Et si la fin du monde n’avait pas la gueule que les films nous imposent depuis des années ? Billet d’humeur apocalyptique à lire sans nécessitée de porter le masque.
Un parfum de fin du monde
La fin du monde n’est plus ce qu’elle était. Le vieux geek fatigué que je suis se remémore des apocalypses cinématographiques spectaculaires, à grand renfort d’explosions atomiques, d’invasions extra-terrestres en Dolby Stereo, de planètes des singes cauchemardesques, de jours du jugement dernier et de guerriers de la route.
En 2020, la « fin du monde » a l’allure transparente d’une pandémie qui alimente les chaînes d’information continue. Invisible mais anxiogène et redoutablement efficace pour provoquer la peur des uns et la suspicion des autres.
Certains sont montrés du doigt pour leur servitude de bon soldat, trop inquiets pour ne pas sortir masqués dans la rue. D’autres sont présentés comme des dingues paranos pour leur volonté à ne pas croire qu’un réel danger existe à s’exhiber à visage découvert.
Qui aurait pu croire un jour que cet avenir pessimiste prendrait l’allure d’un téléfilm de seconde zone, trop contaminé par la crise économique éternellement présente depuis près de 50 ans pour s’offrir l’apparence d’un blockbuster ?

C’est vrai, mon allusion n’est pas du meilleur goût à l’heure où trop de gens ont péri du Covid 19. Mais alors pourquoi ne pas évoquer tous ceux qui, chaque année, meurent encore de la grippe saisonnière ? Les victimes de la guerre, de la famine, de la précarité et de la connerie humaine n’ont-elles plus le droit de cité ? « Ça n’est pas la priorité actuelle » semble-t-on nous répondre par le biais des médias.
Quelle est cette « fin du monde » à « petit budget » que l’on nous a présenté comme « insignifiante » puis « gravement contagieuse » avant de nous assigner à résidence ?
Alors qu’un autre confinement nous promet de joyeuses fêtes de fin d’année 2020, je repense au futur tel qu’on l’imaginait il y a quelques décennies. Des conquêtes de l’espace. Des bases lunaires. Des batailles intersidérales et autres voitures volantes…
Notre flamboyant avenir de proximité s’apparente tout au plus à un chiffre de plus à côté d’un grand G, synonyme de tweets plus rapide, de petites vidéos lauréates de millions de vues mondiales en quelques minutes à peine et de téléphones portables toujours plus puissants que l’ordinateur de bord d’Apollo 11. Quel victoire ! Quel dépassement de soi !
Faut-il croire qu’à un monde peu ambitieux et sans réelle imagination corresponde une infection mesquine, synonyme de lendemains qui déchantent et de distanciation sociale ? La réalité dépasse (trop) souvent la fiction.