Sorti en France le 1er janvier 2014, LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY de et avec Ben Stiller est un film à part. Une rareté mêlant la comédie, le film d’aventures et une mélancolie touchante.
Derrière les rêves de son personnage principale, il est ici question d’actes manqués, d’espoirs déchus et d’envie de sortir du « moule » uniformisé que nous impose plus ou moins notre société et ce qu’elle nous offre en modèle.
Comme de coutume, voilà déjà 5 raisons de (re)voir LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY.
Pour son récit universel
LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY suit l’histoire de Walter Mitty (Ben Stiller), modeste et timide employé du mythique magazine LIFE, chargé de collecter et archiver les négatifs des photos argentiques du journal.
Amoureux secret de sa collègue Cheryl (Kristen Wiig), Walter Mitty ne parvient pas à lui avouer ses sentiments et se perd dans des rêves de grandeur, comme il le fait régulièrement lorsque son tempérament introverti le bloque face à certaines situations.
Alors que la version « classique » du magazine s’apprête à publier son dernier numéro papier pour être remplacée par une version « numérique », Walter ne retrouve pas le négatif de la photo de couverture.
Il décide de chercher le reporter photographe Sean O’Connell (Sean Penn), l’auteur de la photo perdue, et vit d’impressionnantes aventures autour du monde qui le sorte de son confort quotidien mais étroit…
LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY est le remake d’un classique de la comédie américaine des années 40, LA VIE SECRÈTE DE WALTER MITTY, avec Danny Kaye, une vedette de l’âge d’or d’Hollywood. Ce film était lui-même inspiré d’une nouvelle de James Thurber, publiée quelques années auparavant.
Enfin, les plus âgés d’entre vous se souviennent probablement de LA VIE SECRÈTE DE WALDO KITTY, programme pour enfants de 1975 diffusé pour la première fois dans l’émission LES VISITEURS DU MERCREDI. Inspiré lui aussi de la nouvelle de Thurber, il proposait un mélange de prises de vue réelles et de dessin animé.
Le héros, Waldo Kitty, un jeune chat timoré (prises de vue réelles), s’imaginait en « chat héros » (dessin animé) lorsqu’il se trouvait coincé dans une situation critique.
Ces différentes adaptations, dans le temps et selon le public visé, montre combien le récit d’origine reste universel : dans une existence faîte de compromis et de freins que nous nous infligeons parfois à tort, nous sommes nombreux à « rêver nos vies » sans passer à l’acte.
pour son acteur / réalisateur
Le projet d’une nouvelle adaptation de WALTER MITTY remonte à 1994. Jim Carrey était prévu pour incarner le rôle titre et Ron Howard devait réaliser le film. Puis, comme c’est souvent le cas dans l’univers du cinéma, d’autres acteurs et réalisateurs – dont Steven Spielberg – furent envisagés avant que le film ne retombe entre les mains de Ben Stiller.
Humoriste, acteur, scénariste, réalisateur et producteur issu du théâtre, Ben Stiller fait l’une de ses premières apparitions au cinéma dans EMPIRE DU SOLEIL de Steven Spielberg en 1988.
Il intègre le célèbre SATURDAY NIGHT LIVE en 1989 puis quitte le programme un an plus tard pour proposer une émission sur MTV. Il y conçoit de nombreuses parodies d’émissions et de films qu’il écrit et met en scène avant de rejoindre la chaîne Fox pour y proposer le BEN STILLER SHOW.
En 1994, Stiller réalise et interprète son 1er long-métrage, GÉNÉRATION 90, une comédie romantique indépendante aux côtés de Winona Ryder et Ethan Hawke. Puis, tout en alternant des rôles au cinéma et à la télévision (dont un épisode de FRIENDS), il réalise DISJONCTÉ avec Jim Carrey. Il y rencontre Owen « Oreo » Wilson, avec qui il partagera plusieurs fois l’affiche (ZOOLANDER, STARSKY & HUTCH…) et Jack Black.
Le succès de MARY À TOUT PRIX en 1998 le met dans la lumière. Il va alterner les comédies familiales, comme MON BEAU PÈRE ET MOI ou LA NUIT AU MUSÉE, et les projets à petits budgets et plus dramatiques tels AU NOM D’ANNA, GREENBERG ou WHILE WE’RE YOUNG.
