Piqûre de rappel grâce à Cinetrafic et l’éditeur Universal Pictures France/MGM avec MOURIR PEUT ATTENDRE de Cary Joji Fukunaga.
L’HISTOIRE
Retiré des services secrets de sa Majesté après son affrontement avec Blofeld (Christoph Waltz), James Bond (Daniel Craig) coule des jours paisibles en compagnie de Madeleine Swann (Léa Seydoux). Mais un lourd secret concernant cette dernière bouleverse cette retraite paisible… 5 ans plus tard, l’agent de la CIA Felix Leiter (Jeffrey Wright) demande à Bond de l’aider à récupérer un scientifique enlevé. L’ex 007 va devoir affronter l’inquiétant Safin (Rami Malek)…
LA CRITIQUE
Il y a des signes et des sons qui ne trompent pas. Dès le début de MOURIR PEUT ATTENDRE et jusqu’à la fin du film, la bande originale de Hans Zimmer laisse entendre plusieurs références à celle que John Barry composa il y a 50 ans pour AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTÉ.
Nous voilà prévenu : cet ultime opus de Daniel Craig dans le rôle de James Bond sera teinté de nostalgie, de douleur et de tristesse. La fin et la suite logique de ce qui a commencé 15 ans plus tôt avec CASINO ROYALE.
Lorsque le 1er film de ce qu’on nomme désormais « l’ère Daniel Craig » est sorti en 2006, personne – ou presque – ne croyait en l’acteur dans la peau de 007. Votre humble serviteur y compris. Mais je me souviens avoir été bluffé dès les premières minutes de CASINO ROYALE, lors du combat d’introduction en noir et blanc, et m’être ravisé.
CASINO ROYALE est vite devenu l’un de mes Bond préférés. Et Daniel Craig l’un de mes acteurs favoris sous le smoking de l’agent 007. Aujourd’hui encore, certains fans « hardcore » rejettent l’évolution du personnage depuis 2006, tout comme ils n’acceptent pas Craig et les films de sa période. Je ne vais pas revenir sur le sujet, j’en ai déjà parlé sur ce blog : les fans en général sont des « fanatiques » et ceux de la franchise 007 – du moins les plus inflexibles et les plus rigoureux – n’acceptent aucun changement, au risque de prendre un méchant coup de vieux comme certains opus de la série.
Avec MOURIR PEUT ATTENDRE, ils vont être gâtés ! Barbara Broccoli et Michael G. Wilson, responsables actuels de la saga et à la tête de EON Productions, ont ici poussé les curseurs du changement au plus haut niveau. Au risque – oui oui, je pèse mes mots – de provoquer le rejet (Moore… moui bon…) des pénibles « gardiens du temple », bloqués dans la nostalgie de leur enfance.
C’est vrai, le James Bond de Ian Fleming, dont les romans avaient été publiés au début des années 50, était un agent secret qui se lavait les dents à la vodka-martini, butait pour un oui pour un non et enchaînait les conquêtes à la chaîne.
Depuis Dr NO en 1962, chaque acteur a imprégné de sa personnalité le personnage. Le 007 de Sean Connery est différent de celui de Roger Moore comme le Bond de ce dernier n’a rien à voir avec celui de Timothy Dalton, Pierce Brosnan et même George Lazenby (le seul qui n’a interprété le personnage qu’une fois).
Daniel Craig a imposé un James Bond différent, plus brutal mais plus sensible également. Plus violent aussi mais en phase avec son époque, notre époque hélas. Mais « son Bond » est plus attachant, plus ancré dans une certaine réalité, plus proche de nous en quelque sorte. Un choix délibéré des producteurs de la plus longue franchise cinématographique encore existante. Série qui a toujours voulu s’adapter, être en phase avec son temps au risque de ne pas plaire à tout le monde.
Dans ce sens et à mon humble avis, MOURIR PEUT ATTENDRE est réussi. L’action et les scènes de bravoure y sont multiples (dont le passage pré-générique spectaculaire et novateur). Les gadgets, l’humour pince-sans-rire, l’exotisme, les affrontements et l’élégance y trouvent leurs places. Mais le film prend en seconde partie une direction inattendue pas inintéressante pour qui aime être « extirpé(e) » de ses habitudes et d’une certaine routine.
Pour ma part, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir enfin – et en avant-première – cet ultime opus de Daniel Craig. Les 2h45 du film ne m’ont absolument pas gêné, malgré l’étrange impression que tous les critiques du film, pros ou non, se sont donnés le mot pour ne pas les avoir supportées.
Pour une fois, Hans Zimmer ne fait pas que de « l’habillage sonore » (comme pour DUNE) et s’adapte avec une certaine efficacité aux « canons » Bondiens. Le personnage de Rami Malek prend une dimension physique et psychologique inquiétante, tout en avançant certains arguments « défendables » – toute proportion gardée – et le récit même du film a des connotations troublantes avec notre époque de pandémie.
On peut regretter, c’est vrai, que les personnages de Lashana Lynch et Ana de Armas semblent avoir été « sacrifiés » sur l’autel du montage ou de la réécriture du scénario. Là, on peut effectivement se poser quelques questions, compte tenu de la longueur du film…
Quant à la fin, sachez, si vous n’avez pas vu le film, qu’elle pourra vous choquer, vous dévaster ou vous mettre en colère, comme ce fut le cas à la sortie du film dans les salles. Le blog ne s’est pas fait une spécialité dans le spoiler. Et je suppose qu’à l’heure d’aujourd’hui, tout le monde – ou presque – la connait. Pour ma part, c’est une belle façon de quitter le smoking, même si c’est assez brutal.
Trois questions se profilent alors, parmi tant d’autres. Puisque le générique de fin annonce que « James Bond reviendra… », quel sera le titre du prochain film ? Mais surtout, qui en sera le nouvel interprète ? Et quelle direction prendre après l’ère Daniel Craig ? Espérons juste qu’il ne faille pas attendre 6 ans pour obtenir des réponses…
MOURIR PEUT ATTENDRE de Cary Joji Fukunaga (2021)
Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Jeffrey Wright, Ana de Armas, Ralph Fiennes, Ben Wishaw, Naomie Harris, Rory Kinnear…
Scénario : Cary Joji Fukunaga, Neal Purvis, Robert Wade et Phoebe Waller-Bridge.
Musique : Hans Zimmer.
Crédits photos : © EON Productions / MGM / Universal Pictures
MOURIR PEUT ATTENDRE est édité chez Universal Pictures France/MGM en Blu-Ray, 4K UHD, DVD et coffret collector depuis le 16 février.
Retrouvez MOURIR PEUT ATTENDRE sur le site Cinetrafic.