Des espoirs et déceptions #30

Retour de la MFE (pour Mauvaise Foi Evidente) sur le blog. Et petit coup de gueule sur notre cher cinéma national qui n’en finit plus de tendre le bâton pour se faire démolir la tronche. Explications.

THRILLER SOCIAL

Alors qu’un conflit près de chez nous – encore un – nous fait à nouveau douter de l’intelligence humaine, et de sa réelle nécessité dans ce monde qui n’en voulait pas tant (demandez à l’agent Smith l’image qu’il a de l’espèce humaine…), supplantant dans les médias un putain de virus dont on n’a pourtant pas fini d’entendre parler, un film français fait la une des émissions « branchées » de début de soirée (« access prime time », ça se dit encore ?).

L’actrice qui vient faire le service après-vente, grand sourire et politesse d’usage, est couverte de louanges, de mots gentils et d’appréciations en tous genres. On se dit que son César, l’an prochain, elle va l’avoir… ou pas ! C’est vrai, elle l’a déjà eu en 2021. Faudrait quand même pas abuser, quoi…

L’actrice en question, Laure Calamy, fut une sorte de révélation pour cette presse française « exigeante » – des noms, des noms : Télérama, Les Inrocks, Libération, So Film, La 7ème Obsession…- à la sortie d’ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES, film gentil qui se déroule… dans les Cévennes à la poursuite « tellement ébouriffante » d’une bobo parisienne en contact brutal avec la nature. Si si, en France, ça peut faire un film. Même aujourd’hui.

Je l’aime bien ceci dit, Laure Calamy, Elle a beaucoup de charme et reste plutôt vraie par rapport à ses concu… collègues du cinéma français intransigeants. Son dernier film qui lui fait faire toutes les émissions télé « nécessaires » et cette presse « utile » s’appelle À PLEIN TEMPS et narre les déboires d’une jeune femme, élevant seule ses enfants, travaillant comme femme de chambre dans un palace parisien et risquant de perdre l’opportunité d’un nouveau travail à cause de la grève des transports.

La France. Ses grèves. Le quotidien du métro-boulot-dodo. Une mère courage qui subit la vie en essayant de ne pas sombrer. Pour une place entre 8 et 14€, alors qu’il n’y a qu’à jeter un œil aux infos pour avoir un état des lieux de la vie en 2022. Et pourtant, les passeurs de plats des médias nous parlent déjà d’œuvre « exigeante » et de « thriller social ».

« C’est pas grave » doivent se dire quelque part des grosses huiles de l’avance sur recette, des patrons de chaînes télé ou d’autres producteurs. « Si le film ne marche pas, il passera dans quelques temps sur Canal. Et dans 2/3 ans sur France 3 ».

Les pignoufs. Leur thriller social, j’en ai un aperçu d’environ une heure dans le bus puis dans le métro, chaque jour de la semaine et deux fois par jour. Entourés de gens gris mais courageux – pour la plupart du moins – et de tous les âges. Leurs existences ne donneraient sûrement pas l’amorce d’un film, pas plus que la mienne. Mais comparer ces vies à du thriller social les rendraient au mieux désabusés, au pire dégoutés qu’on se foute de leur gueule de la sorte !

Entre un Ducobu 23, Les Nouvelles Blagues De Toto et d’autres dauberies estivales, le Cinéma Hexagonal sérieux doit bien vivre d’une façon ou d’une autre, braves gens. Même si pour cela on continue de nous faire bouffer jusqu’à écœurement des projets peu attitrants pour de futurs chefs d’œuvre

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