Pour cette nouvelle séance de rattrapage, un film méconnu du grand Sydney Lumet avec le regretté River Phœnix dans son plus beau rôle.
L’HISTOIRE
À la fin des années 80 aux États-Unis, le jeune Danny Pope (River Phœnix) connaît une vie de nomade avec sa famille depuis ses deux ans. 17 ans plus tôt, ses parents Annie et Arthur (Christine Lahti et Judd Hirsh) ont fait sauter une usine de napalm en réaction contre la guerre du Vietnam, provoquant par accident la paralysie et la cécité du gardien. Depuis, toute la famille Pope change régulièrement d’identité, d’apparence et d’habitation pour fuir le FBI. Alors que son jeune frère Harry vit cela comme un jeu, Danny, brillant pianiste, aimerait bâtir sa vie loin des siens…
Famille en fuite
Depuis 12 HOMMES EN COLÈRE, son premier film en 1957, Sidney Lumet a parsemé sa carrière de grands classiques du cinéma : L’HOMME À LA PEAU DE SERPENT, LA COLLINE DES HOMMES PERDUS, SERPICO, LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS, LE PRINCE DE NEW YORK, LE VERDICT, PIÈGE MORTEL…
Tourné en 1988, ce À BOUT DE COURSE (RUNNING ON EMPTY en VO) est certainement le plus touchant et sensible des films du cinéaste. Prenant pour toile de fond les activistes contestataires contre le conflit au Vietnam de la fin des années 60 – les Weathermen comme on les nomme encore – le film est avant tout une histoire de famille dans un contexte particulier et historique.
Certains argumenteront que les liens du sang ont maintes fois fait l’objet de films plus ou moins réussis. À BOUT DE COURSE ne brille pas par l’originalité de son scénario. Mais il se révèle touchant et attachant grâce à son casting.
Dans les rôles des « parents Weathermen », Christine Lahti et Judd Hirsch incarnent avec beaucoup de talents et de conviction un couple libérale, rattrapé par une règle qu’ils ont fuit toute leur vie : l’autorité parentale face à la rebellion adolescente.
Parents aimant mais imposant malgré eux un mode de vie qui ne convient plus à leur fils aîné, il leur faudra prendre une décision délicate et douloureuse.
Face à eux et à côté du jeune Jonas Abry, River Phœnix est bien sûr l’attrait principal du film. Ceux qui l’ont déjà suivi à travers les quelques films qui ont parsemé sa trop courte carrière savent combien son talent était grand. Dans À BOUT DE COURSE, il trouvait probablement LE rôle de sa vie.
Un personnage intense et marquant, proche de sa propre existence (auprès de parents « bohêmes »…) dans lequel il laissait transparaître sa propre sensibilité, sa force et ses fêlures. Voir le film de Lumet avec le recul et ce que l’on connaît du jeune acteur augmente sans conteste l’émotion ressenti.
Retrouvant une jeune Martha Plimpton, qu’il avait déjà croisé dans MOSQUITO COAST, River Phœnix porte le film sur ses épaules par la justesse et le naturel de son jeu.

On a souvent comparé River Phœnix à un James Dean des années 80/90, pour son magnétisme et sa disparition brutale. Il était juste lui-même, impliqué et généreux. Comme À BOUT DE COURSE le prouve encore.
À BOUT DE COURSE (RUNNING ON EMPTY – 1988) de Sidney Lumet.
Avec River Phœnix, Martha Plimpton, Christine Lahti, Judd Hirsch, Jonas Abry…
Scénario : Naomi Foner Gyllenhaal. Musique : Tony Mottola.
Crédits photos : Warner Bros.
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