Au sommaire de ce 54ème billet rapido : une suite de trop, une rareté et une suite tardive mais réussie. C’est parti !
MATRIX RÉSURRECTIONS (2021) de Lana Wachowski
De nos jours à San Francisco. Thomas Anderson, le créateur d’un célèbre jeu en 3 parties nommé… Matrix, est perturbé par les visions d’un univers parallèle. En quête de réponses, il va comprendre que ses rêves sont bien réels…
Les meilleures choses devraient avoir une fin, même au cinéma. Depuis quelques temps, le cinéma Hollywoodien prend plaisir à nous replonger dans les franchises passées : GHOSTBUSTERS, STAR WARS, ALIEN… On sait hélas, avec le recul, combien ce but purement mercantile donne rarement de bons résultats.
Pour être franc avec vous, je ne suis ni un fan de la saga MATRIX, ni un fan des sœurs Wachowski. Le 1er MATRIX m’avait beaucoup plu (et me plaît encore) et leur premier film, BOUND, un polar sulfureux et soigné, m’avait vraiment emballé. Mais je n’ai jamais accroché aux suites de MATRIX. Entre récits peu convaincants, acteurs figés, dialogues souvent ineptes et philosophie digne du Reader’s Digest, j’ai toujours eu le sentiment que les réalisatrices avaient tourné ces suites sans trop savoir où aller, poussées par la Warner à faire un succès commercial (trop) attendu.
Ce qui me gêne le plus dans le cinéma des Wachowski, ce sont les excès mal contrôlés. Les scènes de karaté-baston n’en finissent plus. La violence prend toujours les mêmes représentations graphiques – ralenti, grimpettes de murs dans des couloirs, expressions figées des acteurs, etc… – et tout se termine dans un dégoulinant déballage de bons sentiments naïfs et sucrés, dans l’esprit : « L’amour, c’est ce qui a de plus beau ! »
Or donc, près de 20 ans après la fin de la saga MATRIX, un nouveau film est arrivé. Suite pas vraiment utile si ce n’est pour faire plaisir aux accrocs et remplir les caisses de la Warner. Et des 2 sœurs. Sauf qu’ici, c’est Lana qui s’y colle toute seule. Rien de bien nouveau. On s’y prend toujours la chetron pour savoir si la réalité est bien réelle. On y gobe toujours des pilules de couleurs. On s’y jette dans le vide de manière christique et au ralenti s’il vous plaît… Bref, certains évoqueront le fameux fan service, si cher à notre joyeuse époque. D’autres vous diront qu’ils sont ravis.
Carie-Anne Moss et Keanu Reeves ont rempilé. Leurs retrouvailles apportent quelques touches d’émotion et de nostalgie. On se dit qu’ils ont plutôt bien vieilli et on essaie de se souvenir ce que l’on faisait à la sortie du 1er film…
Un peu mince comme satisfaction pour un 4ème film qui s’amuse à critiquer le système des suites mercantiles tout en s’y complaisant sans regrets. Les fans de toujours seront aux anges. Les autres – comme moi – oublieront très vite l’incident.
L’OUTRAGE (1964) de Martin Ritt
Au temps du far-west, 3 hommes – un pasteur, un chercheur d’or et un joueur de poker – attendent un train dans une cabane isolée. 2 d’entre eux ont assisté au procès d’un bandit mexicain, jugé pour viol et meurtre. Les faits sont alors évoqués selon différents points de vue…
Un peu d’histoire du cinéma. Tourné en 1964 par Martin Ritt (TRAÎTRE SUR COMMANDE, NORMA RAE…), L’OUTRAGE est un drame psychologique, teinté de western, inspiré par RASHOMON, drame psychologique réalisé par Akira Kurosawa en 1950. Ce film de Kurosawa a donné son titre à un effet cinématographique, « l’effet Rashomon », lorsqu’il s’agit d’évoquer une même histoire sous différents points de vue.
Filmé en noir et blanc avec une star – Paul Newman – en tête d’affiche et dans un rôle à contre-emploi (un truand mexicain violent), cette rareté a le mérite de traiter d’un sujet universel et intemporel, nouvelle preuve que le Western permettait – et permet encore – d’aborder tous les récits, même les plus sensibles.
