à la télévision est une façon d’impliquer le public en laissant les acteurs d’un film ou téléfilm s’adresser directement à lui, le fameux « 4ème mur » d’une scène étant l’écran.
Dans le début et la fin de LA FEMME MODÈLE, les acteurs s’adressent ainsi aux spectateurs, leur expliquant qui ils sont et comment ce qu’ils s’apprêtent à voir est arrivé.
Par la suite, par le biais de voix off, les spectateurs peuvent suivre les pensées des différents personnages… souvent en opposition avec leurs actes !
Ces procédés, encore rares à l’époque, ont été utilisés depuis, comme dans la série tv CLAIR DE LUNE et dans des films comme LA FOLIE DES GRANDEURS, BEAU-PÈRE ou GEMMA BOVERY.
Pour son duo d’acteurs
LA FEMME MODÈLE s’appuie essentiellement sur un couple de personnages mal assortis, et donc sur un parfait duo d’acteurs. Et quels acteurs !
Lauren Bacall, plus habituée aux drames et aux films noirs, donne au personnage de Marilla toute son élégance et sa sophistication. Initialement interprétée par Grace Kelly – en plein mariage princier au moment du tournage – son rôle lui offre l’opportunité d’exprimer son talent comique, tout en demeurant une femme de caractère, émancipée et très moderne pour l’époque.
De son côté, Gregory Peck suit le même cheminement. Plus habitué aux rôles « sérieux », dans des drames historiques, des westerns ou des thrillers, il offre ici une parfaite interprétation du « vieux garçon », mieux adapté aux vestiaires sportifs d’après matchs qu’aux réceptions mondaines de sa toute nouvelle épouse.
Le binôme Bacall / Peck fonctionne à merveille, tout en élégance certaine et gags involontaires.
Derrière la tonalité volontairement comique de leur parcours, ils ajoutent un parfum de vérité sur le couple et ses contrariétés, les petits mensonges pour ne pas blesser l’autre et les contraires qui se complètent.
Pour l’élégance de sa réalisation
Tout comme son duo vedette, Vincente Minnelli (UN AMÉRICAIN À PARIS, TOUS EN SCÈNE…) prend les chemins de traverse pour réaliser l’une des plus brillantes comédies hollywoodiennes du 7ème art.
Adepte des couleurs éclatantes et des décors soignés, le metteur-en-scène parvient, par la présentation des décors, à situer ses personnages principaux : un appartement où règne le « désordre vital » pour Mike / Gregory Peck contre un luxueux et élégant logement pour Marilla / Lauren Bacall.
Il place les spectateurs dans la position de ses « héros » en leur faisant découvrir le cadre de vie de chacun d’entre eux.
Minnelli donne ainsi un effet de surprise aux jeunes mariés, l’un et l’autre réalisant avec surprise qu’ils ne sont probablement pas fait l’un pour l’autre malgré leur attirance réciproque.
L’élégance et la légèreté de LA FEMME MODÈLE doit énormément à son réalisateur et à sa maîtrise de la comédie musicale, comme dans cette scène de fin où une bagarre générale s’achève tel un ballet de danse !
Pour le plaisir qu’il procure
C’est vrai, le cinéma peut avoir plusieurs fonctions voire utilités. Il peut émouvoir, faire réfléchir ou tout simplement faire peur. Mais c’est aussi une source de plaisir, de vrais bons moments.
LA FEMME MODÈLE fait partie de cette dernière catégorie. Une véritable comédie des plus réussis, drôle et pétillante sans oublier d’être élégante et lumineuse. Du plaisir pur, décalé et loufoque, servi par une réalisation et un casting impeccables.
Teinté d’ironie sans jamais verser dans un pitoyable cynisme, LA FEMME MODÈLE doit probablement cette réussite du rythme qu’elle dégage. Virevoltante comme une comédie musicale – Minnelli n’y est certainement pas pour rien… – sa réalisation est un modèle du genre, appartenant sans doute à une autre époque où le rire n’empêchait pas le respect du public.
LA FEMME MODÈLE / DESIGNING WOMAN (1957) de Vincente Minnelli.
Avec Lauren Bacall, Gregory Peck, Dolores Gray, Sam Levene, Mickey Shaughnessy, Chuck Connors…
Scénario : George Wells. Musique : André Previn.
Crédits photos : © Metro-Goldwyn-Mayer
Je crois ne l’avoir jamais vu alors qu’il a tout pour me plaire…
J’aimeAimé par 1 personne
Oui Manu, je te le recommande vivement ! C’est drôle, enlevé, avec un superbe couple d’acteurs et ça n’a pas vieilli 👍
J’aimeJ’aime