L’histoire

La mort de Superman / Clark Kent (Henry Cahill), après son combat contre Doomsday, entraîne l’activation de 3 « cubes cosmiques », les Boîtes Mères, que convoite le diabolique Darkseid (Ray Porter). Il envoie donc l’un de ses sbires, Steppenwolf (Ciaràn Hinds), à la recherche des cubes sur Terre, chez les humains, chez les Atlantes et sur l’île des Amazones. Dans le même temps, Batman / Bruce Wayne (Ben Affleck) et Wonder Woman / Diana Prince (Gal Gadot) tentent de regrouper plusieurs super-héros pour contrer toute attaque venue d’un autre monde…

 

Justice League 2.0

Or, donc, voilà la fameuse Snyder Cut du film JUSTICE LEAGUE. Celle qui a tant fait parler d’elle depuis 3/4 ans et la sortie de la version « répudiée » en 2017. Pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents, le réalisateur Zack Snyder dut quitter le tournage à l’annonce du suicide d’une de ses filles.

Malgré une œuvre en grande partie aboutie, la Warner choisit d’engager un autre cinéaste en débauchant Joss Whedon, déjà à l’œuvre pour la concurrence avec le premier film AVENGERS en 2012. Pour des raisons purement financières où dans le but d’alléger l’ambiance du film ? Probablement les deux.

Avant même sa sortie, JUSTICE LEAGUE était déjà rejeté par les fans, hurlant à la trahison, à leur enfance qu’on assassine, au crime contre l’humanité, etc… Ce que ça peut être con un fan, parfois.

Les résultats mitigés de cette première version, la pression des comics addicts et la demande de Snyder de pouvoir finalement monter et finaliser sa version poussèrent les studios Warner à proposer au public une « Snyder Cut » de la JUSTICE LEAGUE, directement diffusé sur HBO aux États-Unis.

Qu’en est-il au final de cette ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE ? Le film est-il le chef d’œuvre tant attendu ou un soufflé au fromage trop vite dégonflé et tout compte fait décevant ? Ni une grande réussite, ni un plantage total.

Pour ce qui est du positif dans cette autre interprétation, c’est qu’elle suit une logique avec les récents et précédents films tournés par Snyder. Ainsi, ce JUSTICE LEAGUE Snyder Cut reste en harmonie visuelle et tonale avec MAN OF STEEL et BATMAN v SUPERMAN.

Même ambiance volontairement sombre. Même idée de nous proposer des super-héros tourmentés, traînant tous leur propre poids de remords et de doutes. Notre « riante » époque veut cela sans doute. Une part du public aussi, probablement.

Reste qu’à l’inverse d’une récente trilogie STAR WARS dépareillée, ce Snyder Cut vient rétablir une certaine continuité bienvenue et un « équilibre » par rapport à la version de Whedon.

Les moments les plus intéressants me semblent les scènes intimistes, sans excès de fonds verts remplacés par des CGI en post production.

Mais il faut se rendre à l’évidence : si vous n’êtes pas un admirateur du style Snyder, ça n’est pas avec sa version de la JUSTICE LEAGUE que vous changerez d’opinion. Multipliant, comme à son habitude, les effets de ralenti, le réalisateur de 300 en abuse ici jusqu’à épuisement des stocks. Et sur toute la durée du long-métrage. Car il faut le savoir, la Snyder Cut approche les 4 heures de film !

4 longues heures qui, si elles permettent somme toute d’aborder chaque personnage avec plus d’égalité que dans la version de Whedon – redonnant de l’importance à Cyborg et Flash par exemple – sont sincèrement de trop.

En ce qui me concerne, je n’ai pas regarder le film d’une seule traite, profitant du « chapitrage » apparement voulu par Snyder pour faire 2/3 pauses. Pour être franc, 1h à 1h30 de moins ne serait pas un luxe tant certains moments s’étirent inutilement, englués dans des sfx digitaux volontairement obscurs et pas franchement réussis.

Quant à l’autre choix technique du cinéaste, consistant à proposer sa version de la JUSTICE LEAGUE au format 4/3, que faut-il en penser ? Pas grand chose à vrai dire. Je ne sais pourquoi cette idée est restée pour le montage finale et je n’ai pas trouvé de réponses, si ce n’est qu’elle venait de Zack Snyder lui-même. Mais si elle n’empêche pas de voir le film, elle semble incongru et vraiment dommage pour un blockbuster de cette taille. La diffusion sur un réseau tv (HBO) a-t-elle joué dans cette décision ? C’est possible…

Le choix d’ancrer son récit dans une tonalité noire et réaliste donne à l’ensemble du film un aspect trop « sérieux ». Bien sûr, on peut s’adresser à des fans de comics – le cœur de cible du film – sans pour autant se moquer d’eux. Mais il s’agit malgré tout d’un récit de fiction, de fantaisie, inspiré de comics. Si les super-héros peuvent être comparer aux Dieux de la mythologie, dans une transposition US, cette « pesanteur » donnée au film le rend souvent lourd à consommer…

Enfin, en dehors de sa dimension « d’évènement attendu », Zack Snyder’s JUSTICE LEAGUE confirme une tendance pénible, de plus en plus présente en société et sur le net en particulier : celle de la pensée commune.

Si la version de Joss Whedon a été rejeté avant même sa sortie en salles, celle de Zack Snyder a été encensé sur la toile avant même que quiconque n’ait vu ne serait-ce qu’un extrait ! Cette communauté de « Gardiens du Temple » se persuade qu’elle a de plus en plus de pouvoir… et les studios Hollywoodiens leur donnent raison ! À ces mêmes tigres de papier qui se plaindront d’un cinéma jouant trop le fan service. Bienvenue dans une société sans nuances, où tout doit correspondre à leurs diktats, sans aspérité. Inquiétant et ridicule.

Pour en rester sur Zack Snyder’s JUSTICE LEAGUE, le film mérite-t-il d’être vu ? Oui, ne serait-ce pour s’en faire sa propre opinion, sans s’extasier sans raison devant la tunique noire de Superman où la présence du Martian Manhunter. Mais à mes yeux, ça n’est pas le chef-d’œuvre que l’on nous pousse à reconnaître. Juste une autre adaptation d’une histoire déjà vu, avec ses bons aspects et ses (nombreux) défauts.

Reste que cette nouvelle sortie s’est avérée payante puisque, proposée uniquement à l’achat dans un 1er temps, cette Snyder Cut a été un grand succès des ventes en VOD.

 

Zack Snyder’s JUSTICE LEAGUE (2017-2020)
Avec Ben Affleck, Gal Gadot, Henry Cavill, Jason Momoa, Ezra Miller, Ray Fisher, Amy Adams, Jeremy Irons, Diane Lane, Connie Nielsen, J. K. Simmons…
Scénario : Chris Terrio, d’après une histoire de Chris Terrio, Will Beall et Zack Snyder, d’après les personnages créés par Gardner Fox, Bob Kane, Bill Finger, William Moulton Marston, Jack Kirby, Joe Shuster et Jerry Siegel.
Musique : Junkie XL.

Crédits photos : Warner Bros

Le film est pour le moment disponible en VOD à la vente ou la location.

Bande-annonce