5 raisons de revoir CLARA ET LES CHICS TYPES

Alors que le « film de potes » français est l’occasion de réussites (MES MEILLEURS COPAINS, UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT…) et de mauvais films (LES PETITS MOUCHOIRS et sa suite NOUS FINIRONS ENSEMBLE), il est une production sortie au tout début des années 80, quelque peu oubliée aujourd’hui mais d’une grande drôlerie et d’une infinie tendresse.

CLARA ET LES CHICS TYPES de Jacques Monnet – réunissant une partie de l’équipe du Splendid (Balasko, Clavier, Lhermitte), des acteurs et actrices venus de la scène et en début de carrière (Christophe Bourseiller, Daniel Auteuil, Marianne Sergent) autour d’une jeune star déjà confirmée (Isabelle Adjani) – est une œuvre très attachante, une comédie douce-amère sur un groupe de trentenaires abordant l’âge adulte avec difficulté.

Il y a beaucoup de raisons de voir ou revoir CLARA ET LES CHICS TYPES. En voilà déjà 5 pour un film qui mérite grandement d’être (re)découvert.



POUR LA MÉLANCOLIE DERRIÈRE L’HUMOUR

L’histoire de CLARA ET LES CHICS TYPES se situe en France au débuts des années 80. Les trentenaires Mickey (Daniel Auteuil), Bertrand (Thierry Lhermitte), Frédéric (Christophe Bourseiller), Charles (Christian Clavier), Louise (Josiane Balasko) et Aimée (Marianne Sergent) forment une poignée d’amis de milieux différents. Ensemble, ils ont formé un groupe, les Why Notes, et donnent des concerts à l’occasion du côté de Grenoble.

Clara (Isabelle Adjani), une jeune femme instable, vient de faire un mariage malheureux – de raison ? – avec un entrepreneur fortuné. Elle croise par hasard Bertrand qui, sous le charme, décide de plaquer femme, enfants et groupe pour partir avec elle…

La grande réussite du film tient dans sa manière subtile, tendre et pleine d’humour, d’aborder le désarroi existentiel d’une poignée de jeunes adultes pas tout à fait sortis de l’enfance et de l’adolescence, cherchant une direction (au propre comme au figuré, à un moment du film) sans vraiment savoir où aller.

À l’époque du film, la série FRIENDS n’existait pas encore. Sans y ressembler, l’idée d’une « famille » que l’on se constitue est déjà présente. Avec des amis, que l’on choisit sans se les imposer, avec qui on partage les rires, les engueulades, les bons moments et les coups de blues. Des gens différents les uns des autres mais qui peuvent compter les uns sur les autres sans pour autant être infaillibles.


POUR JEAN-LOUP DABADIE

Disparu au mois de mai de cette année, Jean-Loup Dabadie était l’un des auteurs  français parmi les plus talentueux. Écrivain, journaliste, scénariste, parolier de nombreuses chansons françaises parmi les plus belles, auteur de sketchs pour Guy Bedos, Dabadie était un créateur complet.

Au cinéma, ses nombreuses collaborations avec le réalisateur Claude Sautet aboutirent à plusieurs chef d’œuvres du 7ème art hexagonal : LES CHOSES DE LA VIE, VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES, UNE HISTOIRE SIMPLE…

Jean-Loup Dabadie et le réalisateur Jacques Monnet

Dabadie a également travaillé sur les récits des magnifiques comédies UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT et NOUS IRONS TOUS AU PARADIS d’Yves Robert

Avec CLARA ET LES CHICS TYPES, il revient sur le thème de l’amitié, en orientant l’histoire vers un groupe de trentenaires en état de crise. Comme toujours chez lui, l’émotion se cache derrière l’humour et les éclats de rire. Chaque personnage est évoqué avec justesse et pudeur. Les gags ne versent pas dans la gaudriole et font mouche à chaque fois, ciselés à la perfection pour chaque acteur.

En ce sens, CLARA ET LES CHICS TYPES s’apparente vraiment à un film de Jean-Loup Dabadie.


POUR LES SCÈNES CULTES

CLARA ET LES CHICS TYPES comporte de nombreuses séquences inoubliables, marquantes pour leur drôlerie et la perfection des dialogues.

Dès le début du film, le générique nous présente les fameux « chics types » du titre sur scène lors d’un concert des Why Notes. Gominés, les cheveux plaqués, pailletés comme au temps du Glam Rock, les Why Notes interprètent un de leurs tubes au paroles mémorables ! Pour information, la musique du film était signée Michel Jonasz. Les amateurs reconnaîtront son style…

D’autres scènes – comme celle des « explications tendues » dans le train – marquent le film par leur humour. Et les répliques contribuent aussi à sa réussite.