Autour de Paul Newman, Claire Bloom (LES FEUX DE LA RAMPE, LA MAISON DU DIABLE…) et Laurence Harvey (ALAMO, UN CRIME DANS LA TÊTE…) campent un couple « moderne » dans les relations empoisonnées qu’ils entretiennent. Tiennent-ils encore l’un à l’autre ? Le jeu des apparences sera mis à rude épreuve au cours du drame qu’ils vont endurer… et faire endurer !
Dans des rôles de second plan mais tout aussi important, le trio de témoins de cet « outrage » est incarné par des acteurs talentueux, dont William « Kirk » Shatner et Edward G. Robinson. Si le 1er a tendance à surjouer son personnage de pasteur écœuré par l’espèce humaine, le second est impeccable en joueur de cartes cynique et goguenard.
Si l’on peut reprocher à L’OUTRAGE ses aspects trop théâtraux (une poignée de personnages, 2 décors…), ce film / remake d’un classique du 7ème art vaut le détour pour sa manière sèche et sans effets superflus de traiter de sujets sensibles et complexes, toujours d’actualité.
TOP GUN : MAVERICK (2021) de Joseph Kosinski
De nos jours, un as de l’armée de l’air américaine est sorti de sa « pré-retraite » pour former une nouvelle génération de pilotes de chasse, élèves de la fameuse académie « Top Gun ». Ce retour aux sources sera pour lui l’occasion d’affronter un passé lourd de remords…
À sa sortie il y a presque 40 ans – 1986 si je me souviens bien… – TOP GUN était devenu le grand carton de l’univers, propulsant Tom Cruise et le regretté Tony Scott en haut de l’affiche. Blockbuster à l’esthétique 80’s, le film avait engendré une incroyable recrudescence d’inscriptions de jeunes Yankees au sein de la Navy. Quant à la BO du film, le tube « Take My Breath Awaayyyy » était le titre qui tournait en boucle sur la bande FM, accompagné d’un clip que l’on voyait partout. Normal, à l’époque il n’y avait que 4 chaînes télé, et une petite poignée d’émissions dédiées à ce « nouveau format » de découverte musicale. Toute une époque je vous l’dit…
Quand tous mes potes de lycée ne parlait que de TOP GUN… j’avais évité le film en salle et m’était endormi devant une séance de rattrapage en location VHS ! Oui, je suis un rebelle moi aussi. Quand j’veux.
Et pourtant, je suis allé voir cette suite que personne n’attendait vraiment, et qui donne envie aux Français de s’offrir des baptêmes de l’air pour « revivre » un peu la sensation de s’envoyer en l’air. Et je ne le regrette vraiment pas !
Teintée d’une nostalgie bienvenue, légèrement plus profonde (légèrement quand même…) que le 1er opus, cette séquelle du TOP GUN de 86 s’avère une agréable surprise en ce qui me concerne. Certes, le scénario tient sur un post-it. Les clichés sont de sortie – il a la moto, il est pilote, il aura la femme – et les images léchées (non, ça n’a rien de sexuel…) en mettent plein la vue.
Tout comme les impressionnantes séquences de vol réalisées, nous dit-on, sans sfx digitaux ou autre fond vert et avec les vrais acteurs (accompagnés de vrais pilotes quand même !).
TOP GUN : MAVERICK est un pur divertissement, décomplexé, comme on n’ose plus vraiment en faire de crainte d’être descendu par les petits gardiens du temple des réseaux sociaux. On s’évade le temps d’un film. On y réfléchit (un peu) sur le temps qui passe et n’épargne personne (ben oui !) et on est ému par les retrouvailles Tom Cruise / Val Kilmer, séquence où la réalité et la fiction se brouillent comme nos yeux.
Joseph Kosinski (TRON : L’HÉRITAGE, OBLIVION…) fait le job. On ressort de la séance plein de loopings dans la tête. Se divertir sans se prendre la tête, c’est aussi ça le cinéma.
Tom Cruise aura eu le nez creux avec cette suite car elle lui rapporte un pactole. En misant sur un spectacle grand écran, il faut du bien au cinéma d’antan, et aux exploitants de salles qui voient revenir (un peu) les spectateurs.
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