Au programme de cette 52ème chronique rapido : une énième comédie bobo romantico-parisienne, un conte de Noël en mode horrifique et une comédie fantastique inédite en France.
ÉLÉONORE de Amro Hamzawi (2020)
De nos jours, Éléonore (Nora Hamzawi) est une trentenaire dépressive, rêvant d’une grande carrière littéraire sans y parvenir. Face à son entourage qui se désespère de la voir baisser les bras, elle trouve un emploi dans une maison d’édition spécialisée dans les romans érotiques…
Un film français, bénéficiant de l’avance sur recettes du CNC, réalisé par le frère de l’actrice principale qui en est aussi la productrice… En bref, ÉLÉONORE est un nouvel exemple de production cinématographique hexagonale suivant une route désormais classique, pour un résultat sans ambition, tout en alimentant l’éternelle plainte du manque d’intérêt du public pour un cinéma bien de chez nous.
Ou du moins « bien parisien ». ÉLÉONORE est une création destinée à un petit groupe, résidant essentiellement sur la « Capitale », se posant d’éternelles questions sur le pourquoi / comment de l’existence tout en se déplaçant en trottinette électrique. J’en fait des tonnes ? C’est bien probable. Mais à qui la faute ?
Dans le même esprit que le récent (et pénible) GARÇON CHIFFON, ÉLÉONORE est un film de « coup de bol ». Soit l’œuvre auto-centrée d’une actrice, Nora Hamzawi, ayant acquis une petite notoriété après des passages se voulant humoristiques dans une émission télé tendance (Quotidien) et s’imaginant que son simple nom – et celui de son frangin à la réalisation – suffirait à conquérir le public. Ce qui ne fut pas le cas.
La faute à une sortie en salles en pleine pandémie ? Peut-être. Ou tout simplement à un récit vide d’intérêt. Je pourrais vous expliquer poliment que je ne corresponds pas à la cible. Mais dire d’ÉLÉONORE qu’il est avant tout un film de filles pour les filles serait franchement réducteur.
ÉLÉONORE ne vaut simplement pas le coup d’œil. Même lors d’une diffusion sur le câble pour se faire une idée, je le confirme. Sous BRIDGET JONES pour bobos, le film ne fait ni rire, ni pleurer, ni ressentir la moindre émotion. Si ce n’est un ennui profond et sincère.
KRAMPUS de Michael Dougherty (2015)
Alors que sa famille désunie passe les fêtes de Noël chez ses parents (Toni Collette et Adam Scott), le jeune Max (Emjay Anthony), excédé de subir à nouveau une ambiance détestable en pleine période festive, se jure de ne plus participer à aucun Noël. Mais une violente tempête de neige et de glace s’abat sur son quartier, annonçant l’arrivée du Krampus, un être monstrueux et maléfique…
Dans certaines légendes folkloriques d’Europe, le Krampus est une créature diabolique, opposée à Saint Nicolas et venant punir les mauvais enfants. Monstre de légende – je reconnais volontiers avoir découvert cela en effectuant des recherches sur le film – ce personnage avait tout, visuellement et scénaristiquement parlant pour intéresser l’univers du cinéma.
Réalisé en 2015 mais inédit en salle chez nous, KRAMPUS se situe entre la comédie grinçante et le film d’horreur pur, dans l’esprit des GREMLINS. Soigné et provoquant une angoisse certaine, il n’est toutefois pas recommandé pour de trop jeunes enfants.
Interprété par un casting efficace mais peu connu (voire pas du tout connu) en France mis-à-part Toni Collette (MURIELLE, IN HER SHOES, LE 6ème SENS…), le film procure une bose dose de frissons tout en amenant un amer constat sur les « obligations » festives et familiales de fin d’année.
Période mi-figue mi-raisin où l’ambiance de « joie forcée » côtoie trop souvent les réunions d’une famille que l’on n’a pas choisi (air connu), le film distille un petit message bienvenu sur ce que représente encore aujourd’hui Noël et les liens familiaux, sans pour autant se prendre pour une thèse psycho-sociale.
Entre épouvante, humour vachard et conte, KRAMPUS mérite d’être vu, surtout si vos enfants sont insupportables…
LA VILLE FANTÔME de David Koepp (2008)
Bertram Pincus (Ricky Gervais) est un dentiste new-yorkais richissime et désagréable. Acariâtre et haineux, il se retrouve soudainement capable de communiquer avec les morts après une intervention chirurgicale bénigne au cours de laquelle il tombe dans le coma…
Les diffusions du câble offrent parfois de bonnes surprises. Telle cette VILLE FANTÔME inédite en France, tourné par David Koepp, scénariste de JURASSIC PARK, LA GUERRE DES MONDES version 2005 ou SPIDER-MAN de Sam Raimi.
Moins célèbre pour ses films, Koepp met en place avec LA VILLE FANTÔME une agréable comédie fantastique, évoquant par moments GHOST sans les aspects trop mélodramatiques. En tête d’affiche, l’humoriste britannique Ricky Gervais – principalement connu chez nous pour les séries THE OFFICE et AFTER LIFE – interprète un personnage très déplaisant mais amené, par la force des choses, à évoluer dans ses relations avec les autres.
Entouré des acteurs Greg Kinnear (LITTLE MISS SUNSHINE) et Téa Leoni (DEEP IMPACT, BAD BOYS) dans les rôles d’un mari défunt et de son épouse, son personnage devient capable de voir les morts et de communiquer avec eux, quel que soit l’endroit incongru où ils le harcèlent !
La belle idée du film vient d’une notion originale, du moins je le pense : là où de nombreux récits du même genre évoquent la notion de regrets poussant les défunts à hanter le monde réel, LA VILLE FANTÔME nous dit en substance que les remords bloquant les disparus ne viennent pas d’eux… mais de ceux qui restent, des vivants qui subsistent en se rongeant l’esprit de 1001 fautes soit-disant impardonnables.
Concept intéressant qui n’empêche pas le film de faire rire et sourire pour ses scènes incongrues puisque l’anti-héros du film se retrouvent constamment harcelés par les fantômes de New-York qui ont tant de requêtes à lui demander ! Film sympathique servi par de bons acteurs, LA VILLE FANTÔME invite à la réflexion derrière les gags et l’émotion.