KAAMELOTT : PREMIER VOLET d’Alexandre Astier

L’HISTOIRE

En 484 après J.-C, dix ans après avoir laissé le royaume de Logres entre les mains de Lancelot (Thomas Cousseau), qui y fait régner la terreur, Arthur Pendragon (Alexandre Astier) est recherché par des mercenaires alors que tout le monde le croit mort. La résistance tente de s’organiser pour renverser Lancelot alors que Dame Guenièvre (Anne Girouard) est retenue prisonnière en haut de la tour du château en ruines du roi Ban…


LA VENGEANCE EST UN PLAT QUI SE MANGE SANS SAUCE

Avant de me traiter de « mécréant », de me pendre par les pieds au dessus d’une cuve d’huile bouillante ou de m’éjecter au loin à l’aide d’une catapulte, je tiens à préciser une chose aux « gardiens du temple kaamelotiens » : je ne suis pas un fan infaillible de la série KAAMELOTT. J’aime beaucoup cette saga, je l’adore même. Mais pas au point de connaître par cœur et sur le bout des doigts chaque terme, chaque nom, chaque lieu et autres détails de la légende Arthurienne.

Comme beaucoup j’imagine, j’ai vu il y a (bien) longtemps EXCALIBUR de John Boorman – film qui a imposé une certaine image des chevaliers de la Table Ronde et qui a plutôt mal vieilli, à mon humble avis – et même, au début des années 2000, LE ROI ATHUR avec Clive Owen dans le rôle titre, film qui sans être un chef d’œuvre proposait une approche « réaliste » de la légende.

Pour ce qui est de la saga d’Alexandre Astier, je connais très bien certains épisodes, les répliques cultes – « on en a gros », « c’est pas faux »… – et la plupart des personnages. Mais je ne fais pas partie de ceux qui iront voir le film plusieurs fois de suites et iront au prochain Comic Con en armure rutilante. Voilà, c’est dit, c’est fait.

À ses yeux comme pour ceux du public qui le suit depuis une vingtaine d’années maintenant, l’idée de transposer l’univers qu’il avait créé dans un long-métrage apparaissait comme une suite logique pour Alexandre Astier. Initiateur de KAAMELOTT, réalisateur, scénariste et compositeur de la musique de KAAMELOTT, le personnage fascine comme il peut irriter par ses aspects « omnipotent ». C’est en tous les cas ce que je pensais de lui en découvrant la saga.

Mais cet artiste complet est si doué dans de multiples domaines qu’il aurait tort de s’en priver. Et sans me comparer à lui, pour travailler moi-même dans certaines branches créatives depuis quelques années maintenant, je sais combien il est (très) difficile de travailler sur des projets artistiques en groupe, entre parfait inconnus et même entre amis (la seconde option étant sans doute la pire) tant les « luttes d’égos et les « divergences artistiques » amènent souvent à la catastrophe.

Pour en revenir à KAAMELOTT, je dois reconnaître que je n’ai pas accrocher à la série depuis ses origines. J’observais, curieux et décontenancé, des connaissances et amis en discuter autour de moi avec de grands rires et une complicité qui me rendait envieux, sans comprendre un traître mot de ce qu’ils évoquaient, agacés par certains d’entre eux que j’imaginais volontiers se taper sur la tronche le week-end dans des tournois reconstitués, hurlant « Mongeois », « Ventre-Saint-Gris » ou « Par la malepeste » en engloutissant goulûment des litres de cervoise tiède.

En aparté, je ne comprends pas ce besoin chez certains de mes congénères d’exprimer sans retenus leur masculinité par le foot, en se vautrant dans leur vomi après des soirées de biture, en se déguisant en Klingons après un marathon STAR TREK ou en s’entraînant au maniement du sabre-laser. Je suis resté un grand enfant, c’est vrai. J’adore STAR WARS et Spock, ça n’est pas incompatible. Mais être un homme n’est pas qu’une question de connerie. Fin de la paranthèse.

KAAMELOTT ne m’inspirait pas grand chose à vrai dire. J’ai pris le « train » en marche, ne riant devant aucun épisode ou souriant à peine, perplexe devant ces personnages qui passaient leurs temps à s’énerver pour un rien, à s’engueuler sans raisons. Jusqu’à je décide de reprendre la série depuis le début. Et c’est là que la magie s’est opérée.

Sans réels côtés feuilletonnant – du moins au début – KAAMELOTT nécessite de connaître la situation globale du récit et surtout ses personnages pour savourer, rire et jubiler devant cette histoire détournée d’un roi Arthur placé là sans le vouloir, marié à une femme qu’il n’aime pas, furibond devant la bande de bras cassés qui l’entoure et au final de plus en plus dépressif.

Comme pour de nombreuses et nombreux amoureux de la saga, je me suis mis à frémir en entendant le son de la corne annonçant le début d’un épisode. Et j’ai à nouveau ressenti cela en découvrant ce PREMIER VOLET en salle.

Dans sa globalité, ce KAAMELOTT est une réussite avec toutefois des défauts. L’histoire est une suite logique des 6 livres de la série. Et nécessite peut-être un nouveau visionnage, en particulier des deux dernières saisons, pour pleinement apprécier le film.