Prenez ce moment où, lorsque l’un des personnages tente d’écrire une lettre de rupture et note : « Ma chérie, je ne t’ai jamais autant aimé qu’en ce moment. Et pourtant, tu vas rire, je te quitte. ». Ou encore : « Il y a une phrase de Spinoza que j’ai oubliée… mais il avait raison ! »

Le grand art de Dabadie associé à l’excellence des interprètes…


POUR LE CASTING QUI FAIT MOUCHE

CLARA ET LES CHICS TYPES ne serait pas réussi sans son brillant casting. Constitué d’une partie du Splendid (Balasko / Lhermitte / Clavier) et de jeunes talents de l’époque venus du théâtre ou du café-théâtre (Sergent / Auteuil / Bourseiller), le film est, à mon humble avis, l’une des meilleures productions qu’ils ont enchaîné dans les années 80.

Retour quelques dizaines d’années plus tôt. Après LES BRONZÉS et LES BRONZÉS FONT DU SKI en 1979 et 1980, les spectateurs français découvrent un autre style d’humour, corrosif et dans l’air du temps.

Si Pierre Richard maintiendra l’engouement du public avec les films de Francis Veber, Louis de Funès ne retrouve plus les succès qui l’ont hissé en haut du podium dans les années 60 et 70. Quant aux Charlots, chouchous du public une décennie plus tôt, ils appartiennent à une époque qui se termine et s’enlisent dans une suite de nanars.

Après des débuts « parisiens » au café-théâtre, la troupe du Splendid est révélé par le diptyque des BRONZÉS. Ses membres vont enchaîner, séparément, les comédies estampillées « 80 » avec plus ou moins de bonheur : LES HÉROS N’ONT PAS FROID AUX OREILLES, VIENS CHEZ MOI J’HABITE CHEZ UNE COPINE, LE QUART D’HEURE AMÉRICAIN, LA FIANCÉE QUI VENAIT DU FROID…

Ces films ne sont pas des chef d’œuvre mais correspondent à une envie du public d’alors. Leurs diffusions nationales rendent célèbres les jeunes acteurs. Et le succès des vidéoclubs maintient leur présence dans l’esprit du public.

Tous ces films ont, pour la plupart, mal vieilli. Mais ils permettent à ces acteurs, encore inconnus, de révéler leurs talents respectifs et « d’ouvrir une brèche », déjà entamée par la troupe du Café de la Gare, créée par Romain Bouteille et d’où seront issus Miou-Miou et Patrick Dewaere.

Dans la série de films sortis à cette époque, CLARA ET LES CHICS TYPES se distingue par la finesse de son propos et de son traitement. Le récit offre également l’occasion aux jeunes acteurs issus de la scène parisienne de se démarquer dans des rôles moins caricaturaux.

À noter qu’Isabelle Adjani, bien qu’interprétant la fameuse (et tête à claques) Clara du titre, elles n’est ici que la « guest star » d’un film qui met en avant les Chics Types qui l’entourent.


POUR SA FAÇON D’ABORDER L’AMITIÉ

Jean-Loup Dabadie en connaissait un rayon sur les amis. La grande réussite d’UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT et NOUS IRONS TOUS AU PARADIS sont en partie du à son immense talent.

CLARA ET LES CHICS TYPES pourrait être un « dérivé » de ce genre de récit doux-amer sur l’amitié. Le constat de trentenaires qui ont participé à Mai 68 et tentent, 10 ans plus tard et tant bien que mal, de sortir de l’insouciance pour entrer enfin dans un monde d’adultes.

Si le film fêtera bientôt ses 40 ans, le récit reste intemporel. Bien sûr, on évolue ici dans les années 80. Cela se voit et se ressent par de nombreux détails. Mais le thème même des illusions perdues et des lendemains qui déchantent est toujours d’actualité.

Les rapports compliqués avec les parents (avec les personnages de Josiane Balasko et Christophe Bourseiller), les unions qui nous étouffent (avec les personnages de Clavier, Sergent, Auteuil et Lhermitte), les amis perdus de vue et retrouvés, la légèreté que l’on tente de maintenir malgré le temps qui passe… Ces sujets traversent le film et ne peuvent que toucher les spectateurs.

il ne faut pourtant pas se méprendre : si CLARA ET LES CHICS TYPES se teinte parfois de gravité et de mélancolie, c’est avant tout une belle comédie, touchante et fine. Si la réalisation de Jacques Monnet reste classique, le film se voit et se revoit avec le même plaisir.


CLARA ET LES CHICS TYPES (1981) de Jacques Monnet.
Avec Josiane Balasko, Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Daniel Auteuil, Christophe Bourseiller, Marianne Sergent, Isabelle Adjani…
Scénario : Jean-Loup Dabadie et Jacques Monnet. Musique : Michel Jonasz.

Crédits photos : Gaumont International


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