L’histoire
L’évocation de l’antenne française d’un journal américain singulier et de son personnel, installés dans la ville française d’Ennui-sur-Blasé, par le biais de 3 articles pittoresques : un criminel devenu artiste-peintre réputé; une révolution étudiante qui tourne au jeu d’échecs; et enfin un enlèvement qui se résout dans la gastronomie…
Livre d’images
Un film de Wes Anderson ne se raconte pas. Il se ressent. Lorsque sa projection commence, vous retrouvez cet émerveillement lié à l’enfance, lorsque vous découvriez un livre d’images fascinant et coloré, où chaque page tournée vous faisait écarquiller les yeux, avec ses pop-ups et ses « effets magiques ».
Ici, les mots vous entraînent dans un tourbillon de récits tragi-comiques, absurdes, décalés et poétiques. Quant aux images, chacune d’elle est soignée jusqu’au moindre détail. Chaque composition projetée à l’écran nous rappelle l’apprentissage artistique du cinéaste. Et son style si personnel. Sans oublier les références comme cette évocation de l’univers de Jacques Tati.
THE FRENCH DISPATCH ne déroge pas à la règle. Situé dans une époque incertaine – le milieu des années 70 est évoqué mais on est projeté aussi entre l’après guerre et les années 50/60 – dans une cité imaginaire mais si « Parisienne », ce nouveau Wes Anderson est encore le prétexte savoureux pour évoquer une galerie de personnages délirants mais hors-normes, touchants à force de défauts et de comportements étranges.
On retrouve également dans ce film l’amour certain d’Anderson pour l’Europe et, plus particulièrement, pour la France. Un attachement sincère qui s’accompagne toutefois d’une belle ironie et d’étonnement face à ce « petit pays fier » où les choses se résolvent souvent autour d’un repas (non, ce n’est pas le nouvel Astérix…) ou dans l’amour.
La France de THE FRENCH DISPATCH a tout d’une carte postale sépia, remplie de clichés totalement assumés, burlesques et tendres, mordants mais jamais méchants. On y porte le béret, on y prépare des « plats policiers » (!) et on y affronte les autorités à grand renforts de tournois d’échecs !
Certaines séquences se transforment parfois en scènes d’animation, au style « ligne claire ». Et le casting est certainement l’un des plus impressionnants du moment, entre rôles essentiels et participations fugaces : Bill Murray, Benicio del Toro, Adrian Brody, Tilda Swinton, Timothée Chalamet, Willem Dafoe, Bob Balaban, Henry Winkler, Mathieu Amalric, Jeffrey Wright…
Certains acteurs n’ont que quelques mots, voire un simple caméo, quand d’autres prennent une place importante dans ce film à sketches.
Comme vous l’aurez compris je pense, ce FRENCH DISPATCH m’a emballé, bien que je lui préfère THE GRAND BUDAPEST HOTEL ou LA VIE AQUATIQUE du même Anderson. Cinéaste qu’il est toutefois préférable d’apprécier si vous ne souhaitez pas être trop décontenancés par le film…
THE FRENCH DISPATCH (2021) de Wes Anderson.
Avec Bill Murray, Benicio Del Toro, Tilda Swinton, Jeffrey Wright, Owen Wilson, Adrian Brody, Frances McDormand, Mathieu Amalric, Willem Dafoe…
Scénario : Wes Anderson. Musique : Alexandre Desplat.
Crédits photos : © Searchlight Pictures / The Walt Disney Company France