La grande majorité des principaux personnages sont là. Et on peut imaginer que ceux que l’on n’a pas vu ici reviendront dans un prochain volet, Astier ayant envisager une trilogie à la manière du SEIGNEUR DES ANNEAUX et, plus encore, de STAR WARS. Car ça n’est pas une découverte : le créateur de KAAMELOTT est un grand fan de la saga de tonton George. Ce PREMIER VOLET y fait souvent référence – comme c’était déjà le cas dans la série – ne serait-ce qu’à travers le personnage de Lancelot, fidèle chevalier tombé du « côté obscur » et devenu un tyran à la Dark Vador.

Son costume en peau de dragon blanc, aux limites du ridicule voulue ou non, lui donne toutefois cette rigidité nécessaire. Et sa garde rapprochée, toute de blanc vêtue, n’est pas sans évoquer les fameux Stormtroopers de l’Empire. L’épée Excalibur garde ses aspects de sabre-laser, déjà illustré dans la série. Quant à la musique, belle composition du maître Astier, elle s’envole très souvent vers des sommets Williamsien.

Chaque personnage de la série connaît une belle réintroduction, ni trop longue ni trop courte. Et les « petits nouveaux » sont suffisamment mis-en-place pour que l’on ait envie de les retrouver dans de nouvelles aventures.

Les dialogues font à nouveau mouche, avec cette verve à la Audiard qui faisait déjà l’un des attraits principaux de la série. Certains dialogues méritent au moins une seconde vision du film. Et il est sûr que des répliques comme « la vengeance est un plat qui se mange sans sauce » sont déjà connus du plus grand nombre…

Toutefois, et cela n’engage que moi, KAAMELOTT : PREMIER VOLET n’évite pas les longueurs. Sur deux heures de film, il m’a fallut attendre les 2/3 du récit pour l’apprécier pleinement. Sans rien dévoiler, le moment où Arthur et sa « bande » arrivent à la tour pour délivrer Guenièvre m’est apparu comme le véritable « décollage » du film.

Certains rôles me semblent quelque peu anecdotiques, comme celui de Sting qui fronce le sourcil et sourit d’un air narquois comme dans le DUNE de David Lynch. À ce propos, si Alexandre Astier pouvait lui offrir un meilleur coach en français. Le chanteur n’a toujours pas fait de progrès et certaines de ses répliques mériteraient vraiment des sous-titres…

Si l’ensemble de ce PREMIER VOLET est très soigné quant à la photographie (signé Jean-Marie Dreujou), aux décors (de Denis Seiglan) et aux costumes (superbes créations de Marylin Fitoussi), certains effets spéciaux ne sont pas dignes d’un long-métrage, même français. La séquence de bataille finale, même si elle est saupoudré d’humour, aurait mérité plus d’ampleur et une belle finition des sfx.

Par delà les gags et l’humour bien présent, KAAMELOTT : PREMIER VOLET comprend son lot d’émotion avec les vraies retrouvailles Arthur / Guenièvre, par exemple, où les séquences très touchantes de flashbacks qui nous permettent de découvrir de nouveaux aspects de la jeunesse d’Arthur.

Au final, ce PREMIER VOLET m’a beaucoup plu. Le passage du petit au grand écran est plutôt réussi, même si, il me semble, les scènes de dialogues se prêtent mieux à l’exercice d’une série d’épisodes qu’à un long-métrage. Certaines longueurs sont à déplorer. Mais on peut mettre ce fait sur le dos d’un premier film « d’exposition ». Un vrai bon divertissement cinématographique dans sa globalité, respectueux du public, loin des traditionnels franchouillardises sur  de pauvres trentenaires parisiens en mal d’amour. Pour ma part, j’attends la suite. sans impatience mais avec envie.


KAAMELOTT : PREMIER VOLET d’Alexandre Astier (2021)
Avec Alexandre Astier, Thomas Cousseau, Anne Girouard, Lionnel Astier, Franck Pitiot, Audrey Fleurot, Sting, Jacques Chambon, Christian Clavier, François Rollin, Antoine de Caunes, Caroline Ferrus, Guillaume Briat, Jenny Beth, Alain Chabat, Alain Chapuis, Jean-Christophe Hembert, François Morel, Guillaume Gallienne, Clovis Cornillac…
Scénario : Alexandre Astier. Musique : Alexandre Astier.

Crédits photos : © SND – Société nouvelle de distribution


BANDE-ANNONCE
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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Je ne suis pas une inconditionnelle de la série (vraiment pas), mais j’avoue avoir été très déçue par le film malgré tout. Contrairement à vous, j’ai été charmée par les scènes du début, par Chabat et Cornillac entre autres, et j’ai ensuite attendu la fin du long-métrage, espérant des gags et des sourires qui ne sont pas arrivés…

    J’aime

    1. Alors, je ne dis pas que le début du film est totalement mauvais. J’aime beaucoup moi aussi Chabat et Cornillac, impeccables tous les deux dans leurs scènes respectives… Mais j’ai trouvé toute cette partie d’introduction / mise-en-place un peu trop longue. Après, je pense que ce qui m’a plus dans le dernier tiers du film, c’est ce retour vers l’esprit de la série. Si comme vous me le dîtes vous n’êtes vraiment pas une fan de la série tv, c’est, je crois, logique et bien normal que toutes ces scènes ne vous aient pas interpellées.

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