Le rôle de Walter Mitty suit une continuité de personnages maladroits et malchanceux que Stiller a souvent interprété au cinéma, en faisant l’un des acteurs / auteurs américains les plus attachants de ces dernières années même s’il reste encore méconnu en France.
Pour son casting et sa BO
Ben Stiller s’est entouré d’un casting principalement issu de la scène comique américaine. Venue du Saturday Night Live, Kristen Wiig a joué dans plusieurs productions indépendantes avant d’être remarquée dans CRAZY NIGHT, PAUL, HER, ou DOWNSIZING. On la retrouvera bientôt dans WONDER WOMAN 1984.
Adam Scott alterne sa carrière entre télévision et cinéma. Sur grand écran, on a pu le voir dans BACHELORETTE ou FRIENDS WITH KIDS. Kathryn Hahn a joué dans THE HOLIDAY et LES NOCES REBELLES.
Longtemps habitué des rôles de « bad boys », Sean Penn a débuté sa carrière cinématographique au début des années 80 dans TAPS et COMME UN CHIEN ENRAGÉ. On a pu le voir dans LES ANGES DE LA NUIT, L’IMPASSE, LA DERNIÈRE MARCHE, LA LIGNE ROUGE, MYSTIC RIVER ou THE TREE OF LIFE.
Sœur aînée de Warren Beatty, Shirley MacLaine fit sa première apparition au cinéma dans MAIS QUI A TUÉ HARRY ? d’Alfred Hitchcock. Depuis, on a pu la voir, entre autres, dans LA GARÇONNIÈRE, L’INCONNU DE LAS VEGAS, COMME UN TORRENT, DEUX SUR LA BALANÇOIRE, SIERRA TORRIDE, TENDRES PASSIONS ou BONS BAISERS D’HOLLYWOOD.
Enfin, WALTER MITTY est soutenu par une Bande Originale pertinente, regroupant plusieurs titres parfaitement sélectionnés en plus de la composition de Theodore Shapiro (LE DIABLE S’HABILLE EN PRADA) : David Bowie, José Gonzáles, Arcade Fire, Rogue Valley, Junip…
pour son tournage autour du monde
L’un des points que tenait à respecter Ben Stiller pour LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY, c’est sa crédibilité en privilégiant un tournage en décors réels.
Ainsi, filmant à New York avec, parmi d’autres lieux, le hall du magazine Life, l’acteur-réalisateur a également tourné en Islande près du volcan Eyjafjallajökull ainsi qu’en plein Océan Atlantique pour la première partie du film.
Afin d’être cohérent avec le scénario du film, WALTER MITTY a été entièrement tourné sur pellicule argentique.
pour son message
À la sortie de LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY, quelques critiques ont trop vite fait de taxer le film de passéisme. Bien sûr, Ben Stiller ne fait pas l’impasse sur une certaine nostalgie, sur un temps où la photographie et les voyages étaient concrets et ne se vivaient pas sur une tablette numérique ou un smartphone multi G.
Mais au delà des regrets – sans amertume – d’un temps pas si lointain, LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY est une fable universelle sur les choix d’une existence, sur ce qui nous pousse à tout accepter avec un certain fatalisme alors qu’il n’appartient qu’à chacun d’entre nous de donner à notre vie la direction que nous voulons.
Peut-être plus facile à dire qu’à faire, c’est certain. Chaque individu n’est pas toujours maître de son destin malgré ce que l’on veut bien nous faire croire. Et la « liberté » se paye souvent (très) cher…
Si LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY est avant tout une fiction, elle n’en demeure pas moins pleine de (bon) sens et d’optimisme malgré sa mélancolie. Une comédie romantique et poétique qui nous incite, entre les lignes, à ne pas forcément marcher droit mais à nous dépasser.
LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY (2013) de Ben Stiller.
Avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Sean Penn, Shirley MacLaine, Adam Scott…
Scénario : Steve Conrad. Musique : Theodore Shapiro avec les titres de José Gonzáles, Of Monsters And Men, Junip, Rogue Valley, David Bowie, Arcade Fire…
Crédits photos : 20th Century Fox / New Line Cinema