Pour ce nouveau billet billet d’humeur, retour sur des polémiques et interdictions absurdes qui n’ont pas lieu d’être.
IL EST INTERDIT D’INTERDIRE
Avons-nous atteint les sommets de la connerie humaine ou faut-il craindre, en ces temps merveilleux de pandémie, de confinements, de couvre-feux et d’attestations de sortie de plus hauts niveaux dans l’absurdité ? Non et oui.
Non nous n’avons probablement pas atteint les cimes de la bêtise universelle. Et oui nous pouvons sérieusement craindre d’autres étapes toujours plus glorieuses en matière d’imbécilité.
Certes, le sujet que j’aborde ici n’a pas de rapport direct avec la situation de crise sanitaire que nous traversons cahin caha. Monde d’avant ou d’après, il est ici en partie question de cet outil à la fois prodigieux et dangereux qu’est le web. Et ses armes de prédilections que sont les réseaux sociaux.
Il y a quelques temps, une surprenante polémique faisait parler d’elle : un personnage de dessin animé, Pépé le putois – création moqueuse des cartoonistes américains des années 50 à l’égard des français – était purement et simplement écarté des programmes, références et autres clins d’œil pour… incitation au viol !

Nous parlons bien ici d’un personnage de fiction. Et qui plus est, d’un personnage totalement imaginé, dessiné et animé pour devenir un héros comique de cartoons !
Le public d’aujourd’hui est-il devenu à ce point rachitique du bulbe pour ne plus être capable de faire la différence entre fiction et réalité, entre la fantaisie d’un dessin animé et la cruauté du monde réel ? Apparement oui.
Après cette « affaire d’état », c’est au tour du BLANCHE NEIGE ET LES 7 NAINS de Disney d’être la cible des petits « gardiens du Temple » de la bonne conduite : cette fois, c’est le Prince Charmant de la fin du récit qui est accusé d’embrasser l’héroïne… sans son consentement !

C’est vrai que, en ces temps où l’information nous abreuve de catastrophes régulières, de guerres interminables et de faits divers sordides à chaque seconde, remettre en cause un conte qui remonte à plusieurs siècles est une priorité absolue !
N’oublions pas nos chères têtes blondes, si innocentes bien qu’abreuvés de récits d’aventures agressifs, de dinosaures belliqueux et autres super-héros aux baffes titanesques face à l’audace incommensurable de ce « prince pervers ». En voilà une intolérable situation !
Plus sérieusement, quel est donc ce monde où la vase de l’âme humaine s’impose comme l’ultime vertu de l’humanité ? Où en sommes nous pour interdire ou formater ce que certains jugent immoral et responsable des maux actuels ?
Il y a, c’est certain, des images qui nécessitent de la réflexion, du recul et probablement de bonnes connaissances culturelles. Mais un putois ou un prince de cartoon n’ont certainement jamais été à l’origine de crimes atroces et de perversions psychologiques, au point de les remettre en cause, voire de les dissoudre dans la fameuse « trempette » des aventures de Roger Rabbit…
Face à cette escalade de l’abrutissement du monde par l’interdiction et le boycott sans autres alternatives, les fictions d’hier sont-elles en « danger » ? Un simple mégot jeté à terre par un flic de fiction sera-t-il numériquement effacé voire remplacé ? Les poursuites en voiture infernales (oui je connais mes classiques télés…) pourront-elles dépasser le 30km/h en ville ? James Bond pourra-t-il encore prendre l’avion pour combattre Blofeld à l’autre bout de la planète sans être accusé de crime contre l’humanité et la biosphère ?
« Est-ce que ce monde est sérieux ? » chantait le troubadour moustachu aux cailloux usés sous la poussière du chemin de la route. Non, ce monde est absurde. Chaque jour, chaque heure, chaque minute nous le prouve un peu plus.
Si les contes et légendes classiques sont très certainement remplis de messages et de morals à l’attention des jeunes et même des moins jeunes, chercher la « petite bête » là où elle n’existe pas n’a rien d’un signe de progrès. Ni d’intelligence.
Un putois ou un prince de fiction, de cartoon, n’ont jamais été à l’origine d’un esprit dérangé, d’un pervers ou même d’un geste plus que déplacé. Au lieu de trouver de pseudos bouc-émissaires, il est plus que temps de trouver de vrais solutions face aux vrais problèmes de notre joyeuse société.